La souris qui se joue des gestes ultra-rapides des gamers

Arash Salarian et le dispositif spécialement mis au point pour tester la nouvelle souris© 2015 Alain Herzog

Arash Salarian et le dispositif spécialement mis au point pour tester la nouvelle souris© 2015 Alain Herzog

Un algorithme développé par un post doctorant de l’EPFL passé chez Logitech donne une vitesse de réaction quasi illimitée à une souris. Il permet de combiner des capteurs optiques avec un système à base d’accéléromètres et de gyroscopes. Déjà commercialisé, ce dispositif constitue un exemple réussi de collaboration entre recherche et industrie.

De l’extérieur, cette souris à l’air menaçant reste en apparence une souris classique. C’est ce qui fait sa force. Traditionnelle à utiliser, mais capable de maintenir la trajectoire du curseur même lors d’accélérations au moins cinq fois supérieures à ce que tolèrent ses congénères. Une sorte de supersouris destinée aux amateurs de jeux sur ordinateur et les champions d'e-sports professionnels. Pris dans l’action, les gamers exécutent en effet des gestes très rapides avec de nombreux changements de direction, ce qui pousse les souris optiques à leurs limites.

Pour une souris tout terrain
Le concepteur de cette souris de compétition, Arash Salarian, travaillait en 2010 au Laboratoire d’analyse et de mesure du mouvement (LMAM) à l’élaboration d’une souris tout terrain qui puisse fonctionner de manière aussi efficace sur un tapis spécial que sur du verre ou tout autre surface. Les capteurs optiques fonctionnant sur la base de clichés successifs, ils ont besoin d’un minimum de contraste pour fonctionner correctement. Une technologie à base de gyroscopes et d’accéléromètres présente l’avantage d’être utilisable même sur les supports les plus uniformes. Le prototype développé avec cette technologie dite «inertielle» fonctionnait très bien à haute vitesse, mais perdait en fiabilité lors d’une utilisation de bureau traditionnelle.

Ce second avantage, supporter de vives accélérations, a permis à la technologie de rebondir vers une hybridation qui supporte sans heurt les combats, poursuites ou tout autre scène cruciale de l’action d’un jeu PC. L’idée du projet CTI qui a suivi fut donc de combiner grâce à des algorithmes la caméra optique pour les déplacements lents et le suivi inertiel pour les vitesses élevées. D’où son nom: «Fusion». Un microcontrôleur de 32 bits calcule la trajectoire toutes les millisecondes et donne l’ordre au système inertiel de prendre le relais passé une certaine allure. Cette souris dopée supporte une vitesse élevée au moins cinq fois supérieure à ses congénères optiques.

Des tests développés spécialement
Alors que les gamers, d’après les blogs et sites spécialisés, apprécient une réelle différence lors de l’utilisation de ce type de matériel dans la fluidité de l’action, «il est très probable qu’elle supporte une accélération encore plus importante, souligne Arash Salarian qui travaille aujourd’hui chez Logitech. Celle que nous avons mesuré correspond seulement au maximum des outils de tests.» Pour la petite histoire, les outils de mesure traditionnellement utilisés pour calibrer les souris ne suffisant pas à mesurer des vitesses aussi importantes, c’est un autre laboratoire de l’EPFL (LASA) qui a certifié l’appareil de test spécifique développé par Logitech.

La souris, appelée «gaming Logitech G402 Hyperion Fury » sur le marché, est un des multiples exemples de produits résultant de la collaboration entre l’EPFL et Logitech, entre la recherche appliquée et le développement commercial, qui mènent à un produit de masse innovant sur le marché mondial.