«La carrière scientifique est très attrayante»

Maryam Kamgarpour est professeure assistante tenure-track en ingénierie mécanique à l'EPFL. © Alain Herzog/EPFL

Maryam Kamgarpour est professeure assistante tenure-track en ingénierie mécanique à l'EPFL. © Alain Herzog/EPFL

Professeure assistante tenure-track, Maryam Kamgarpour vient d’arriver à l’EPFL. Elle développe des algorithmes de commande automatique précieux pour les systèmes intelligents et la robotique.

Elle voudrait le cacher, qu’elle ne pourrait pas. Maryam Kamgarpour a un large sourire quand son cœur parle : « J’aime mon travail de professeure, ma vie de scientifique, travailler sur des problèmes qui m’intéressent, aller à des congrès à travers le monde, découvrir de nouvelles recherches, pouvoir entretenir ma famille, faire ce que j’ai choisi. » Même si un poste de professeure assistante tenure-track requière de travailler tard ou d’avoir peu de temps à soi. Rencontre avec une nouvelle professeure de génie mécanique, à la Faculté des sciences et techniques de l’ingénieur, en quête de liberté, de sens, de réalité et de compréhension.

Maryam Kamgarpour est une spécialiste à la croisée des mathématiques appliquées, de l’ingénierie et de l’informatique. Elle conçoit des algorithmes pour les systèmes d’optimisation et de contrôle, en particulier en cas d’incertitude. On en rêverait pour gérer nos vies… Ses recherches théoriques s’appliquent aux défis de contrôle posés, par exemple, par les réseaux de transport et les réseaux électriques intelligents, la robotique ou la santé. Concrètement, dans sa thèse, liée au contrôle aérien, elle a conçu des algorithmes de planification de trajectoire, permettant d’éviter les autres avions et les orages, en incorporant les données probabilistes de météo, tout en assurant une route sûre et efficiente en énergie. Son talent n’a pas échappé à la NASA qui l’a gratifié du High Potential Individual Award et de l’Excellence in Publication Award.

A l'EPFL, il y a beaucoup d’occasions de faire ce que l’on aime et les conditions pour le faire sont excellentes.

Maryam Kamgarpour, professeure assistante tenure-track

Née en Iran, Maryam est partie à l’âge de 15 ans au Canada. Après un bachelor en sciences appliquées de l’Université de Waterloo, Canada, elle poursuit ses études aux États-Unis et obtient un doctorat en ingénierie de l’Université de Berkeley. « Je n’ai jamais senti d’obstacle pour me tourner vers les sciences. Au contraire. À l’école en Iran, les filles étaient séparées des garçons. Nous étudiions les mêmes sujets et ne subissions pas les stéréotypes de genre en nous orientant vers les sciences ou les maths puisque nos classes n’étaient composées que de filles. Pour les filles, les filières techniques et scientifiques sont très prometteuses et attirantes, car elles ouvrent la perspective de mener une vie réussie et d’atteindre l’indépendance financière. »

Elle traverse l’Atlantique pour l’ETH Zurich où elle commence à faire de la recherche, et décroche une bourse ERC Starting Grant en 2016. Travailler dans une école réputée et bénéficier de soutien administratif afin de se concentrer pleinement sur sa recherche ont pesé dans son choix de rejoindre l’EPFL, l’automne dernier. « Ici, il y a beaucoup d’occasions de faire ce que l’on aime et les conditions pour le faire sont excellentes. »

Se poser des questions

Sa motivation profonde, Maryam la tient de la curiosité, du désir de comprendre comment les choses fonctionnent ; comment s’imbriquent-elles les unes avec les autres. « Mon but n’est pas de voir des robots partout faire ceci ou cela, mais d’en comprendre leur fonctionnement, pour ensuite questionner les applications possibles. » À la science, elle ajoute le sens et la conscience. « Il ne faut pas seulement que les étudiants soient techniquement bons, mais qu’ils possèdent des valeurs pour guider ce qu’ils font. »

Dès le semestre prochain, la professeure enseignera un nouveau cours en bachelor, une introduction à l’intelligence artificielle, un sujet très populaire. « L’IA est partout y compris dans nos méthodes d’apprentissage, les étudiants doivent être conscients de cela, de son pouvoir. Et se poser des questions : dans quelles applications l’IA peut-elle réellement nous aider ? Où peut-elle servir le mieux ? En voulons-nous pour nous occuper des personnes âgées ou des jeunes enfants ? Qui conduit ces changements ? Des entreprises ? Il est important que les étudiants soient conscients des finalités de ces questions et y réfléchissent. » Plus personnellement, « que les choix de mes enfants ne les conduisent pas uniquement à leur propre épanouissement, mais bénéficient aussi à celui des autres. » Comme elle s’attache à le faire.