Le programme Enjeux Mondiaux récompense des projets exceptionnels

© 2019 Maxime Marendaz

© 2019 Maxime Marendaz

Lors d'une cérémonie qui s'est tenue le 5 mars au SwissTech Convention Center, 12 des meilleurs posters d’élèves du cours 2018 Enjeux Mondiaux du Collège des Humanités (CDH) ont été récompensés. Quatre d’entre eux ont été sélectionnés pour une reconnaissance spéciale. Le professeur Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix, a prononcé un discours incitant à la réflexion.

Chaque année, plus d'un millier d'étudiants et étudiantes des huit facultés et collèges de l'EPFL participent au cours du CDH Enjeux Mondiaux, axé sur six thèmes : santé, climat, alimentation, énergie, communication et mobilité.

Habituellement, les trois meilleurs posters sont choisis pour une reconnaissance spéciale, toutefois pour l’édition 2018, la grande qualité des travaux a fait que quatre posters ont obtenu cet honneur.

Un cours unique et essentiel

En début de cérémonie, Marc Gruber, vice-président pour l'innovation de l’EPFL, et Béla Kapossy, directeur du CDH, ont présenté le cours Enjeux Mondiaux, qui fait partie du programme Sciences Humaines et Sociales (SHS) du CDH. Ce cours est obligatoire pour tous les élèves de première année de l'EPFL, soit environ 1200 élèves. Les six thèmes sont enseignés en binômes, par deux chargés ou chargées de cours, l’un en provenance de l’EPFL et le second de l'Université de Lausanne. Ceci permet de créer une expérience éducative interdisciplinaire.

« En observant les problèmes auxquels l’humanité est confrontée de nos jours, je pense que la combinaison de la technologie et des sciences humaines et sociales peut vraiment apporter de bonnes réponses. Comprendre et associer ces deux sujets est une véritable compétence que nos élèves devraient posséder » a déclaré Marc Gruber.

Béla Kapossy a ajouté que le programme est un exemple notable de la « POLY-perspective » du CDH, qui réunit des activités de recherche, d'éducation et d'engagement public dans un cadre d’interdisciplinarité, de sensibilisation mondiale, de citoyenneté active et de créativité.

Les groupes d'étudiants et étudiantes à l’origine des quatre meilleurs posters ont ensuite pris la parole pour présenter leurs projets au public.

« Vous devez construire de nouvelles routes »

La soirée s’est poursuivie par le témoignage du professeur Muhammad Yunus, lauréat du prix Nobel de la paix 2006 avec la Banque Grameen qu'il a fondée au Bangladesh en 1983. Muhammad Yunus est à l'origine du concept de microcrédit pour aider ceux qui vivent dans la pauvreté - en particulier les femmes - à soutenir leurs propres entreprises et moyens d'existence. Il est également un défenseur de l'économie sociale et l'EPFL abrite le seul Yunus Social Business Centre de Suisse.

Muhammad Yunus a parlé de ses trois plus grandes préoccupations pour l'avenir de l'humanité : la « bombe à retardement » de l'inégalité des richesses, l'urgence du besoin de limiter le réchauffement climatique et les menaces pour la société et l'emploi que représentent des technologies comme l'intelligence artificielle.

« Si vous suivez les anciennes routes, elles vous mèneront toujours à l'ancienne destination. Si vous voulez construire un nouveau monde sans menaces environnementales, avec des richesses partagées et une technologie au service des personnes, c'est une nouvelle destination. Pour l'atteindre, il faut construire de nouvelles routes, et c'est votre tâche », dit-il à l’audience.

Muhammad Yunus a conclu en faisant référence au dernier pilier de la « POLY-perspective » du CDH: « Chaque être humain a un pouvoir créatif illimité. Si les humains ont créé tous ces problèmes, alors ce sont les humains qui peuvent les résoudre », dit-il.

Les meilleurs posters des Enjeux Mondiaux 2018

Dans la catégorie de l’alimentation, Paul Moreau, Camille Delgrange, Fannie Kerff, Estelle Renard-Dausset et Zeina Gabr ont présenté leur poster intitulé « To Beef or not to beef - La culture de viande in-vitro : une alternative durable à l'élevage intensif ?/In-vitro meat culture : a sustainable alternative to intensive livestock farming? » Leur conclusion : malgré les défis éthiques, sanitaires et technologiques, la viande in vitro peut devenir une alternative durable à l'élevage intensif. Cependant, ils avertissent que la solution de la haute technologie pourrait masquer le vrai problème environnemental : la surconsommation de viande.

Dans la catégorie climat, Kjetill Christinat, Jules Gros-Daillon, Victoria Kunz, Capucine Marion et Quentin Pythoud ont présenté leur poster « Les arbres oxalogènes: Une solution pour le stockage de CO2/Oxalogenic trees: A solution for CO2 storage ». Sur la base d'une étude de cas locale d'une forêt en Haïti, les élèves ont conclu que la plantation d'arbres oxalogènes - qui fixent le dioxyde de carbone atmosphérique à l'aide de bactéries et de champignons - pourrait être une solution durable et efficace pour le stockage du carbone compte tenu de la déforestation mondiale et des émissions de gaz à effet de serre.

Deux groupes ont présenté des posters du thème de santé. Eugénie Chabenat, Charlotte Meyer, Mathilde Outters et Camille Pescatore avaient un poster intitulé « Crise des Opioïdes : Addiction sur ordonnance ? L’exemple des Etats-Unis/Opioid Crisis: Prescription Addiction? The example of the United States ». Les étudiants ont fait valoir que la crise qui frappe actuellement les États-Unis exige une intervention coordonnée des gouvernements et des fournisseurs de soins médicaux afin d’établir un cadre juridique pour une intervention, une prévention et un traitement efficaces en matière de toxicomanie. Le Big Data, ont-ils dit, peut être un outil important pour aider les chercheurs à identifier les biomarqueurs qui prédisposent à la dépendance.

Enfin, Loïc Lerville, Alexy Mann, Philippine des Courtils, Pauline Ruch et Kazuma Miyai ont présenté leur projet, « 5G : Enjeux et controverses/5G : Issues and controversies ». Ils ont fourni des informations détaillées sur les promesses technologiques des réseaux sans fil 5G, la législation régissant leur mise en œuvre en Suisse et des recherches contradictoires sur les impacts potentiels sur la santé associés aux rayonnements non-ionisants. Ils ont plaidé en faveur de valeurs-seuils plus réalistes et d'un consensus scientifique sur les risques potentiels pour la santé, ainsi que d'alternatives technologiques à la mise en œuvre de la 5G en Suisse.

Toutes les images © Maxime Marendaz.