EPFLoop dans les starting blocks à Los Angeles

© 2019 EPFL / Alban Kakulya

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Dimanche aura lieu la finale de la SpaceX Hyperloop Pod Competition. Les étudiants de l’EPFL font partie du trio de tête, et la finale se jouera à la vitesse dans un tube sous vide.


Pour les 21 équipes sélectionnées, la SpaceX Hyperloop Pod Competition est bien plus qu’un concours de la capsule la plus rapide dans un tube sous vide. Une fois le ticket pour Los Angeles décroché, une véritable course d’obstacles s’engage pour se qualifier à la finale qui aura lieu dimanche dès 20 heures (heure suisse.) Seules les équipes qui auront passé avec succès les quelque 140 tests qualificatifs et éliminatoires auront le privilège de tester leur capsule dans le tube de SpaceX. Vendredi matin, Bella Lui, le prototype des étudiants de l’EPFL se plaçait dans le trio de tête au coude à coude avec celui de leurs collègues de Zurich et des vainqueurs de l’an dernier, Munich University of Technology.

La confiance était d’autant plus grande hier que pour la première fois de la semaine, l’équipe d’EPFLoop a pu insérer sa capsule dans le tube de SpaceX afin de tester ses performances à l’air ambiant. En lisière de l’aérodrome d’Hawthorne, au cœur de Los Angeles, le tube ressemble à un gros pipeline blanc d’un peu moins de deux mètres de diamètre, juché sur des blocs de béton et protégé d’une artère à quatre voies par des plots de chantier rectangulaires. A l’entrée du boyau de 1,6 kilomètre, une estrade permet de mettre à niveau les capsules afin de les lancer sur un rail en aluminium. «Le but des tests d’aujourd’hui était de valider le système de freinage et la capacité du système autonome de conduite à compléter la mission dans les paramètres attendus», détaille le professeur Mario Paolone, conseiller principal de l’équipe.

Longue liste de procédures

Au terme de trois tests, croissant en vitesse, l’équipe ne cachait pas sa joie. Bella Lui a réussi à atteindre la vitesse de 158km/h à 188 mètres. Au final, une différence - négligeable à cette échelle - d’un mètre entre les données fournies par la capsule et la mesure effective prouve que les deux buts sont largement atteints. Le tout sous les yeux admiratifs des inspecteurs de SpaceX et de Boring Compagny, entreprises d’Elon Musk. À titre de comparaison, à Lausanne, la rampe d’essai de 120 mètres construite sous la diagonale de l'EPFL n’avait permis d’atteindre que 75km/h à 45 mètres.

Pour ces quelques secondes décisives, accompagnées d’un silence tendu et suivies d’un concert d’applaudissements, il a fallu près de deux heures de préparation minutieuse sous le soleil californien. Car chaque manipulation, du branchement des batteries à l’alimentation des freins à air comprimé, en passant par le transport de la capsule sur la plateforme, est soumise à une liste de procédures digne d’un atterrissage sur la Lune. Au siège de SpaceX, on s’y connaît en procédures de vol et on ne plaisante pas avec la sécurité. Une grande partie des tests qualificatifs est du reste liée aux procédures, et l’équipe a beaucoup appris dans ce sens de son expérience de l’an dernier. «Les procédures strictes sont aussi essentielles pour contrer les failles potentielles du facteur humain», rappelle André Hodder, un des conseillers d’EPFLoop.

Imprévus et assurance

C’est que depuis 10 jours, les 25 étudiants n’ont pas vraiment connu de nuits complètes. Depuis l’arrivée par avion de leur prototype en kit, ils n’ont eu de cesse de le remonter, le tester et surtout répondre aux imprévus. Des écrous qu’il a fallu dénicher en dernière minute pour répondre aux exigences des organisateurs. Un câble d’alimentation qui se fait sectionner par mégarde. Une défaillance de chargeur. Et quand la mécanique, l’électronique, la structure, les batteries, les freins, la stabilité, la propulsion fonctionnent, le liant reste l’avionique, la communication autonome entre tous les sous-systèmes. Quand on veut atteindre des vitesses de plus de 500km/h, on ne peut se permettre aucune défaillance. L’humain est à ce stade dépassé par la machine.

Samedi, les organisateurs décideront quelles équipes pourront réaliser le concours de vitesse dans le tube sous vide. Vu le temps nécessaire aux procédures, auquel il faut ajouter bien 45 minutes pour mettre le tube sous vide, seuls trois ou quatre participants auront ce privilège. L’an dernier, trois équipes avaient été qualifiées pour cette ultime étape dont celle de l’EPFL, aux côtés de celles de Delft et de Munich. Cette année, les deux équipes suisses sortent du lot ainsi que les deux Européennes. Mais tout peut encore arriver.