EPFL Valais: il analyse des diamants venus de l'espace

© 2018 Sacha Bittel

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Responsable de la microscopie électronique de l'EPFL Valais, Emad Oveisi a analysé le cœur de la «météorite de diamant» tombée dans un désert du Soudan en 2008. Ses observations ont permis d'en comprendre un peu plus sur notre système solaire.

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L’EPFL Valais a participé à l’analyse par microscope de la «météorite de diamant» tombée dans le désert de Nubie, au Soudan, en 2008. Grâce à une technique développée par le Dr Emad Oveisi, responsable de la microscopie électronique de l’antenne sédunoise, l’équipe chargée du projet à l’EPFL a pu établir avec certitude que les diamants contenus dans la météorite ne pouvaient avoir qu’une seule origine: la pression générée par une planète de notre système solaire, aujourd’hui disparue. Depuis quelques semaines, plus de 130 médias internationaux se sont fait l’écho de cette découverte.

Encore le hasard

C’est par hasard que des scientifiques du laboratoire du Prof. Philippe Gillet ont découvert la preuve d’un ancien «embryon» planétaire. «Ils cherchaient des informations dans une zone de la météorite à la frontière entre les microdiamants et le graphite qui composent partiellement les débris. A ce moment-là, ils sont tombés sur des inclusions et m’ont demandé d’intervenir. J’ai découvert qu’elles se situaient au cœur même du diamant», explique le chercheur iranien domicilié à Savièse. C’est la première fois que des impuretés sont observées dans un corps extraterrestre. «On a découvert qu’elles étaient constituées de chromite, de phosphate et de sulfures de fer-nickel», précise-t-il encore.

Or, la composition de ces inclusions ne peut s'expliquer que si la pression sous laquelle les diamants ont été formés était supérieure à 20 GPa (gigapascals, l'unité de pression). Et ce niveau de pression ne peut être atteint que si le corps d'origine était un «embryon» planétaire d'une taille comprise entre celles de Mercure et de Mars. C’est à l’aide de l’infiniment petit que l’infiniment grand peut être apprécié dans toute sa complexité. C'est d'ailleurs la raison pour laquelle le Dr Emad Oveisi a choisi cette direction professionnelle. «La beauté de mon travail, c'est d'avoir la possibilité de visualiser des éléments ou des concepts qu’on imaginait exister, mais dont on n’avait jamais pu prouver l’existence.»

Vers l’infiniment petit

Avec l’évolution des sciences et l’avènement des nanotechnologies apparaît le besoin de plonger toujours plus profondément dans la matière. Il y a quelques semaines, la Prof. Wendy Queen a publié les résultats de sa découverte, un «matériau éponge» capable de purifier l’eau de ses métaux lourds. Elle a pu prouver que lesdits métaux avaient bel et bien été enfermés à l’intérieur de son invention grâce au travail de l’équipe microscopie de l’EPFL Valais.

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Le projet de cellules photovoltaïques du Prof. Mohammad Nazeeruddin exige également des observations ultraprécises. «Les observations avec un microscope électronique aident à développer des stratégies pour améliorer l’efficacité et la durabilité des cellules solaires, par exemple en étudiant l’effet de différents traitements sur la composition même de la cellule», poursuit le Dr Emad Oveisi.

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Des images microscopiques en 3D

Emad Oveisi a récemment développé une nouvelle technique afin de représenter en 3D un objet microscopique de la taille d’une cellule, voire plus petit. La technique, publiée dans la revue «Scientific Reports», repose sur une variante de la microscopie électronique à transmission dans laquelle un faisceau d'électrons effectue un balayage de l'échantillon. La nouveauté de la méthode réside dans le fait qu'elle peut acquérir plusieurs images différentes en une seule prise de vue, offrant ainsi une sensation de trois dimensions. De plus, elle ne soumet l’échantillon qu’à une dose très limitée d’électrons, ce qui ralentit sa détérioration.