Découvrez l'interview d'Aryan, postdoctorant au laboratoire IBOIS

Dr. Aryan R. Rad© 2020 Lausanne

Dr. Aryan R. Rad© 2020 Lausanne

Aryan R. Rad a obtenu son doctorat à l'IBOIS (Laboratoire des Constructions en Bois) en avril dernier. Depuis mai, il poursuit ses recherches en tant que post-doctorant au sein du laboratoire IBOIS. Il a accepté de répondre à nos questions, pour partager avec nous son parcours et son travail.

VP: Aryan, peux tu te présenter et nous résumer ton parcours professionnel ?

ARR: Je suis ingénieur civil et je me suis spécialisé en génie des structures. Mes domaines d'expertise comprennent l'ingénierie assistée par ordinateur, les simulations numériques, la programmation informatique, la dynamique des structures ainsi que la conduite de tests expérimentaux (sur des maquettes physiques). J’ai obtenu mondiplôme de Master of Science. à l'École polytechnique de Téhéran en 2015, puis j’ai rejoint le laboratoire IBOIS de l’EPFL pour y effectuer mon doctorat.


VP: Comment et pourquoi as-tu choisi de faire un doctorat au sein de l’IBOIS ?

ARR: Durant mes études, j’ai eu l’occasion de me familiariser avec les structures en bois, lorsque j’ai collaboré avec le Prof. Dr. Henry V. Burton à l'Université de Californie (Los Angeles, UCLA). Par la suite, j’ai découvert plusieurs travaux de recherche de l'IBOIS qui m'ont beaucoup intéressés. Le travail de recherche interdisciplinaire, qui combine les connaissances de l'architecture et de l'ingénierie numériques, est une caractéristique unique et attrayante de ce laboratoire. Et c’est cet aspect qui m’a motivé à postuler pour un doctorat.


VP: Comment as-tu défini ton sujet de thèse? Quels sont les principaux objectifs de ta recherche ?

ARR: Dès le début de mon doctorat, j'ai eu la possibilité de collaborer étroitement avec mes directeurs de recherche, les professeurs Dr. Yves Weinand et Dr. Henry Burton. Grâce à ces échanges, j’ai pu clarifier mes objectifs de recherche, et développer mon plan de thèse. Je leur adresse mes vifs remerciements. Lors de ma première année de doctorat, j’ai ainsi défini un cadre clair, j'ai lu des centaines d'articles, amélioré mes compétences en programmation et, surtout, j'ai mené des études pilotes.
Mon champ de recherche inclut les disciplines de l'informatique, de l'architecture numérique et du génie des structures, et est orienté vers le développement d'un nouveau modèle de conception interactif pour les structures en bois conçues numériquement. Pour ce faire, j’ai mené des études expérimentales afin de décrire et caractériser numériquement le comportement des connexions bois-bois. J’ai ainsi développé et présenté un modèle macroscopique innovant, qui permet de simuler le comportement structurel de coques réalisées en plaques de bois. Ce modèle macroscopique permet en fait de prédire le comportement d’une structure et d’effectuer des calculs statiques très précis dans un temps considérablement réduit. Ce modèle est parfaitement adaptable à la conception de structures en bois de grande dimension. Dans ce type de structure, les contraintes statiques sont très importantes et jusqu’ici il était compliqué de les analyser et les optimiser avec précision, et surtout, leur calcul prenait beaucoup de temps.


VP: Quelles ont été tes principales réalisations ?

ARR: Eh bien, c'est une question difficile ! Je pense que chacune des avancées de ma vie professionnelle représente une réussite. Néanmoins, le développement d'un modèle de conception collaborative, où différentes disciplines peuvent interagir entre elles, a été l'un des principaux aboutissements de ces années de recherches. Dans mon domaine de recherche précis, la réalisation la plus notable à mes yeux, est le développement et l’introduction d’un modèle mécanique macroscopique pour des structures en plaques de bois. Ce modèle est capable de simuler différentes structures en panneaux de bois, avec des géométries variables qui vont de formes standard (dalles) à des formes dites libres, beaucoup plus complexes à analyser. Enfin, (et c’est une étape essentielle), au cours de mon doctorat, j’ai pu vérifier l’efficacité de ce nouvel outil de conception numérique via l’application directe de ce macro-modèle à des prototypes physiques.


VP: Quels ont été les principaux défis auxquels tu as été confronté pendant ton doctorat ? Est-ce que cela a eu une influence sur ton sujet d’étude ?

ARR: Je dirais que la gestion du temps et du stress étaient les principaux défis. Mais en apprenant à gérer ces deux aspects, j’ai finalement pu les apprivoiser et les tourner en ma faveur pour être plus efficace !


VP: Selon toi, comment le fait d’avoir fait un doctorat a affecté ta façon de penser et ta manière de travailler ?

ARR: Je crois que faire un doctorat est une excellente (et unique) occasion pour chaque candidat d'apprendre différentes compétences… Penser de manière systémique et organisée, essayer d’aborder les problèmes sous différents angles, gérer son temps, son stress, améliorer ses compétences en communication, apprendre les codes de la rédaction académique, élaborer la conduite de sa propre recherche, ou encore la collaboration avec ses collègues sont quelques-unes des compétences les plus précieuses que j'ai acquises pendant ces quatre années.


VP: Quelles sont tes aspirations professionnelles, maintenant que tu as achevé avec brio ton doctorat ?

ARR: Actuellement, je suis chercheur postdoctoral à l'IBOIS EPFL et au NCCR Digital Fabrication*. C’est une opportunité unique pour moi, de travailler avec des collègues chercheurs très compétents, dans des disciplines variées. J’oriente désormais mon travail sur l’adaptation à l’industrie et à la recherche universitaire. Par exemple, je souhaite développer un ensemble de modèles qui permettront de lire une géométrie CAD d’une structure en panneaux de bois (sur dessins d’architecte, un détail de charpente etc) et de la convertir ensuite en un macro-modèle, qui permettra d’effectuer tous les calculs nécessaires à sa réalisation (calcul des liaisons, de l’épaisseur des panneaux, de leur positionnement, etc).


VP: De quelle manière, selon toi, ta thèse pourrait-elle affecter le monde de la construction en bois ?

ARR: Ma recherche comprenait deux modules principaux. Premièrement, j’ai réalisé des études expérimentales étudiant le comportement des connexions bois-bois. Deuxièmement, grâce à des études informatiques approfondies, j'ai formulé un nouveau macro modèle pour le calcul optimisé des structures en plaques de bois. Ces deux études pourraient tout à fait être utilisées par l'industrie de la construction en bois, dans un futur proche. Par exemple, une menuiserie pourrait implémenter le macro-modèle simplifié directement dans ses dessins sur logiciel CAD. L’impact de ces modules sur toute l’industrie et les pratiques d’ingénierie peut être considérable, tant au niveau des économies de matériaux, que des économies de temps !
Je vous invite à consulter ma thèse pour en savoir un peu plus. (Disponible sur Infoscience).


* Le Centre National de Compétence en Recherche (NCCR) "Digital Fabrication" est une initiative de la confédération suisse pour étendre le développement et l'intégration des technologies numériques dans le domaine de l'architecture.

Interview et traduction : Violaine Prévost

Financement

Thèse et Postdoctorat : NCCR Digital Fabrication et EPFL