Le chasseur de débris spatiaux décolle avec S3

Le satellite CleanSpace One, qui partira à la chasse aux débris spatiaux, est en bonne voie. L’EPFL et Swiss Space Systems (S3) ont conclu un partenariat. L’entreprise injecte 15 millions de francs dans le projet et se chargera de la mise en orbite.


En 2012, l’EPFL annonçait son intention de concevoir et de lancer CleanSpace One, avec pour mission le nettoyage des déchets spatiaux – actuellement, on compte des dizaines de milliers de ces restes de satellites, qui tournent au-dessus de nos têtes à plus de 28'000 km/h. L’enjeu est crucial pour le futur de l’industrie spatiale. Swiss Space Systems – S3 s’est associée à ce projet. L’entreprise suisse, qui développe une nouvelle méthode visant à mettre en orbite des satellites jusqu’à 250 kilogrammes, assurera le lancement de CleanSpace One en 2018. Elle injecte 15 millions de francs dans le projet. L’EPFL et S3 ont rendu public ce partenariat le 10 septembre.

CleanSpace One, un satellite pour nettoyer l’orbite terrestre
Les déchets orbitaux sont toujours plus nombreux. Si les collisions avec des satellites en fonction sont rares, chacune peut générer plusieurs dizaines de milliers de nouveaux débris. Ce problème fait l’objet de préoccupations croissantes et rend les missions spatiales toujours plus complexes.

CleanSpace One aura pour mission de s’emparer d’un déchet orbital – en l’occurrence un nanosatellite suisse hors d’usage de 10 centimètres de côté – et de le précipiter dans l’atmosphère où il se consumera. La difficulté de l’approche et de la saisie du déchet représente un formidable défi d’ingénierie.

Une mise en orbite en trois phases
Swiss Space Systems – S3 est désormais partenaire Prime de ce projet. L’entreprise, sise à Payerne (Suisse), développe une nouvelle méthode de lancement pour de petits satellites de quelques centaines de kilogrammes. Il s’agit d’arrimer une navette sur un Airbus – une fois ce dernier parvenu à son altitude de croisière, la navette suborbitale SOAR se décroche, monte à 80 kilomètres et éjecte une capsule, laquelle peut larguer les satellites jusqu’à une altitude de 700 kilomètres. Tant l’Airbus que la navette sont réutilisables et utilisent des carburants standards - des atouts en termes d’efficience.

Ce procédé en trois phases a pour objectif de démocratiser l’accès à l’espace, avec des coûts de lancement divisés par un facteur quatre. Pour autant, il s’agit de ne pas encombrer l’orbite terrestre de nouveaux déchets. L’entreprise suisse a d’ores et déjà prévu que tous les éléments de la chaîne – satellites compris – devront être munis de leur propre système de désorbitage. Dans ce cadre, le partenariat autour de CleanSpace One fait sens.

«On ne peut pas démocratiser l’accès à l’espace sans adopter une attitude responsable, explique Pascal Jaussi, CEO de Swiss Space Systems. Si nous n’empoignons pas le problème des déchets orbitaux et de leur multiplication, c’est l’accès à l ‘espace pour les futures generations qui pourrait être compromis.»
L’entreprise se chargera elle-même de lancer CleanSpace One, qui du coup deviendra en 2018 le premier satellite mis en orbite suivant cette nouvelle méthode. Au total, Swiss Space Systems n’injecte pas moins de 15 millions de francs dans le projet – 10 millions seront consacrés au lancement proprement dit, et 5 millions serviront à l’assemblage et aux tests des éléments du satellite, ainsi qu’aux opérations de pilotage au sol.

Le design du satellite est en bonne voie
Du côté de l’EPFL, le projet a bien avancé depuis l’annonce publique en 2012. Le design du satellite a évolué – un peu plus imposant que prévu initialement, il devrait peser une trentaine de kilos. Les chercheurs ont évalué de très nombreuses technologies susceptibles d’être intégrées au satellite – certaines d’ores et déjà commercialisées, et d’autres encore en développement dans un cadre industriel ou académique.

Enfin, dans le cadre d’un partenariat avec l’Agence Spatiale Européenne visant au désorbitage des déchets, les chercheurs développent diverses technologies clés – systèmes de propulsion, d’approche et de reconnaissance et, surtout, dispositif visant à s’arrimer aux déchets. L’ETH de Zurich, le CSEM ainsi que la HES-SO sont parties prenantes de ces développements. Les chercheurs comptent bien entendu intégrer ces développements au projet CleanSpace One.


Auteur: Lionel Pousaz

Source: EPFL


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© 2013 EPFL
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