«Il faut utiliser ce qui a été fait comme tremplin»

© Alain Herzog/ 2018 EPFL

© Alain Herzog/ 2018 EPFL

Jürg Schiffmann, responsable du laboratoire conception de mécanique appliquée, enseigne à l’EPFL depuis cinq ans. La section de génie mécanique l’a distingué cette année comme meilleur enseignant.

Sur le rayon d’une étagère, une vieille turbine d’hélicoptère tranche avec la blancheur immaculée des lieux. Situé à Neuchâtel, au cœur du bâtiment Microcity, le bureau de Jürg Schiffmann trahit sa passion pour la mécanique. Le professeur assistant tenure track a hérité cet amour des machines de son père, ingénieur appréciant explorer les mystères de différents rouages et réparer lui-même ses véhicules. « Je conseille toujours aux étudiants d’aller dégoter de vieilles machines pour les démanteler. Il faut utiliser ce qui a été fait comme tremplin pour aller plus loin. » Après plusieurs années passées dans le milieu industriel, Jürg Schiffmann, responsable du laboratoire conception de mécanique appliquée, enseigne à l’EPFL depuis cinq ans. En raison de la qualité de ses cours et de ses excellentes évaluations, la section de génie mécanique l’a distingué cette année comme meilleur enseignant.

Le professeur assistant enseigne deux cours obligatoires de systèmes mécaniques pour les élèves en 2e et 3e année de Bachelor ainsi qu’un cours d’« Applied mechanical design » pour les étudiants de Master. «Mon but est de transmettre ma passion, les frissons que l’on peut ressentir lorsqu’on arrive à faire fonctionner une machine. » Pour permettre aux élèves de mieux assimiler des concepts complexes au premier abord, le créatif ingénieur privilégie les exemples concrets et une approche orientée projet. Évitant l’ennui que peuvent procurer des cours de type listing des éléments d’une machine.

Constante remise en question

«J’aime bien exposer tôt les étudiants à des situations qu’ils retrouveront dans le milieu industriel.» L’ingénieur, spécialisé dans la recherche sur les turbomachines à faible taille, privilégie les problèmes ouverts et n’hésite pas à entraîner ses assistants dans des jeux de rôle où ils occupent tantôt la fonction de client, de conseiller ou de responsable projet. Dans le cadre du cours de Master, il confronte les élèves à un projet à caractère industriel, un défi imaginé en amont avec toute son équipe. Par exemple, il y a deux ans, les étudiants ont dû conceptualiser un système intégré à une machine Nespresso, permettant de séparer le marc de l’aluminium des capsules usagées. Un projet qui a enthousiasmé les élèves à tel point qu’un groupe a même décidé de breveter son invention en vue de la création d’une start up.

Une gratification pour le professeur assistant qui se remet constamment en question. «La première volée d’étudiants que j’ai eue à l’EPFL a descendu mon cours, c’était très dur, mais j’ai pris en compte leurs critiques et je suis reparti de zéro. Désormais j’ai des bons retours et j’encadre même deux doctorants de cette première volée. Je n’ai plus eu besoin d’avoir la peau épaisse.» L’ingénieur en mécanique soigne particulièrement la structure de ses cours. S’inspirant d’un de ses anciens professeurs, il réalise au début de chaque leçon un résumé du cours passé et dès la rentrée il proposera aux étudiants un quizz anonyme à la fin de chaque sujet traité pour mieux identifier leurs lacunes. « J’aimerais aussi étoffer mon support avec plus d’exemples et d’animations et pourquoi pas tester à l’avenir la classe inversée. »