«Nous perfectionnons l'IA pour garantir une architecture durable»

Passionné par la façon dont l’intelligence artificielle et la vision par ordinateur peuvent changer le monde, Pierre Baqué s’efforce d’améliorer la conception à des fins de durabilité. Après son doctorat au CVLab, qui fait partie de la Faculté informatique et communications (IC), Pierre Baqué a commencé son mandat de directeur général de Neural Concept, une start-up de l’EPFL Innovation Park qui crée des algorithmes d’apprentissage profond de l’IA pour révolutionner l’avenir du génie industriel.

Avec une clientèle dans des secteurs allant des véhicules électriques à l’aérospatiale, Neural Concept a aujourd’hui établi un partenariat avec RWDI, une société de génie environnemental de renommée mondiale qui relève des défis complexes dans l’environnement bâti, pour aider à créer des bâtiments respectueux du climat en utilisant la puissance de données instantanées et de pointe sur le vent, le soleil et le confort thermique.

RWDI a développé et concède sous licence Orbital Stack, une solution logicielle d’ingénierie qui permet de réaliser des simulations thermiques et de dynamique numérique des fluides (CFD) en exploitant les connaissances et les bonnes pratiques mises au point par ses ingénieurs ont mises au point au cours de décennies d’analyse climatique. Pour aller plus loin, Neural Concept a créé la CFD pilotée par l’IA pour Orbital Stack, s’appuyant sur des décennies de données sur le vent pour orienter la conception à un stade précoce, élargissant ainsi les possibilités pour les conceptrices et concepteurs du monde entier.

«Notre objectif est de placer les algorithmes et l’intelligence artificielle au cœur du processus de conception dans les sociétés d’ingénierie, en particulier celles qui conçoivent et fabriquent des systèmes avancés très complexes. Nos algorithmes tirent parti de l’expertise de l’ingénieur en simulation et la mettent à la disposition de la conceptrice ou du concepteur», explique Pierre Baqué.

«Comprendre dès le départ comment un bâtiment proposé interagira avec son environnement – en particulier l’intégrité structurelle, les effets du vent sur le bâtiment, l’exposition à la lumière du soleil et le confort des piétonnes et piétons – permet d’identifier les problèmes susceptibles de survenir uniquement à des stades ultérieurs du processus de conception. Dans ce cas, nous avons travaillé avec le plus vaste ensemble de données sur le vent urbain au monde de RWDI pour enseigner à notre algorithme d’apprentissage profond les relations entre les entrées, et pour valider l’exactitude des prédictions de l’IA», poursuit-il. «Nous avons contribué à faire passer l’expérience CFD de la norme à une technologie qui révolutionne l’industrie.»

Alors que l’utilisation de l’IA en architecture n’est encore qu’à ses débuts et que Pierre Baqué estime que le secteur n’utilise actuellement la technologie qu’à environ 10% de son potentiel, il a constaté l’adoption rapide du logiciel Orbital Stack piloté par l’IA par les architectes, ainsi qu’un changement complet de la manière dont ils envisagent les simulations.

«Notre technologie d’apprentissage profond existe depuis moins d’un an, mais elle a déjà radicalement changé le paysage de la conception urbaine. La possibilité de mieux concevoir l’architecture des villes intelligentes presque en temps réel peut avoir une influence considérable sur la durabilité. Par exemple, la différence entre l’hiver et l’été à Boston peut avoir un impact très important sur la consommation d’énergie, ou le niveau de pollution d’une ville peut être influencé par la conception. C’est un outil très performant, qui révolutionne le domaine de l’architecture.»

Cette passion pour le développement d’algorithmes destinés à aider les êtres humains à mieux concevoir pour la durabilité, ainsi que l’excitation d’être à l’avant-garde de ces développements, est ce qui motive tous les matins Pierre Baqué, qui ne pense pas que cela changera de sitôt.

«Nous sommes encore en train de débloquer les prochaines étapes de cette technologie avec des personnes du monde entier. Elle est aujourd’hui relativement mature, mais le monde évolue rapidement et la recherche ne cesse de rendre l’IA de plus en plus performante. C’est pourquoi nous ne sommes pas qu’un laboratoire de recherche. Nous développons la technologie mais nous collaborons également avec des équipes de simulation et de conception pour comprendre ce qui fonctionne et ce qui ne fonctionne pas. Il n’existe pas de cours sur la manière d’utiliser l’IA pour la conception et je pense que c’est précisément le rôle d’entreprises comme la nôtre de simplifier les choses.»