Le prix Musy récompense deux jeunes entrepreneuses de l'EPFL

Clara Moldovan et Margaux Duchamp © 2021 EPFL

Clara Moldovan et Margaux Duchamp © 2021 EPFL

Clara Moldovan, fondatrice de Swistor, et Margaux Duchamp, d’ArcoScreen, ont en commun la qualité de leur projet de start-up et leur détermination. Ces deux scientifiques de l’EPFL ont récemment été récompensées par le prix Musy, remis tous les deux ans à des entrepreneuses de cantons latins.

En Suisse, seules 6,8 % des start-up sont pilotées par une femme d’après le tout récent « Swiss Start-up Radar ». Un chiffre comparable aux autres pays puisque nulle part ce taux ne passe le cap des 10% alors que les tours de financement de ces start-up sont inférieurs d’environ un tiers à ceux des start-up avec un CEO masculin. Une inégalité constatée de manière empirique par Isabelle Musy, une enseignante à la retraite, il y a quelques années. En collaboration avec l’unité start-up de l’EPFL, elle propose donc de lancer un soutien financier de démarrage, à hauteur de 50 000 francs, destiné aux femmes. Depuis 2014, le prix qui porte son nom récompense tous les deux ans un projet de start-up piloté par une chercheuse de Suisse latine. Cette année exceptionnellement deux lauréates ont été choisies parmi les excellents dossiers reçus : Clara Moldovan, fondatrice de Swistor, active dans le stockage d’énergie, et Margaux Duchamp, d’ArcoScreen, spécialisée dans les biotechnologies.

Charger un smartphone en 2 minutes

L’objectif de Swistor est de développer et de commercialiser un composant électronique pour le stockage d’énergie électrique appelé supercondensateur avec une densité énergétique et une puissance inégalées. « Il s’agit d’une alternative devenue incontournable à la batterie li-ion qui comporte des risques lors de son utilisation ainsi qu’une empreinte environnementale très défavorable », explique Clara Moldovan. À l’EPFL, la jeune entrepreneuse a posé les bases de cette technologie : des nanotubes de carbone assemblés en réseau très dense et alignés verticalement. Ce système écologique permet une charge de 10 à 100 fois plus rapide que les batteries courantes tout en prolongeant sa durée de vie d’un facteur 30. « Par exemple, on pourrait charger un téléphone portable en moins de deux minutes », note-t-elle. Le système est compatible avec les technologies de fabrication de semi-conducteur actuelles, « miniaturisés et bon marché, ils peuvent être facilement intégrés dans les dispositifs électroniques sans coûts supplémentaires ».

Faciliter la découverte de nouveaux médicaments

Le système microfluidique développé par ArcoScreen facilite la découverte de nouveaux médicaments pour des maladies telles que certains cancers, la maladie d’Alzheimer, de Parkinson ou encore les maladies cardiovasculaires. « Plus de 35 % de tous les médicaments commercialisés ciblent les récepteurs membranaires couplés à des protéines G », souligne Margaux Duchamp, future CEO d’ArcoScreen. Les procédés pour la découverte de nouveaux médicaments ciblant ces récepteurs sont actuellement trop longs, coûteux et basés sur des cellules modèles modifiées qui sont éloignées de la réalité, augmentant ainsi le risque d’échec lors des essais cliniques. Le procédé développé par la start-up en cours de création permet de détecter les molécules activant les récepteurs membranaires en un seul test de manière plus précise, plus rapide et délivre des informations plus approfondies que les méthodes conventionnelles. « Notre technique, dont le brevet a été déposé, permet d’utiliser directement les cellules de patients, ce qui permet de détecter les possibles effets secondaires d’une molécule avant les études cliniques », note Margaux Duchamp.