De retour de Pékin avec un Award

© 2011 EPFL

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Des étudiants de l’EPFL viennent de remporter le troisième prix du concours international iCAN, dédié aux micro et nanotechnologies. La compétition, qui s’est déroulée du 4 au 8 juin à Pékin, a réuni 27 équipes du monde entier.


La condition pour participer au concours : concevoir une application originale à l’aide de capteurs, afin d’épater un jury d’experts. Une mission que l’équipe de Yujia Zhai, David Bonzon et Christian Adamczyk, coachée par le Dr Giovanni Boero, a parfaitement réussie. Leur projet, développé en dehors des heures de cours et intitulé « Sensing the world through iPhone/Smartphone », leur a en effet permis de remporter le 3e prix du concours international, ainsi que la coquette somme de 1000 dollars US.
Organisé en Chine depuis longtemps, iCAN est ouvert depuis deux ans aux étudiants universitaires du monde entier. Cette année, la Suisse y a participé pour la première fois, sous l’impulsion du programme fédéral suisse nano-tera.ch et celle du professeur Jürgen Brugger, au laboratoire des microsystèmes.

iPhone et réseaux sociaux.
Le jeu en valait la chandelle. Présentée sous forme de vidéo, de poster au China Science and Technology Museum, puis durant un exposé de 8 minutes devant un jury, le projet de l’une des deux équipes a su convaincre. L’idée : capter des données atmosphériques à l’aide d’un iPhone, puis les envoyer sur des réseaux sociaux, afin d’établir une sorte de « carte de données environnementales » constamment mise à jour. Les étudiants ont élaboré une interface- en l’occurrence, un circuit électronique simple- pour relier un Smartphone, via sa prise micro, à un capteur d’humidité. « Presque tous les Smartphones disposent du même Jack port, indique Christian. Cette application peut donc être utilisée largement. » Récoltées par modulation d’impulsion en fréquence (PFM), puis transférées grâce à un microcontrôleur, les données atmosphériques s’affichent sur l’iPhone, grâce à une application développée spécialement par les étudiants.
Les données, ainsi que la position de l’utilisateur, détectée par GPS, peuvent ensuite être envoyées vers des réseaux sociaux tels que Twitter ou Facebook, pour informer les usagers, ou encore les avertir d’un éventuel danger. « Nous avons utilisé le capteur d’humidité pour notre démonstration, mais le dispositif devrait fonctionner avec n’importe quel type de capteur (taux de radioactivité, pollution, gaz toxiques…), ajoute encore Christian.

Légende: Le taux d’humidité s’affiche sur l’iPhone. L’interface créée par les étudiants est connectée à la prise micro.

Contrôler l’électronique d’une maison par de simples gestes
Composée de Matthieu Rüegg, Ludovic Serex et Nicolas Vachicouras, la deuxième équipesélectionnée, supervisée par le professeur Kamiar Aminian, a reçu pour sa part un Best Contribution Award (prix de consolation). « Nous sommes un peu déçus du résultat, mais nous sommes très contents d’avoir pu vivre une telle expérience», indique Nicolas. Leur projet a d’ailleurs suscité un vif intérêt.
Ils ont présenté un bracelet qui permet de contrôler les appareils électroniques d’une maison en effectuant des mouvements spécifiques. Ce projet vise à terme à rendre les personnes âgées ou partiellement handicapées plus autonomes. Le bracelet est muni d'une unité de mesure inertielle (IMU)- composée d’un gyroscope 3D et d’un accéléromètre 3D-, qui envoie les données à l'ordinateur grâce à une connexion Bluetooth. Avant la première utilisation, le porteur du bracelet répète plusieurs fois (15 à 20 fois) un même mouvement, pour l'apprendre à l'ordinateur. Après quoi, les différents mouvements sont reconnus à l'aide d'un algorithme d'apprentissage fonctionnant selon le principe d'analyse en composantes principales (PCA). Il suffit ensuite d’établir un lien entre un mouvement et une action spécifique- allumer la lumière en effectuant des cercles avec sa main, changer les chaînes de télévision en claquant des mains, etc. « Ce projet nous a permis de mettre en pratique ce que nous avons appris durant nos cours, commente Nicolas.»

Une expérience incroyable
Promoteur du concours en Suisse, le professeur Jürgen Brugger ne cache pas sa fierté. « Je suis très content de l’engagement de ces deux équipes», déclare-t-il. « La compétition était féroce. L’obtention du troisième prix est donc une performance remarquable. » Du côté des participants, le périple scientifique dans la capitale chinoise restera encore pour longtemps une source de motivation. « C’était une super opportunité de rencontrer des équipes du monde entier », commente Ludovic. La richesse culturelle du pays ne les a pas non plus laissés de marbre. « Nous avons pu découvrir la muraille de Chine, les tombes impériales des dynasties Ming et Qing, ainsi que la Cité interdite », indique Mathieu. Quant à leurs projets, tous souhaitent encore les développer, comme l’indique Christian, lauréat avec son équipe du troisième prix. « Nous pensons que notre idée a un grand potentiel, mais il y a encore beaucoup à faire. Il faudrait développer un « business model ». Mais rien n’est encore décidé ». Nicolas, pour sa part, reste plus vague. « Si notre projet a un vrai potentiel sur le marché, nous le développerons. Mais pour l’instant, nous allons prendre un peu de repos et nous concentrer sur les examens à venir. » De quoi ramener les voyageurs à la réalité.


Auteur: Laure-Anne Pessina

Source: EPFL