L'EPFL pave la route de l'avenir pour CarPostal

© CarPostal Suisse SA

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Une étude menée au sein de trois laboratoires de l’EPFL sur mandat de CarPostal SA identifie les besoins et les attentes de la population suisse en termes de mobilité «combinée», qui offre aujourd’hui le plus fort potentiel de croissance pour le transport de voyageurs au sein des agglomérations. Les bus jaunes auront encore de beaux jours devant eux s’ils savent s’adapter aux exigences de la société contemporaine.

Les cars postaux, qui sillonnent la campagne jusque dans les vallées les plus reculées depuis plus de 100 ans, font partie des icônes de la tradition suisse. L’évolution de l’organisation territoriale, de la répartition des populations, ainsi que de leurs besoins en termes de mobilité exigent toutefois que CarPostal Suisse SA, filiale de la Poste suisse, adapte sans cesse son offre.

Grâce à une étude de longue haleine – trois ans de travail, une vingtaine de chercheurs impliqués – nommée «Optima», commandée à l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne et dont d’importants résultats ont été publiés aujourd’hui, CarPostal dispose désormais d’outils supplémentaires pour orienter son développement stratégique de la façon la plus pertinente possible. Trois laboratoires ont participé aux travaux, dans le cadre du Centre de transport (TraCE) de l’EPFL: le Laboratoire de transport et mobilité (Transp-or) dirigé par Michel Bierlaire, le Laboratoire de sociologie urbaine (LASUR) de Vincent Kaufmann et la Communauté d’études pour l’aménagement du territoire (CEAT) dirigée par Martin Schuler.

Ces résultats intermédiaires montrent que le potentiel de croissance de CarPostal est important. Près des deux tiers de la population suisse vit en périphérie des agglomérations (c’est-à-dire ni en rase campagne, ni dans les centres-villes) et constitue un public cible idéal pour les services de CarPostal. L’offre pour les déplacements de loisirs et de shopping peut encore être renforcée. De plus, les Suisses jouissent déjà d’un sens aigu de la «multimodalité», c’est-à-dire du recours à plusieurs moyens de transports pour un même trajet, ainsi que d’une desserte ferroviaire parmi les plus étoffées au monde. Le système d’autopartage suisse Mobility, qui vient d'accueillir son 100000e client, est aussi l’un des plus performants d’Europe.

De nombreuses pistes à explorer
Les études qualitatives (analyse détaillée des déplacements de 20 Romands sur 10 jours) et quantitatives (questionnaire retourné par 2000 personnes de toute la Suisse) menées par l’EPFL ont permis de démontrer que plus de 80% de la population serait susceptible sous certaines conditions de recourir aux services de CarPostal ou de renforcer l’utilisation qu’ils en font déjà. Les chercheurs sont parvenus à de nombreux constats pouvant déboucher sur des mesures ciblées.

• Il existe ainsi un «seuil», établi à 12 courses aller-retour par jour, en-dessous duquel l’offre de CarPostal ne parvient pas à séduire les utilisateurs ;
• Une bonne coordination entre les horaires des cars et ceux des trains est cruciale: le renforcement des services de «rabattement» vers les gares fait partie des principales attentes de la population. L’absence de cadencement des horaires est d’ailleurs l’un des plus gros défauts observés sur certaines lignes de CarPostal et pénalise toute la chaîne des transports publics.
• Les utilisateurs des transports publics ne parcourent pas le même territoire que ceux qui se déplacent en voiture. Les premiers effectuent des «grappes» autour de leurs centres d’intérêt (regroupement des activités) tandis que les seconds tissent des «toiles» qui sillonnent tout le territoire ;
• Les «trous» dans l’offre de CarPostal aux moments creux de la journée ou le week-end pénalisent lourdement son succès car ils ne permettent pas l’improvisation. Des solutions originales qui offriraient en remplacement un service de taxis ou de vélos en libre-services durant ces périodes pourraient être un moyen économique d’y remédier ;
• L’image des cars postaux auprès de la population est encore largement influencée par la tradition: loisirs, promenades en montagne, etc. Beaucoup de ceux qui n’utilisent pas les cars postaux ignorent tout de l’offre existante et ont tendance à surestimer la durée des trajets. Des efforts d’information et de communication devront donc être menés pour convaincre de nouveaux utilisateurs – notamment en intégrant l’offre Publicar dans l’outil de planification des CFF (www.cff.ch). En outre, la différence de l’offre entre la Suisse alémanique (beaucoup plus importante) et la Suisse romande a des conséquences mesurables sur l’image que la population locale se fait des services de CarPostal.

Les pistes d’actions suggérées par l’EPFL au terme de cette étude sont volontairement très larges. Il incombe désormais à CarPostal de les analyser à l’aune de leur efficacité et de leur rentabilité. «Notre collaboration a été très fructueuse, déclare Gregor Ochsenbein, spécialiste de l’innovation chez CarPostal. Cela nous a permis de mieux comprendre les besoins et les habitudes de mobilité de nos clients actuels et potentiels, ainsi que de ceux qui n’utilisent pas du tout les transports publics. CarPostal pourra dès lors améliorer encore son offre et mettre en place des actions ciblées en faveur de la mobilité combinée.»