Le plein d'idées pour vivre sur la Lune

© 2019 EPFL

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Des étudiants de 13 universités européennes, dont l’EPFL, travaillent à la conception d’un habitat lunaire, dans le cadre du projet IGLUNA. Mené à l’initiative de l’Agence spatiale européenne (ESA) et piloté par le Swiss Space Center, il sera implanté en juin dans un glacier à Zermatt.


Vivre sur la Lune, c’est poétique, non? Mais faire passer un tel projet dans la réalité est une bien autre affaire, posant un nombre incalculable de problèmes aussi bien humains que technologiques. C’est pourtant la tâche à laquelle s’attèlent, depuis le début de l’année académique, des étudiants de 13 universités dans 9 pays européens. Une démarche inédite baptisée IGLUNA, pilotée par le Swiss Space Center - basé à l’EPFL - dans le cadre de l’ESA_Lab, un projet pilote de l’Agence spatiale européenne (ESA). A mi-janvier, tous les acteurs de ce projet se sont réunis au CERN pour un bilan à mi-parcours.

A cette occasion, toutes les équipes - 19 en tout, dont quatre de l’École - ont pu non seulement présenter l’avancée de leurs travaux, mais aussi, au travers de nombreux échanges et contacts, les harmoniser et réorienter en fonction de ceux des autres. Car elles œuvrent toutes pour un but commun et interconnecté: la démonstration d’un habitat réalisable dans les glaces des pôles lunaires, destiné à accueillir des astronautes confinés sur le satellite de la Terre pour des missions plus ou moins longues. Les résultats de cette année d’efforts et de collaboration seront implantés et présentés au public en juin, dans l’une des cavités du palais de glace du glacier du Petit Cervin à Zermatt.

«Cette initiative est très inspirante, estime Bernard Foing, conseiller à l’ESA, professeur à l’Université VU d’Amsterdam et superviseur des projets IGLUNA. Elle permet non seulement de sensibiliser le public aux questions spatiales, mais aussi d’imaginer des technologies et des solutions novatrices et de lancer les bases d’une collaboration scientifique à l’échelle européenne. Cela crée également beaucoup d’émulation chez ces jeunes.»

Tous les aspects de la vie humaine

Pour assurer la vie à long terme dans un tel milieu, les défis à relever sont légion. «Et c’est bien pour cela que ce thème a été choisi, relève Tatiana Benavides, responsable du projet au Swiss Space Center. Imaginer un habitat, et encore plus lorsqu’il s’agit de vivre loin de la Terre, oblige à prendre en compte tous les aspects de la vie humaine, tels que production de nourriture, d’énergie, d’oxygène, fabrication d’un abri, d’outils ou encore assurer les communications… »

A l’EPFL, un doctorant en matériaux planche sur la possibilité d’imprimer, sur place, des objets en 3D, notamment une scie à découper la glace. En collaboration avec des pairs de l’Unil, des étudiants en environnement imaginent comment construire une serre durable et automatisée pour cultiver des légumes. D’autres, en section d’architecture et de génie civil, travaillent sur la structure même de l’habitat, une voûte constituée d’un astucieux assemblage de briques, en parallèle avec une équipe de réalité virtuelle qui cherche à représenter un environnement interactif avec des ambiances intérieures. Ces travaux ont notamment été réalisés dans le cadre du programme "Projeter Ensemble" et de l'unité d'enseignement "Habiter Mars" de la Faculté environnement naturel, architectural et construit (ENAC).

Dans d’autres universités, des équipes bûchent sur des procédés pour produire de l’oxygène ou de l’électricité, un appareil à faire pousser des algues, la valorisation de l’urine pour la fertilisation des plantes, des installations pour faire de l’exercice, un laboratoire d’analyse, un système de communication et de guidage, des modules d’habitat gonflables, un robot pour creuser des chemins dans la glace, entre autres.

«Nous avons des architectes, des biologistes, des informaticiens, des géologues, des ingénieurs de toutes l’Europe: c’est un projet extraordinairement interdisciplinaire et multiculturel, s’enthousiasme Tatiana Benavides. Le but de cette initiative de l’ESA, c’est vraiment d’encourager tous ces jeunes à dépasser les barrières tant géographiques qu’institutionnelles pour travailler ensemble.»