Des patches pour détecter l'aggravation des maladies virales

Une spin-off de l’EPFL, Xsensio vient d’obtenir un financement de 1,8 million de francs de l’Union européenne pour adapter ses patches d’analyse en continu des biofluides à la détection d’aggravation de maladies virales comme la grippe ou le COVID-19.


L’aggravation d’une maladie virale comme la grippe ou le COVID-19 est précédée par une augmentation des marqueurs inflammatoires dans les fluides corporels. Analyser en continu les biofluides à la surface de la peau permettrait de détecter ce pic et d’intervenir très rapidement afin d’éviter des complications et ainsi sauver des vies. Xsensio, spin-off de l’EPFL, vient d’obtenir un financement européen de 1,8 million de francs pour adapter aux marqueurs spécifiques de ces inflammations son système de minuscules capteurs intégrés sur patch. Sur les 1400 candidatures, seuls 36 projets ont été retenus par le Conseil européen de l’innovation pour ce programme de financement sur deux ans, destiné à la lutte contre le Covid-19.

De nombreux biomarqueurs suivis simultanément et en continu

« Xsensio avec sa technologie Lab-on-SkinTM très miniaturisée, veut rendre possible l'accès en continu aux biomarqueurs pour la santé de demain », note Esmeralda Megally, CEO. Le dispositif développé par la start-up vise à mesurer en continu des paramètres biochimiques qui sont actuellement saisis à un temps T grâce à une analyse de sang en laboratoire.

À l'intérieur du patch, une puce dotée de canaux microfluidiques
© 2020 Alain Herzog

Le système se présente sous la forme d’un patch à coller sur la peau doté d’une petite puce de 5 mm de côté sur laquelle pourront être placés plusieurs milliers de minuscules capteurs dotés de couches biochimiques différentes selon le marqueur (protéines, électrolytes, métabolites et molécules) à reconnaître. Un système microfluidique conduit par capillarité une infime quantité de biofluide vers ces capteurs. Le résultat de l’analyse, qui se fait sur la puce, est envoyé en temps réel par bluetooth à une application pour Smartphone, afin d’être accessible à tout moment par le patient, son médecin ou même - pour certaines applications – par des athlètes et leur coach. De par leur structure, les capteurs miniaturisés consomment très peu d’énergie. Selon les applications, les patchs pourront être utilisés entre une journée et une semaine.

La taille extrêmement réduite de ces capteurs développés en collaboration avec le Nanolab de l’EPFL, ainsi que la possibilité de varier la surface biochimique, rend le système modulable et adaptable à de nombreuses situations de monitoring. Un autre projet européen orienté vers l’analyse des sportifs de haut niveau ainsi qu’un accord de 18 mois ans avec l’une des dix plus grosses entreprises de biopharma notamment, ont permis à la start-up d’étendre les possibilités de sa plateforme « wearable ». « Ces deux prochaines années, nos chercheurs vont s’atteler à développer de nouveaux capteurs pour la détection d’une inflammation virale, puis à paramétrer le système pour obtenir des données fiables dans un cadre médical», souligne Esmeralda Megally, CEO.

« Stratégiquement, nous avons fait le choix de développements destinés notamment au domaine médical avec toute l’exigence de précision et fiabilité qui le caractérise, mais notre système pourra aussi être développé pour des applications de santé comme les montres connectées par exemple ». Fondée en 2014, l’entreprise qui est sur le point d’emménager au parc de l’innovation de l’EPFL, entend surfer sur la vague de deux domaines en plein essor : la santé connectée, ainsi que les technologies de l’électronique souple et miniaturisée, destinées à être portées sur la peau.