Enseigner la programmation pour smartphone en Afrique
Deux équipes de la Faculté Informatique et Communications de l'EPFL se sont rendues au Bénin et au Cameroun pour donner des cours de programmation. Retour sur une expérience utile et enrichissante.
Internet pourrait être une manière de rendre plus efficaces et plus transparents le commerce et l’administration africains. Si la majorité des habitants ne peut pas acheter un ordinateur, nombreux sont ceux qui disposent d’un téléphone portable, et auront probablement un smartphone d’ici quelques années. Ils pourront ainsi se connecter à internet. Un large champ d’activités s’ouvre donc aux concepteurs d’applications.
Forts de cette constatation, deux groupes de la Faculté Informatique et Communications de l’EPFL sont partis respectivement à Douala, au Cameroun, et à Cotonou, au Bénin, pour enseigner la programmation sur téléphones intelligents. C’est une application didactique intitulée «PicsApp» qui permet l’échange de photographies annotées au sein d’un groupe d’amis qui a servi de support au cours. A partir de cette application, des modules d’enseignement pour la programmation Java sur smartphone et pour la création de serveurs Web ont été conçus comprenant notamment les bases de la programmation Java et la création d’interfaces sur smartphones Android.
Des élèves motivés
Les élèves de cette formation entièrement gratuite provenaient pour la plupart de la dernière année du cursus master de l’Université, ou de la troisième année d’un cursus bachelor de HES privées. Quelques étudiants étaient des professionnels, stagiaires ou employés auprès d’un organe étatique (hôpitaux) ou d’une grande entreprise (télécoms). Sur les 60 candidatures pour le cursus de Cotonou, 43 candidatures ont été sélectionnées et 40 attestations de réussite ont été délivrées. Sur les 43 candidatures pour le cursus de Douala, 33 candidats ont été sélectionnés, dont 9 femmes. Parmi eux, 28 ont obtenu leurs attestations de réussite indiquant avoir effectué les exercices pratiques et réussi le projet de programmation "PicsApp".
Motivés par ces cours intensifs dont ils ont rarement l’occasion de bénéficier, les étudiants se sont montrés très intéressés et assidus, n’hésitant pas à travailler tout l’après-midi au laboratoire, puis jusque tard dans la nuit chez eux si nécessaire. L’organisation a été coordonnée par Pierre-Yves Rochat, chargé de cours EPFL et enseignant en Afrique francophone, ainsi que par ses assistants africains, Géraud Da-Gbadji à Cotonou et Cédric Lako à Douala. De l’EPFL, se sont Claude Petitpierre, professeur, et Oriane Rodriguez, Elodie Triponez, et Alexandre Nyemeck, étudiants qui ont enseigné à Cotonou. Alors que Roger Hersch, professeur, s’est rendu à Douala accompagné des étudiants Bruno Didot, Frédéric Sabatier et Alexandre Chappuis. Sur place, les étudiants EPFL ont enseigné bénévolement. La préparation, le voyage et les frais de résidence ont été financés par un octroi du Centre coopération et développement de l’EPFL (professeur Jean-Claude Bolay) ainsi que par des revenus de licences sur brevets et technologies.
Intéressés à enseigner en Afrique ?
Un cours d’été pourra être réitéré en 2013, peut-être couplé à un enseignement de base par voie électronique (Massive Online Open Courses). De plus en février 2013, un cours intensif de conception de circuits en VHDL sera donné à l’Ecole Polytechnique de l’Université de Abomey-Calavi (EPAC), à Cotonou, par René Beuchat, chargé de cours de l’EPFL. D’autres sessions seront probablement mises sur pied. Des contacts ont été établis avec les directeurs des facultés technologiques des principales Universités et HES (privées) des régions de Cotonou au Benin et de Douala au Cameroun. A Douala, une HES est particulièrement intéressée pour des cours bloc d’une durée de 2 semaines, dans les domaines de l’informatique et du traitement des signaux.
« Enseigner dans ce contexte est doublement gratifiant », s’enthousiasme le professeur Roger D. Hersch. « D’une part les étudiants sont extrêmement motivés, car cette formation ainsi que l’attestation délivrée augmentent très fortement leur chance de trouver un emploi ou de se mettre à leur compte. D’autre part, les prix des smartphones ne cessent de baisser, tandis que les ordinateurs restent inaccessibles. Enseigner la programmation sur smartphone, c’est contribuer à offrir au public africain une ouverture à Internet. »
Les étudiants, assistants, collaborateurs scientifiques et professeurs intéressés peuvent dès à présent contacter le professeur Roger D. Hersch pour le cours d’été 2013 ou pour enseigner un cours bloc.