L'EPFL s'allie avec une pharma contre la tuberculose

Source: Clifton E. Barry III, Ph.D., NIAID, NIH

Source: Clifton E. Barry III, Ph.D., NIAID, NIH

La société pharmaceutique Nearmedic s’engage avec l’EPFL pour participer au développement d’un antituberculeux. Elle a acheté une licence couvrant l’exploitation de la molécule dans la plupart des pays de l’ex-Union Soviétique, où sévissent des souches multi-résistantes.

L’EPFL fait un pas de plus vers le développement de son antituberculeux. En mars, l’Ecole avait donné naissance à la fondation iM4TB, avec pour mission le développement d’un nouveau traitement extrêmement prometteur contre les formes multi-résistantes de la maladie. Une démarche peu commune, afin de pallier au faible intérêt de l’industrie pharmaceutique pour cette affection, qui continue de tuer plus de 1,3 millions de personnes par année. Les chercheurs sont parvenus à conclure un partenariat avec la société moscovite Nearmedic. Les pays de l’ex-Union Soviétique connaissent une inquiétante recrudescence de la maladie, sous une forme résistante à la plupart des traitements. C’est pourquoi les partenaires se sont engagés à mettre à disposition de la population un traitement efficace et abordable.

Dénommée «PBTZ169», la molécule s’avère très efficace en combinaison avec un traitement standard, la pyrazinamide, ainsi qu’avec un médicament plus récent, la bédaquiline, approuvé par l’Union européenne et la FDA américaine pour les cas de multirésistance. Selon Stewart Cole, qui a dirigé les recherches à l’EPFL en collaboration avec l’Institut Bach de Moscou, «ces molécules s’attaquent à des cibles différentes chez la bactérie. En les associant, nous réduisons drastiquement le risque qu’elle ne mute vers des formes résistantes».

Accélérer la mise sur le marché du traitement
Nearmedic compte plus de 2000 employés en Russie et dans le monde. La société est notamment connue pour avoir développé un système de diagnostic des tuberculoses multi-résistantes. Les licences qu’elle a achetées à l’EPFL serviront pour la plus grande part à financer les activités de la fondation iM4TB. La société russe bénéficiera des données produites par la fondation ainsi que de l’exclusivité des droits pour les pays de la Communauté des Etats Indépendants.

«Cette collaboration va permettre d’accélérer la mise sur le marché de notre molécule, explique Jean-Yves Gillon, directeur pour le développement de médicaments à la fondation iM4TB. La tuberculose multi-résistante représente un sérieux problème de santé publique, en Russie notamment, et nos partenaires sont extrêmement motivés.»

Une molécule simple à synthétiser, un traitement abordable
Pour l’heure, iM4TB reste détentrice des droits pour le reste du monde. «Nous restons ouverts à des partenariats pour d’autres régions, explique Stewart Cole. Mais la tuberculose ne suscite pas un grand intérêt chez l’industrie. Pour l’instant, cette maladie concerne surtout des populations défavorisées, et notre priorité reste la mise sur le marché d’un traitement à un prix accessible.»

Relativement simple à synthétiser, la molécule PBTZ169 peut être produite à moindre coût. Les premiers tests ont montré une bonne compatibilité avec les autres traitements antituberculeux et il est attendu qu’il soit aussi compatible avec les antirétroviraux contre le VIH – les personnes séropositives sont en effet particulièrement vulnérables face au bacille de la tuberculose, et les cas d’infections croisées sont en augmentation.