Le salut du bonhomme de neige

Mini snowman. © Ludovic Serex

Mini snowman. © Ludovic Serex

Cette photo a remporté le quatrième prix du concours « When aestetics meets innovation », organisé par l’association Innovation Forum Lausanne et le Club photo de l’EPFL, suivant l'idée de Francesco Pennacchio, postdoc au Laboratoire de spectroscopie ultrarapide. Chaque mois, nous vous racontons l’histoire d’une photo qui illustre la science à l’EPFL. Voulez-vous aussi montrer la beauté de votre recherche à l’EPFL? Envoyez-nous vos contributions à [email protected]. Publication non garantie.

Le paradoxe du bonhomme de neige est qu’en dépit de sa température corporelle glaciale il suscite chez l’homme de chair une tendresse chaleureuse, parfumée d’enfance et chargée de bienveillance. Celui de Ludovic Serex, doctorant au Laboratoire de microsystème 4, n’échappe pas à la règle. Mais contrairement à ceux qui naissent l’hiver dans les parcs, aux corps empâtés marqués des moufles d’enfants, celui-ci paraît presque fluet avec sa tête joliment sphérique, aussi volumineuse que son buste globeux.

Celui-ci est un bonhomme de neige de laboratoire. Sa genèse remonte à un dessin fourni à un logiciel d’imprimante 3D. Ludovic Serex travaille sur la conception de nouveaux outils pour dispenser les microfluides pour la bio-impression. Plus précisément, l’impression 3D de tissus biologiques. Ici, le défi est de mettre en forme les cryogels qui formeront une sorte d’éponge dans laquelle les cellules prendront place, étant donné leurs conditions de synthèse à des températures allant jusqu’à -80 degrés. Les chercheurs du laboratoire ont donc microfabriqué un distributeur de cryogels afin que le mélange ne s’opère qu’à la dernière seconde et reste contrôlé en température.

Il a suffi de deux gouttes d’eau dans la « pipette » de l’imprimante pour réaliser le petit bonhomme. En touchant la plaque aux températures antarctiques, la goutte devient instantanément bille. L’humidité de l’air se condense alors sur elle, l’habillant de cristaux de glace. A l’aide de brucelles, le doctorant a délicatement ajouté des petits bras en fil de fer et une pointe d’orange qui rappelle la carotte des spécimens de jardin. Du haut de ses 3 millimètres, il salue.

La prise? Au smartphone, avec une mise au point manuelle. « Avec sa petite caméra, le smartphone permet d’aller très près de l’imprimante », relève le doctorant.