L'EPFL Valais fait revivre un buste de l'écrivain Maurice Zermatten

© Sacha Bittel

© Sacha Bittel

Grâce à une fraiseuse dernier cri de l’EPFL, un ancien buste du célèbre écrivain hérensard va être reproduit en plus grand. La statue de bronze ira ensuite orner la place entre Valère et Tourbillon.

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Rarement l’atelier mécanique de l’EPFL aura vu défiler autant de curieux. Tous se pressent devant la porte vitrée d’une imposante fraiseuse. A l’intérieur, une mèche sculpte minutieusement un buste. Et pas n’importe lequel puisqu’il s’agit de celui de Maurice Zermatten. Comment une reproduction du célèbre écrivain a atterri dans les locaux hi-tech de l’EPFL?

La belle histoire débute à l’occasion du festival de la correspondance Lettres de soie organisé à Mase en octobre dernier. «Mon papa a entretenu plusieurs correspondances avec d’autres artistes notamment Charles-Ferdinand Ramuz.. Manuella Maury a demandé à notre famille s’il était possible d’exposer ces lettres», se souvient Jean Zermatten, fils de Maurice. 

Retrouvé dans une caisse à vendange

En plus des missives, les organisateurs proposent d’ajouter des objets personnels de l’écrivain. En faisant des recherches, la famille tombe sur un buste au fond de la cave. «Il était dans une caisse à vendange, sous un linge. On ne s’en souvenait presque plus dans la famille.» Problème, l’objet qui semblait être en bronze est en fait en plâtre. Conséquence, le buste mérite un bon coup de restauration.

C’est là qu’intervient Pierre-Alain Bruchez, sculpteur amateur. «J’ai réalisé une copie en bronze pour sauvegarder le buste». A la vue de cette nouvelle version, la famille Zermatten propose à la Ville de Sion d’installer le buste sur la place Maurice Zermatten. Sauf que la reproduction est un peu petite pour les lieux. Il faut trouver un moyen de l’agrandir. Les imprimantes 3D sur le marché n’étant pas assez grandes, Pierre-Alain Bruchez tente de contacter l’EPFL.

Et la magie opère. Stéphane Voeffray, polymécanicien à l’antenne sédunoise a déjà réalisé ce genre d’opérations. Marc-André Berclaz,, directeur de l’antenne sédunoise donne immédiatement son accord. «Je trouve très original que l’EPFL s’implique dans un projet culturel. C’est un peu une manière de remercier la cité qui nous a accueillis.» Mais avant d’atterrir à Sion, le buste file dans un premier temps à Genève où il est numérisé au moyen de caméras 3D. L’échelle est ensuite agrandie une fois et demie. Les informations sont transmises à l’EPFL et la machine de précision se met au travail sur un bloc de résine synthétique.

Sous l’œil émerveillé de Jean Zermatten. «Le premier jour, je suis resté plus de deux heures devant la vitre à regarder le visage de mon papa prendre forme». L’enthousiasme est partagé par Robin Délèze qui travaille comme polymécanicien: «Notre boulot habituel est de créer des outils ou des pièces sur mesure pour les laboratoires de chimie. Ce projet sort vraiment du lot.»

Plusieurs étapes complexes avant l’exposition

Si tout se passe bien, le fraisage devrait être terminé cette semaine. Le plus dur reste ensuite à venir. «Il va falloir réaliser plusieurs moules positifs et négatifs. Un en polymère, le deuxième en cire puis le dernier en plâtre réfractaire. Restera ensuite le coulage du bronze qui est l’opération la plus délicate», note Pierre-Alain Bruchez.

Dans un mois, le buste en bronze devrait être terminé. Il faudra encore réaliser le socle et régler les ultimes détails avec la Ville de Sion. Mais Jean Zermatten n’est pas pressé. Il préfère retourner s’installer devant la vitre de la fraiseuse et contempler la petite mèche qui dessine peu à peu le visage de son père.