Mise en lumière du programme SHS : Iran contemporain

Des étudiants à Esfahan (Iran) pour leur projet de semestre, 2017. © Patrick Ringgenberg

Des étudiants à Esfahan (Iran) pour leur projet de semestre, 2017. © Patrick Ringgenberg

Patrick Ringgenberg, qui enseigne le cours Iran contemporain dans le cadre du programme de Sciences humaines et sociales (SHS) du Collège des humanités, explique pourquoi ce cours est unique en son genre et indispensable à l’EPFL.

Expert en culture et histoire de l’Iran, Patrick Ringgenberg est actuellement en train d’écrire son neuvième livre sur le sujet. Il est loin d’être à cours de matière première : en effet, fin avril, cela fait déjà plusieurs mois que Patrick Ringgenberg attend de pouvoir rentrer d’Iran, à cause de la pandémie de coronavirus.

« Chaque jour où je suis ici, j’essaie d’apprendre plus ; de parler aux gens et de suivre le discours médiatique, par exemple en ce qui concerne le coronavirus, » déclare-t-il. « Il y a des débats très intéressants entre la science et la religion ici, ainsi que différentes attitudes sociales vis-à-vis du virus. Ce sont des choses que l’on ne peut réellement analyser qu’en étant sur place. »

Patrick Ringgenberg ajoute qu’il prévoit d’ajouter certaines de ces observations au cours d’Iran contemporain de cet automne.

Comprendre un empire

Ce cours de bachelor, donné au semestre d’automne, a été lancé en 2017. Cette année marque la troisième édition de ce cours, donné en français, qui est unique en son genre non seulement à l’EPFL, mais dans toute la Suisse romande. Il offre aux étudiants les bases historiques, politique et culturelles leur permettant de comprendre la puissance régionale de l’Iran au sein du Moyen-Orient, ainsi que sa relation avec les pays occidentaux. 

« L’Iran est un pays clé du Moyen-Orient. On en parle beaucoup, mais on n’en connait presque rien, particulièrement pour ce qui est de la période après 1979, quand les étrangers ont été plus ou moins exclus, » explique-t-il. « Je pense que ce cours est important afin de comprendre les conséquences des tensions au Moyen-Orient, mais aussi pour comprendre comment vivent réellement les gens. »

Le cours se concentre beaucoup sur la perception qu’ont les autres pays de l’Iran. L’année dernière, Patrick Ringgenberg a commencé à encourager les étudiants à discuter d’articles issus des médias occidentaux et iraniens. L’objectif était d’établir une connexion entre l’histoire de l’Iran et les enjeux actuels, tels que la diplomatie nucléaire ou les sanctions internationales, ainsi que d’analyser la façon dont l’image de ce pays est construite. Par exemple, selon Patrick Ringgenberg, la représentation de l’Iran dans les médias occidentaux, où il est souvent dépeint comme un empire agressif et expansionniste, est inexacte.

« Le concept traditionnel d’empire en Iran, qui a commencé au 6ème siècle avant J.C., est en réalité très conservateur. Une fois ses frontières définies, il s’efforce de les protéger et de préserver sa culture. »

Une opportunité pour la créativité

Les étudiants du cours Iran contemporain ont la liberté de choisir les projets qui les intéressent, tels que par exemple écrire une lettre à un futur président des Etats-Unis au sujet des relations avec l’Iran, ou proposer des idées pour améliorer l’image du pays. Patrick Ringgenberg explique que cette stratégie a produit des travaux d’élèves exceptionnels au cours de l’année dernière, et il pense que cela démontre l’importance de la créativité dans les études en sciences humaines.

« L’histoire nous montre à quel points les experts font souvent des erreurs, il est donc important de trouver de nouvelles perspectives, et pour cela, il faut être créatif. J’aime aussi pouvoir apprendre de mes étudiants ; c’est très important pour moi. »

Patrick Ringgenberg ajoute qu’il pense que les compétences en sciences sociales font partie intégrante de la formation en ingénierie à l’EPFL.

« Mon père était chimiste, et il disait, « un chimiste qui ne s’intéresse qu’à la chimie n’est pas un vrai chimiste. » Je pense qu’il est important d’avoir d’autres horizons culturels, et la variété de cours du Collège des humanités est une excellente opportunité pour cela. »