Finaliste Prix EPFL de doctorats 2019 – Sonia Curnier

La reconnaissance durant la seconde moitié du XX^e siècle du rôle primordial des espaces publics comme garants d’une certaine qualité de vie urbaine a ouvert la voie à une réévaluation de leur conception. Ce renouvellement s’est traduit par l’apparition de nouveaux profils de concepteurs, la valorisation de nouveaux types de lieux et la prise en compte de nouvelles pratiques urbaines. De manière plus surprenante, on observe depuis le tournant du XXI^e siècle une singulière diversification de spécificités formelles et matérielles, ainsi que l’émergence de nouveaux champs référentiels, qui semblent conduire à une autonomisation des espaces publics dans le tissu urbain.

En quelques décennies seulement, le domaine de la conception d’espaces publics s’est littéralement métamorphosé, sans que les mutations du paysage urbain qui en résultent soient pour autant véritablement interrogées. L’ambition de cette recherche était de combler cette lacune en portant un regard critique sur la conception contemporaine en Europe, au travers d’analyses de projets s’appuyant sur des visites in situ, des archives (analyse génétique) et des entretiens avec les concepteurs. Celles-ci ont révélé une tendance à particulariser les aménagements et de manière presque contradictoire à les universaliser simultanément. Ces phénomènes contribuent selon nous à faire des espaces publics des objets per se, en les rendant à la fois autonomes et transposables.