« Je me vois comme une créatrice de liens »

Dans le bureau de Claudia Noth, des tableaux sont le fruit d'une activité de team building avec toute l’équipe RH. © Alain Herzog/EPFL

Dans le bureau de Claudia Noth, des tableaux sont le fruit d'une activité de team building avec toute l’équipe RH. © Alain Herzog/EPFL

Arrivée au début de la pandémie, la directrice des ressources humaines de l’EPFL, Claudia Noth, partage son parcours, son expérience, ses perceptions, ses valeurs et son enthousiasme.

Claudia Noth est arrivée à l’EPFL le 1er avril 2020, soit 18 jours après le début du confinement. « Je suis une personne qui aime beaucoup le contact avec les gens, qui aime créer une relation et la maintenir dans le temps. De le faire par écran interposé était un grand défi !», précise la directrice des ressources humaines de l’EPFL. « Découvrir un environnement aussi diversifié que l’EPFL uniquement en virtuel dans un premier temps a été particulier. » Cependant, malgré le travail à distance du début, Claudia Noth s’est mobilisée pour que toute l’équipe des ressources humaines puisse accompagner au mieux le parcours professionnel des collaboratrices et des collaborateurs, et plus largement, qu’elle prenne soin du bien-être de la communauté de l’EPFL.

En arrivant dans de telles conditions, « j’ai le sentiment d’avoir bénéficié d’une bienveillance unique de la part de mes interlocuteurs, se souvient-elle. Par ailleurs, j’ai trouvé des personnes passionnées qui avaient un sentiment d’appartenance à l’EPFL beaucoup plus fort que ce que j’ai pu voir dans les institutions où j’ai travaillé précédemment. J’ai également été impressionnée de voir à quel point il y avait une grande préoccupation à l’égard des personnes qui composent la communauté et un réel souci du bien-être des différentes populations. C’est ainsi que sont nées les initiatives Selfcare et Teamcare. » Autre élément qui l’a frappée à l’EPFL : l’anti-pensée unique. Depuis son arrivée, Claudia Noth travaille avec toutes les différentes parties de la communauté de l’EPFL y compris avec le corps estudiantin, que ce soit à travers sa participation à la commission Covid ou pour le projet Harcèlement de A à Z.

« Les ressources humaines, j’y suis arrivée presque par hasard »

Petit retour en arrière. Née en Allemagne de l’Est, Claudia Noth a toujours eu pour leitmotiv de découvrir d’autres cultures. « J’ai un réel intérêt et une curiosité pour les autres, leurs valeurs et leurs manières de penser », dit-elle. Le meilleur moyen qu’elle trouve pour y parvenir est d’entamer des études de langues. C’est alors que le mur de Berlin tombe et dans la foulée les frontières pour l’étudiante. « J’ai quand même terminé mes études, car les langues sont un atout pour créer du lien. » Elle part à Londres, puis vient à Genève parfaire sa formation de linguiste. En parallèle, elle obtient un diplôme pour enseigner l’allemand. Prolongeant son séjour genevois de six mois en six mois, elle finit par s’y établir et commence sa carrière en tant que responsable de la formation chez Mercer, une entreprise importante dans le conseil en ressources humaines. Elle intègre rapidement les projets dans tous les domaines des RH. « Les ressources humaines, j’y suis arrivée presque par hasard, mais j’y suis toujours restée par conviction », résume-t-elle.

Claudia continue à se former avec un MBA, puis rejoint durant 10 ans le monde de la banque et presque autant l’industrie, avant de choisir l’EPFL. Elle ajoute encore à son CV un certificat d’administratrice de société et de master coach. « La formation me fournit la boîte à outils qui me sert aussi au quotidien. » Son prochain objectif de formation continue : se plonger dans la digitalisation pour optimiser les bénéfices de la transformation numérique pour le personnel et l’organisation. « La question aujourd’hui n’est plus de savoir « si » la digitalisation aura lieu, mais quel va être le prix si on attend trop. Surtout en termes de talents et de marque employeur. »

Il faut soigner et promouvoir la diversité. Et je ne parle pas que des genres, mais de la diversité en tant que telle.

Claudia Noth, directrice des ressources humaines à l'EPFL

Promouvoir des valeurs

Claudia se décrit comme une femme combative qui défend des valeurs plutôt qu’une combattante – « on arrive beaucoup mieux à convaincre en amenant les autres avec nous ». La diversité est une de ses valeurs clés. « Il faut la soigner et la promouvoir. Et je ne parle pas que des genres, mais de la diversité en tant que telle. Cela évite les angles morts dans notre réflexion. » L’orientation professionnelle en est une autre. « Il me semble important de promouvoir des parcours professionnels qui n’enferment pas, offrir une formation initiale qui permette aussi de changer de voie tout au long de son parcours professionnel ». C’est tant l’experte des RH que la maman de deux enfants aux études qui le dit. Autre contribution qui lui tient à cœur, le trio Caring, Daring et Sharing. « C’est-à-dire prendre soin des collaborateurs, les aider à prendre soin d’eux-mêmes, encourager le dialogue et les questions de manière constructive et respectueuse et promouvoir le partage de connaissances dans l’interdisciplinarité ».

Pour accomplir sa tâche, Claudia Noth se voit comme une créatrice de liens. « Les ressources humaines sont le facilitateur pour que l’École puisse remplir ses missions au mieux et pour que chaque collaboratrice et collaborateur puisse y contribuer tout en s’épanouissant. Cela s’applique aussi à mon équipe. » Une équipe qui, comme beaucoup d’autres unités de l’École, est toujours en grande partie en télétravail. Est-ce la solution d’avenir ? « Tout est une question de dosage, de confiance et de responsabilité. Je crois beaucoup aux avantages du travail hybride, dans l’idée qu’il faut travailler dans le lieu le plus adapté au type d’activité. Si je souhaite rencontrer des personnes et créer du lien, cela fait plus de sens d’être là physiquement. En revanche, si je dois préparer une rencontre ou une présentation, je peux le faire depuis n’importe où et quand je le souhaite à partir du moment où je peux m’isoler pour me concentrer sans être interrompue. Si je peux le faire depuis chez moi, et économiser le temps du trajet tout en réduisant mon empreinte carbone, pourquoi pas ? Et si en plus cela me donne la possibilité d’aller chercher mes enfants à la gare, c’est encore mieux ! »

Le sas de décompression

Reste à faire la part des choses quand les heures de bureau sont théoriquement terminées. Comment y parvenir quand on dirige une équipe de plus de 50 personnes au service de quelque 6’300 collaboratrices et collaborateurs ? « Si je suis passionnée par mon travail, je le suis encore plus par ma famille ! Déconnecter est une question d’hygiène de vie. Il faut un sas de décompression. Quand je vais au travail, c’est souvent le temps du trajet. A la maison, c’est l’escalier : j’éteins mon ordinateur et je descends l’escalier pour retrouver les miens. Certains jours, c’est plus facile que d’autres, je fais un effort conscient pour y arriver. » Claudia a une manière personnelle pour se ressourcer en faisant de la sculpture sur pierre et de la peinture. Une expérience qu’elle a partagée avec son équipe comme en témoigne les tableaux dans son bureau, en souvenir d’une activité team building avec toute l’équipe RH.

Reconnaissances suisse et internationale
L’expertise et les qualités professionnelles de Claudia Noth sont reconnues au plus haut niveau. Elle fait partie du jury du Swiss HR Award 2022 dans la catégorie « HR Trends – remote work ». En outre, elle a reçu en 2021 la distinction de «HR Leader of Distinction» par HRO Today.