Le sein mis à nu

© Patrik Aouad

© Patrik Aouad

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Certains les aiment gros, d’autres les préfèrent petits. Les seins. Patrik Aouad, lui, s’applique à les rendre transparents. Il révèle ainsi la finesse des canaux galactophores, les rondeurs des glandes mammaires et l’abondance des cellules qui les composent. « Cette photo est particulièrement belle, car elle permet de voir l’ensemble de production de lait humain, des cellules épithéliales aux canaux galactophores. Je l’ai baptisée The human milk factory in 3D », résume le doctorant du laboratoire de Cathrin Briksen, spécialisé dans la recherche sur le cancer du sein. La qualité du cliché lui a d’ailleurs permis de remporter le premier prix du concours VoirEstSavoir, organisé en juin par la faculté SV.

Pour révéler cette subtile usine naturelle, que le cancer grippe chez trop de femmes, Patrik Aouad a utilisé un échantillon de tissus mammaires sains. Il a prélevé une couche d’un millimètre d’épaisseur, soit 250 fois plus que les 4 micromètres habituellement sectionnés. C’est là toute la force de ce travail. La méthode Clarity lui a permis de rendre transparente la structure du tissu, puis, à l’aide d’anticorps, il a révélé le tissu épithélial. Un logiciel reconstruit ensuite l’arbre du sein en 3D à partir de quelque 200 couches. Un résultat capturé à l’aide d’un microscope à fluorescence. Les cellules luminales, productrices de lait, apparaissent ainsi en rouge tandis que les cellules myoépithéliales, chargées de l’acheminement du lait, sont colorées en vert.

« C’est la première fois que l’on réalise ce type d’image et que l’on peut ainsi observer l’ensemble de la structure et la complexité de l’architecture », poursuit Patrik Aouad. L’avantage principal est de faciliter le diagnostic, en particulier la présence éventuelle de cellules invasives dans le tissu mammaire voisin, qui pourrait échapper à l’examen de couches plus fines. Une étape cruciale pour identifier les patientes à risque d’un cancer invasif et les mécanismes moléculaires impliquées.