Qui sont les plus « verts » à l'EPFL ?

Au printemps 2018, un questionnaire a été envoyé à l’ensemble de la communauté EPFL (15 044 personnes), présenté comme une étude sur les habitudes de consommation en général. © 2020 EPFL

Au printemps 2018, un questionnaire a été envoyé à l’ensemble de la communauté EPFL (15 044 personnes), présenté comme une étude sur les habitudes de consommation en général. © 2020 EPFL

Les femmes et le personnel administratif et technique présentent le plus fort comportement pro-environnemental.

C’est dans les universités que se forment les futurs dirigeants et entrepreneurs. Des diplômés qui auront la responsabilité de contribuer à développer des technologies et des outils pour une société plus durable. C’est pourquoi le laboratoire HERUS, en collaboration avec des chercheurs de l’ETHZ, a voulu identifier les facteurs qui déterminent le comportement en faveur de l’environnement (PEB pour pro-environmental behavior) au sein d’une communauté universitaire, en l’occurrence celle de l’EPFL. Ont été pris en compte des facteurs objectifs tels que le statut (étudiant Bachelor ou Master, doctorant, collaborateur scientifique, professeur et personnel administratif et technique) et les filières. Les chercheurs y ont ajouté des variables psychologiques pour construire le modèle.

Au printemps 2018, un questionnaire a été envoyé à l’ensemble de la communauté EPFL (15 044 personnes), présenté comme une étude sur les habitudes de consommation en général. Le questionnaire comprenait 49 questions réparties en trois catégories : évaluation des comportements pro-environnementaux, facteurs d’influence et aspects structurels, sociologiques et démographiques. 1864 personnes de l’EPFL ont répondu à la totalité du questionnaire.

Le premier constat est que les femmes présentent une attitude nettement plus pro-environnementale que les hommes. « Des études précédentes ont déjà montré cette plus grande aptitude des femmes à des comportements favorables à l’environnement par exemple dans la consommation d’aliments bio », souligne Claudia Binder, directrice du laboratoire HERUS, doyenne de la faculté ENAC et co-auteur de l’étude. En matière de position, le personnel administratif et technique montre le plus haut niveau de PEB. Un résultat qui a surpris les chercheurs et qui pourrait s’expliquer par l’influence positive d’un milieu universitaire orienté vers la durabilité. « Pour ce groupe, les effets de la socialisation à l'EPFL sont des déterminants plus importants dans l’adoption d’un PEB que le niveau de formation en tant que tel », confirme Claudia Binder. 

Si l’on exclut le personnel administratif et technique, l’enquête révèle aussi une corrélation positive avec le niveau d’éducation qui suit les échelons de la carrière académique. Respectivement, les professeurs, postdocs et étudiants de Master se montrent plus enclins à un PEB que les étudiants de Bachelor. L’âge est aussi un facteur influent positif - la conscience écologique progresse avec les années - bien que faiblement. Enfin, sans surprise, les membres des sous-sections orientées vers les sciences et l’ingénierie de l’environnement et la durabilité ont des comportements nettement plus engagés que ceux des autres.

Verts et conséquents

« Outre l'analyse des différences entre les sections et les niveaux de carrière, un des principaux intérêts de l’étude était d'identifier les facteurs psychologiques qui influencent les comportements environnementaux positifs », rappelle la professeur. Pour construire leur modèle, les chercheurs ont donc couplé aux données structurelles et démographiques des variables psychologiques (l’identité verte, la promptitude à faire des sacrifices, le sentiment de contrôle comportemental, les normes subjectives, l'efficacité perçue, le sentiment de bien-être). L’enquête montre que la plus déterminante est l’« identité verte », suivi par la disposition à consentir des efforts et des sacrifices personnels pour l'environnement et, dans une moindre mesure, le sentiment de contrôle et les normes subjectives. Les individus qui se considèrent comme « verts » déclarent agir en conséquence, reflétant une cohérence entre leur personnalité et leurs actions. 

Les chercheurs estiment cependant qu’il serait intéressant de creuser les effets de la formation et de la socialisation (milieu professionnel) ainsi que les exigences et contraintes situationnelles particulières des étudiants, des scientifiques et du personnel en ce qui concerne le comportement pro-environnemental.

Des leviers d’action

Pour l’heure, «nous espérons que ces conclusions serviront de base à des mesures visant à promouvoir davantage la durabilité et les comportements environnementaux positifs à l'EPFL », avance Claudia Binder également responsable du groupe de travail Stratégie énergétique et durabilité de l’EPFL. « Sur la base de ces résultats, les mesures favorisant l'identification des étudiants, des scientifiques et du personnel à des modes de vie "verts", pro-environnementaux et durables sont donc prometteuses. On pourrait imaginer des activités de communication environnementale ou des campagnes impliquant des activités et des pratiques sociales compatibles avec les objectifs et les idéaux écologiques .»

Références

“Determinants of pro-environmental behavior: A comparison of university students and staff from diverse faculties at a Swiss University, by Ralph Hansmann, Rafael Laurenti, Tarik Mehdi and Claudia R. Binder (2020). Journal of Cleaner Production, 121864.