Sion: il veut réorganiser les cerveaux atteints d'un AVC

© 2018 DR -  Le Nouvelliste

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Friedhelm Hummel, professeur à l’EPFL Valais Wallis et pionnier de la réadaptation après AVC, démarre un nouveau projet à la Clinique romande de réadaptation de Sion. A travers une approche novatrice, il désire apporter un traitement personnalisé à chaque patient.

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Les spécialistes l’appellent l’épidémie du XXIe siècle. Chaque année en Suisse environ 16 000 personnes sont victimes d’un accident vasculaire cérébral ou AVC. La guérison est possible, mais uniquement 20% des victimes recouvrent une vie normale. Le professeur Friedhelm Hummel de l’EPFL-Valais en a fait son cheval de bataille depuis plus de quinze ans. «La moitié des attaques arrivent à des personnes professionnellement actives. Avec notre travail, on peut améliorer la qualité de vie des patients et leur redonner la possibilité d’aller travailler», affirme-t-il.

Considéré comme une sommité mondiale de la réadaptation après AVC, il démarre cette semaine un nouveau projet novateur à la Clinique romande de réadaptation de Sion, un projet rendu possible grâce à une collaboration unique entre l’Hôpital du Valais, la Clinique romande de réadaptation et l’EPFL. Dans cette optique, il recherche une centaine de patients pour participer à son projet. 

Friedhelm Hummel travaille sur la neuro-réhabilitation des personnes atteintes d’un AVC depuis plus de quinze ans. Ici, il observe sur un écran l’activité de son cerveau.

Réorganiser le cerveau

Cet Allemand de 49 ans est titulaire de la chaire en neuro-ingénierie clinique de l’EPFL-Valais depuis 2016. Pionnier d’une méthode fondée sur la stimulation électrique et magnétique du cerveau développée au CHU Hambourg-Eppendorf, son système non invasif permet d’étudier le fonctionnement du cerveau des victimes d’un accident vasculaire cérébral.

Aujourd’hui, il désire faire un pas de plus. Avec le projet TiMeS, il espère aider le cerveau à se réorganiser après un AVC. Quand une route entre deux localités est coupée, la police met en place une déviation. Le travail du professeur Hummel suit la même logique. Après un choc, le cerveau est capable de se réparer, mais jusqu’à un certain point. Grâce à sa méthode de neuro-réhabilitation, le Hambourgeois d’origine veut encourager le cerveau dans son travail de réorganisation afin de reconnecter les zones du cerveau endommagées par un AVC. Le problème, c’est que les AVC sont très différents les uns des autres. 

«Le réseau développé ici à Sion constitue une collaboration unique»

Vers une médecine personnalisée

La première phase consiste à évaluer des patients durant une année. «Les patients viennent ici après une attaque et, grâce à différents tests, on étudie leurs fonctions moteur et cognitives. On renouvelle l’expérience plusieurs fois durant une année. Notre plan est de récolter des informations qui permettent de différencier les patients selon qu’ils se soient bien rétablis ou non et selon la forme de la zone concernée du cerveau.» Les tests sont constitués de plusieurs sous-projets de stimulation cérébrale, d’interface homme-machine, d’entraînements avec un robot et de réalité augmentée. Après deux ans de tests et de récolte de données, tous les résultats seront analysés par une intelligence artificielle. Les résultats permettront d’intervenir de manière totalement personnalisée sur le cerveau de chaque patient. 

Deux profils de patients sont recherchés: les victimes d’un AVC pour le projet TiMeS et des personnes du troisième âge en bonne santé pour une étude connexe appelée «Vieillir en bonne santé».

Un réseau valaisan unique

Ce projet développé conjointement par la CRR, les HVS et l’EPFL est unique en son genre et c’est une des raisons qui ont attiré le chercheur à Sion. «D’habitude, les hôpitaux non universitaires ne font pas de recherche, tandis que les hôpitaux universitaires ont principalement des cas particuliers qui ne représentent pas la population dans son ensemble. Le réseau développé ici à Sion constitue une collaboration unique et précieuse pour la recherche en réadaptation après AVC.» Le projet TiMeS, budgétisé à 3 millions de francs, est entièrement financé par le Domaine des EPF, réseau suisse d’une vingtaine d’établissements de recherche.