«J'aimais les dimanches avant qu'ils ne ressemblent à la semaine»

© 2020 EPFL

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À Sion, Energypolis reprend vie, les laboratoires rouvrent, les chercheurs réinvestissent les lieux. Marc-André Berclaz, directeur opérationnel du site EPFL Valais Wallis, pose son costume «d’explorateur d’intérieur».

J’ai toujours aimé écrire, mais mes fonctions, très chronophages, limitaient mon temps d’écriture. Lorsque je pouvais prendre la plume, ma prose était plus destinée à des papiers de gestion de projets pour l’EPFL qu’à la littérature. Il m’est arrivé de rédiger des éditos, des billets sur l’innovation dans le Nouvelliste, c’est tout.


Marc-André Berclaz est devenu "l'explorateur d'intérieur" de son appartement à Sierre

Au début du confinement, je devais partir en vacances ; tout a été annulé. En me réveillant un matin, je me suis dit que j’allais partir en vacances dans mon salon. J’ai écrit quelques lignes sur Facebook et les retours étaient tellement nombreux que je me suis pris au jeu. J’ai inventé « l’explorateur d’intérieur », mon alter ego. J’ai commencé par expliquer mes démêlés supposés avec tous mes appareils ménagers, puis exploré toutes les pièces de mon logement, notamment la cave où j’ai fait de la spéléo. J’ai raconté les rapports des homo sapiens dans leur grotte du 21e siècle, leurs relations. J’ai sondé mes états d’âme et regretté le temps où les dimanches ne ressemblaient pas à la semaine. Au début, mes papiers étaient destinés à faire rire ma compagne, car nous vivions dans une atmosphère de catastrophisme et je voulais, modestement, apporter une note légère en nous déconnectant d’une réalité trop anxiogène.


De la spéléo dans la cave

La reprise, c’est un peu le Far West !
Pendant 7 semaines, nous avons fermé les accès d’Energypolis à Sion, seuls les deux magasiniers se relayaient pour assurer l’entretien du bâtiment. Avec le déconfinement, je sens une grande impatience chez nos chercheurs. Les règles sont sévères et nous devons gérer des problèmes aussi variés que la disposition des tables dans la cafétéria, la désinfection des microondes. Il y a aussi le colossal chantier de 50 millions de francs qui devait nous livrer 700 m2 de laboratoires fin avril. Il a été reporté, au mieux, à fin juillet.

La reprise, c’est un peu le Far West ! Avant le coronavirus, certains chercheurs avaient effectué leurs commandes de matériel. Il est resté coincé dans les hangars des fournisseurs. Aujourd’hui, ces derniers veulent livrer leurs marchandises au plus vite afin de les facturer. C’est ainsi qu’un semi-remorque est arrivé un matin à 8h sans crier gare, rempli d’équipements pour nos nouveaux laboratoires.


Le Campus d'Energypolis s'agrandit avec, notamment, la construction de la HES © EF architectes Sion

Éliminer le mauvais stress
J’ai 65 ans et durant le confinement, je suis resté sagement calfeutré dans notre appartement à Sierre. Je devais prendre ma retraite en février, mais la direction de l’EPFL m’a proposé de continuer pendant deux ans à 60%. Je me suis dit : « Chouette, j’ai 40% pour moi ! » C’était sans penser que ce pourcentage serait dédié à mes engagements pour la ville de Sierre.

Je retiendrai de cette expérience la meilleure qualité de vie. Avec le télétravail, on ramène beaucoup moins de stress de l’extérieur, les tensions disparaissent. Depuis le déconfinement, la vie est repartie à toute vitesse, presque comme avant. Mais je me réjouis de retrouver cette qualité de vie au terme de ce projet passionnant.


Energypolis rouvre ses portes aux chercheurs à la rue de l'Industrie © Alain Herzog