Du soleil, du café et des microbes
Ces trois ingrédients parfois synonymes de vacances pour les uns furent sujet d'étude cet été pour quelques étudiants de l'EPFL dans les laboratoires de la Universidad del Valle à Cali en Colombie, dans le cadre du plan bi-annuel EPFL-UNIVALLE.
Du soleil
Les tropiques ne défaussaient pas les espérances et le soleil fût au rendez-vous. Hachem Zneidi et des chercheurs du GAOX utilisent cette inépuisable source d'énergie pour contaminer l'eau de différents polluants chimiques et biologiques. Le toit du bâtiment est alors transformé en laboratoire à ciel ouvert où s'entassent pompes, tuyaux et miroirs dans le but de mettre au point différents traitements qui auraient l'avantage d'être très peu gourmand en énergie et par conséquent très peu couteux.
Du café
Yahya Benzarti tape sur un clavier; ce n'est pas précisément un carnet de voyage mais des méthodes statistiques qui permettent de classer le café en fonction de son espèce, de sa variété et même de sa provenance. Des chercheurs du DAMRN ont en effet perfectionné un système expert qui permet d'obtenir un profil de chaque échantillon de café par résonance magnétique nucléaire de manière totalement automatique. Yahya et ses fonctions permettent quant à elles de traiter cette montagne de données en ligne de manière transparente, et de créer des rapports automatiques pour Almacafé, l'industrie chargée de contrôler les cafés colombiens vendus dans le monde.
Des microbes
Pour les quatre autres étudiants, Natasa Stojanovic, Quentin Cabrol, Gael Grosh et Gabriel Laupre, ce furent les microbes. A la différence de ceux qui gâchent nos vacances, ceux-ci sont sous contrôle dans un bioréacteur, unique environnement où ils acceptent de s'acquitter de leurs tâches: fixer l'azote contenu dans l'eau sous forme de sel d'ammonium ou de nitrates entre autres et le rejeter sous forme de N2 gazeux. Ces sels utilisés en masse par les industries locales et par l'agriculture conduisent les cours d'eau et leur faune vers une lente asphyxie. Leur mission: créer un prototype de bioréacteur complètement automatique qui permettra de déterminer les conditions optimales pour les bactéries annamox, une adaptation qui peut prendre de longs mois.
Le décor
Depuis plusieurs années le plan bi-annuel entre l’EPFL et la Universidad del Valle - UNIVALLE (Cali, Colombie) est le décor de collaborations entre groupes de recherche des deux pays. Outre cette contribution « semence » apportée par l’EPFL et UNIVALLE, ces projets ont étés soutenus par différentes institutions colombiennes aussi bien que par le FNS et la DDC en Suisse pour un montant total d’environ 3 millions de CHF.
Cela a permis la réalisation de nombreux doctorats dans les deux pays ainsi que des publications communes dans les meilleurs journaux scientifiques des différents domaines traités. C’est dans ce cadre que des dizaines de chercheurs, jeunes et moins jeunes, essayent en commun de proposer des solutions innovatrices aux problématiques de notre temps, en particulier celui de la contamination des eaux, mais aussi celui de l’accès aux outils informatiques de pointe.
Ces collaborations se créent, s’entretiennent, se métamorphosent, mais reposent toujours sur la volonté et la disponibilité de personnes, qui croient en une recherche pour tous. Dans tous les cas, ces échanges sont générateurs d’expériences professionnelles inoubliables et formatrices. Plus haut nous racontions l’expérience de 6 étudiants de l’EPFL voyageant en Colombie et au moment de lire ces lignes, 3 étudiants de Cali partagent la vie universitaire de l’EPFL, tout juste comme si la science n’avait pas de frontière!