Sion: le futur des énergies s'écrit plus que jamais à l'EPFL

© 2018 Sabine Papilloud

© 2018 Sabine Papilloud

L'EPFL a inauguré vendredi matin un démonstrateur énergétique. Ce cycle de machines permet de stocker l'électricité produite par des panneaux photovoltaïques grâce à de l'hydrogène.

Voir l'article complet dans le Nouvilliste.

Le stockage. Cela peut paraître étonnant mais c’est l’enjeu majeur dans le domaine des énergies pour les années à venir. Pourquoi? Parce que selon les spécialistes, si le développement se poursuit comme actuellement -notamment grâce à la Chine qui produit de grandes quantités de panneaux photovoltaïques la puissance maximale des énergies renouvelables atteindra 18 térawatts en 2024 soit de quoi bientôt couvrir la demande mondiale. Exit dès lors les problèmes liés aux déchets nucléaires ou aux énergies fossiles. 

Sauf que si les énergies renouvelables ont l’avantage d’être propres, elles ne peuvent pas facilement être stockées. On ne peut pas utiliser la puissance du soleil en été pour se chauffer en hiver, l’électricité doit être envoyée sur le réseau lorsqu’elle est produite. 
Ce problème pourrait être résolu grâce à l’EPFL qui réalise d’importantes avancées sur son campus sédunois. Les chercheurs ont trouvé des solutions pour résoudre le dilemme du stockage mais cette innovation doit encore être perfectionnée afin de pouvoir l’appliquer au plus grand nombre.

Les pistes ont été présentées vendredi matin grâce à un démonstrateur à petite échelle. «L’idée centrale est de produire de l’électricité avec du photovoltaïque et de trouver le meilleur moyen pour la stocker», indique le professeur Andréas Züttel. 

Réduire les espaces de stockage

Avec des batteries, il faudrait des quantités gigantesques et les coûts prendraient inévitablement l’ascenseur. On estime par exemple à 400 tonnes de batterie et 3 millions de francs une installation pour une maison individuelle. L’EPFL a imaginé un système avec de l’hydrogène pour réduire ces volumes. Grâce à l’électrolyse, on transforme l’électricité en gaz qui peut être stocké via un système imaginé dans les laboratoires sédunois. 

«Cet hydrogène peut aussi être converti en hydrocarbures synthétiques qui sont ensuite utilisées comme des hydrocarbures conventionnelles», note le professeur Züttel. Il ajoute: «Ce procédé fonctionne avec du CO2. Il a donc l’avantage de réduire la quantité de ce gaz émis dans l’atmosphère».

Ca fonctionne, mais à petite échelle

Actuellement, toute cette chaîne énergétique complexe fonctionne dans les laboratoires sédunois mais à petite échelle. «Notre démonstrateur permet de calculer les rendements, les performances ainsi que les quantités stockées. Ces données nous permettent d’optimiser le système», explique le professeur. 

Les installations actuelles permettent de couvrir la consommation énergétique d'un petit ménage de deux personnes. L’idée est évidemment de proposer des systèmes plus grands mais il reste encore des étapes de développement et d'optimisation afin de proposer un système de stockage qui réponde à toutes les normes de sécurité et qui soit accessible financièrement.

À terme, les applications sont très nombreuses que cela soit pour les transports ou les habitations. L’EPFL ambitionne notamment de rendre la cabane des Dix dans le Val d’Hérens totalement autonome en matière d’énergie grâce au stockage de l’hydrogène. 

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Article paru dans Le Nouvelliste du 15 septembre 2018 et reproduit ici avec son accord.