Quand la technologie se met au service des défis sociétaux

Les objectifs de développement durable des Nations Unies

Les objectifs de développement durable des Nations Unies

Créée en 2017, Tech4Impact joue un rôle pionnier en rassemblant sur une même plate-forme étudiants, chercheurs, grandes entreprises, ONG et jeunes pousses. Cette initiative de l’EPFL met en réseau des partenaires potentiels afin de renforcer l’impact social et environnemental de l’EPFL dans les domaines de l’éducation, de la recherche et de l’innovation.

Tech4Impact relève un vrai défi depuis 2 ans en créant, notamment, de nombreuses bourses afin d’aider les scientifiques à démarrer une recherche, pour soutenir les étudiants Bachelor et Master les plus créatifs dont les idées développées aujourd’hui pourront inventer les solutions de demain, mais aussi pour donner le coup de pouce nécessaire à la création d’une entreprise durable, innovante et responsable.

Une aide qui a par exemple permis à trois chercheurs du Laboratoire des procédés durables et catalytiques (LPDC) de se lancer dans l’aventure entrepreneuriale. Ils ont réussi à convertir la biomasse, les déchets végétaux, vers des molécules à haute valeur qui intéressent le marché des arômes et parfums. Leur recherche a été publiée dans le prestigieux magazine Science et un brevet a même été déposé. « Nous avons développé une technologie qui permet de valoriser tout le bois et cela de manière compétitive. La lignine, un des composants du bois, est un polymère qui est composé de blocs aromatiques : nous avons la technologie pour extraire et découper efficacement ce polymère et obtenir des molécules aromatiques isolées. Nous produisons ainsi des arômes de vanille, des odeurs fumées de sauce barbecue », explique Florent Héroguel, collaborateur scientifique.

Mais comment passer du stade académique au marché ? « Nous étions à la recherche de soutien et de coaching, c’est ainsi que nous avons découvert Tech4Impact. » Grâce à la bourse « PlayGrant » d’une valeur de 50'000 francs, Florent Héroguel et deux autres membres du LPDC ont pu fonder en 2019 leur spin-off Bloom Biorenewables, « cela nous a donné l’opportunité de nous mélanger à l’écosystème des entrepreneurs qui sont installés au quartier de l’innovation à l’EPFL », poursuit le cofondateur. Grâce à la structure de « corporate partners » mise en place par Tech4Impact, les jeunes entrepreneurs ont pu rencontrer directement des clients potentiels et cerner leurs problèmes. « Aujourd’hui la majorité des arômes sont fabriqués à partir de pétrole, et le consommateur n’en veut plus, c’est une bonne chose pour notre technologie. »

Yunus Center à l’EPFL

Dans cette intégration de la technologie durable, responsable et innovante, l’aspect humain, donc social, reste indéniablement un point crucial. L’EPFL est devenue en 2017 le premier et seul Centre Yunus en Suisse. Le partenariat a été signé à l’occasion du Global Social Business Summit à Paris en présence de Muhammad Yunus, Prix Nobel de la Paix en 2006. Cet économiste bangladais a inventé dans les années 70 le concept de « business social » en créant la Grameen Bank, délivrant des microcrédits remboursables sans intérêt. Vaincre la pauvreté, favoriser l’accès à l’éducation, aux soins de santé, à la technologie et à l’environnement, sont les préceptes suivis par Muhammad Yunus depuis 50 ans. En accueillant le Centre Yunus, l’EPFL s’engage, de fait, à suivre la voie ouverte par le Prix Nobel. Dans cette optique, Tech4Impact s’appuie également sur les 17 objectifs durables émis par les Nations Unies pour 2030. « Nous comptons 350 laboratoires sur le Campus, 25 entreprises et 120 start-up, c’est un creuset de créativité et d’innovation sans limites dont nous pouvons disposer », précise Julia Binder, cheffe de projet de l’Initiative Tech4Impact. Pour la première fois la plate-forme de l’EPFL accueille également des ONG afin de leur assurer des contacts simples et directs avec des entrepreneurs et des chercheurs installés sur le Campus mais aussi en leur donnant la possibilité d’un échange Inter ONG.

Accélérer les collaborations

Thierry Agagliate, qui dirige un accélérateur d'innovation à Terre des hommes, pose les bases de la collaboration : « Nous avons pris le parti d’introduire les technologies, notamment de l’information et la communication, pour résoudre les défis opérationnels que nous rencontrons. Notre collaboration avec l’EPFL date d’il y a environ 5 ans lorsque nous avons signé un accord-cadre avec le CODEV et EssentialTech. » L’EPFL collabore, entre autres, sur un projet de grande envergure en Afrique de l’Ouest touchant à la santé des enfants, en développant des outils pour mieux dépister la malnutrition. La santé de quelques 2 millions d’enfants est ainsi suivie grâce à une application mobile basée sur un Protocol clinique de l’OMS. « Lorsque Tech4Impact nous a contacté en 2018, nous avons immédiatement réalisé le potentiel de cette nouvelle plate-forme. Elle permet de voir encore plus loin en nous mettant en relation avec des partenaires que nous aurions eu du mal à rencontrer dans la vaste EPFL, mais aussi en nous proposant de partager un espace Inter ONG qui nous aidera à échanger sur la technologie et permettra d’accélérer les collaborations. » Le travail n’en est encore qu’à sa phase préliminaire mais un premier pas concret se déroulera cet automne avec les équipes de l’Innovation Park pour le prochain Innovation Boot Camp, un rendez-vous annuel qui rassemble les collaborateurs de Terre des Hommes et des intervenants extérieurs.

Sauver les coraux par la diplomatie scientifique

Le 14ème objectif des Nations Unies est de préserver la vie sous-marine. Certains coraux dans le Golf d’Aquaba montrent des résistances exceptionnelles à la hausse des températures : ils pourraient aider à repeupler les récifs qui se meurent dans d’autres régions de la Mer Rouge. Pour Anders Meibom, qui a mené ses recherches dans ce domaine à l’Institut InterUniversitaire de Science Marines d’Eilat en Israël, la plate-forme développée par Tech4Impact représente une occasion unique de rassembler les scientifiques sous une seule bannière celle de la préservation de la nature. Dans cette optique, l’EPFL a créé le premier « Centre de recherche transnational de la Mer Rouge» soutenu par le Département fédéral des affaires étrangères (DFAE). En effet, parler de collaboration entre les différents pays qui bordent la Mer Rouge reste un point sensible : « Nous ne pouvons pas étudier autour de la Mer Rouge sans diplomatie, parce que les relations entre les pays sont trop compliquées. En revanche, la neutralité de la science peut ouvrir des portes et permettre aux chercheurs de collaborer, » conclut Anders Meibom. Tech4Impact a aidé au développement du projet et soutient sa réalisation en établissant, par exemple, des contacts avec les principales parties prenantes des secteurs privés et publics.Tech4Impact a mené une grande enquête sur les activités de recherche et d’innovation qui sont développées à l’EPFL. Cela a donné lieu au premier rapport sur les ambitions de développement durable de l’École, de ses spin-off, et son potentiel à répondre aux 17 objectifs des Nations Unies à l’horizon 2030. À l’occasion de la publication du rapport, Tech4Impact organise ce 10 avril un événement au Rolex Learning Center qui présente les projets de recherche durables et novateurs de huit professeurs de l'EPFL, une exposition interactive sur les innovations durables de 12 spin-off de l'EPFL, et qui verra l’intervention de Michael Møller, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève ainsi que de Thomas Gass, ambassadeur, vice-directeur et chef du Domaine de direction Coopération Sud de la Direction du développement et de la coopération (DDC). 

Tech4Impact a mené une grande enquête sur les activités de recherche et d’innovation qui sont développées à l’EPFL. Cela a donné lieu au premier rapport sur les ambitions de développement durable de l’École, de ses spin-off, et son potentiel à répondre aux 17 objectifs des Nations Unies à l’horizon 2030. À l’occasion de la publication du rapport, Tech4Impact organise ce 10 avril un événement au Rolex Learning Center qui présente les projets de recherche durables et novateurs de huit professeurs de l'EPFL, une exposition interactive sur les innovations durables de 12 spin-off de l'EPFL, et qui verra l’intervention de Michael Møller, Directeur général de l’Office des Nations Unies à Genève ainsi que de Thomas Gass, ambassadeur, vice-directeur et chef du Domaine de direction Coopération Sud de la Direction du développement et de la coopération (DDC).