Le Lignon entame sa cure de jouvence

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Le gigantesque complexe architectural genevois où habitent pas moins de 6500 personnes démarre aujourd’hui son ravalement de façades. L’EPFL a signé les études qui donnaient aux propriétaires le choix de leur mode de rénovation énergétique.

Vu du ciel, il ferait presque penser à une portion de la Grande muraille de Chine. Le complexe architectural du Lignon, construit entre 1963 et 1972, appartient désormais au patrimoine genevois. Le plus long bâtiment d’Europe – 1,5 kilomètre – abrite aujourd’hui quelque 6500 habitants… soumis aux courants d’air!

La conception architecturale de l’ensemble, audacieuse, ne répond plus aux exigences énergétiques actuelles. Les 100 000 mètres carrés de fins «murs-rideaux» qui l’habillent n’ont aucun rôle structurel: ils ne servent qu’à préserver les appartements des assauts du climat, mais selon des standards devenus insuffisants. Comme ils sont un élément fondamental du caractère de la construction, il était toutefois impensable d’en modifier l’apparence extérieure, à l’heure où une amélioration de l’isolation se faisait indispensable.

L’Etat de Genève et le groupement des propriétaires du Lignon se sont donc approchés de l’EPFL pour que celle-ci étudie les options permettant d’améliorer le bilan énergétique du bâtiment tout en conservant ses spécificités.

Deux variantes retenues
C’est Franz Graf, directeur du Laboratoire des techniques et de la sauvegarde de l’architecture moderne (TSAM) à l’EPFL, qui a piloté ces recherches de longue haleine, débutées dès mai 2008. « Nous avons eu la chance de pouvoir le faire de façon très approfondie et systématique, de rassembler tous les acteurs autour d’une même table, et de planifier différents scénarios », explique-t-il.

Sur les quatre options d’abord retenues – de simples travaux d’entretien au remplacement complet des murs-rideaux, deux se sont finalement révélées réalistes : la remise en état des façades, qui prévoit un renforcement de l’isolation existante et le remplacement des vitrages pour un gain d’énergie de l’ordre de 33%, ou leur rénovation, au cours de laquelle l’isolation des panneaux opaques est entièrement refaite à neuf, permettant une économie de 38 à 40%.


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Ces résultats, rendus à la mi-2011 et compilés dans un beau livre*, ont permis aux propriétaires des appartements du Lignon de décider en connaissance de cause des travaux à entreprendre. Surtout, s’agissant exclusivement d’opérations réalisées depuis l’intérieur des bâtiments, ils peuvent planifier les travaux comme bon leur semble. Sur les six prochains mois, 23 appartements seront ainsi rénovés.

Les parties communes – couloirs et entrées – feront aussi l’objet d’une transformation. Enfin, l’installation de capteurs solaires sur les toits permettra, au final, d’obtenir pour ce complexe une efficacité compatible avec la norme Minergie, pour des économies de CO2 qui se chiffrent en milliers de tonnes. Franz Graf espère que cette démarche « servira de modèle pour la rénovation d’autres bâtiments de ce type ».

* La cité du Lignon, 1963-1971. Etude architecturale et stratégies d’intervention, sous la direction de Franz Graf, hors-série de « Patrimoine et architecture », janvier 2012.


Auteur: Jan Overney / Emmanuel Barraud

Source: EPFL