Comment les chaînes d'approvisionnement digèrent le choc de la crise

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Alors que le monde est aux prises avec la crise humaine et économique qui se déroule devant nous, les chaînes d'approvisionnement se retrouvent sous les yeux du public et connaissent leurs propres défis.

Dans un article publié sur le site d'IMD, Prof. Ralf Seifert et Dr. Richard Markoff décrivent les différents chocs que subissent les chaînes d'approvisionnement depuis le début de la crise sanitaire. En résumé:

Tout d'abord un choc de l'offre avec les disruptions dans la disponibilités des biens venant de Chine: bien que certaines entreprises avaient déjà adapté leur supply chain en les préparant à des situations de crise (comme p.ex suivant la catastrophe de Fukushima), d'autres au nom de l'optimisatinon des coûts, et au détriment de l'agilité et de la résilience, ont sans cesse consolidé leur production et étendu l'approvisionnement.

Puis est venu le choc de la demande: les gens se sont approvisionnés en denrées de base afin de se conformer aux restrictions de déplacements, dans certains cas, en achetant des réserves pour des des mois en une seule journée. Dans la majorité des cas, les entreprises ont réussi en coulisses, grâce à un effort herculien, à répondre à la demande, malgré le fait que les modèles de planification classiques ne soient pas conçus pour répondre à de tels pics.

Ce stade est suivi par des répliques. Dans la situation actuelle, on redoute surtout une pénurie de produits ("shortage gaming"): les acteurs en aval ont tendance à gonfler artificiellement leurs besoins d'approvisionnement, afin de revendiquer une part plus importante des ressources devenues rares.

Cela exigera une vigilance pour aller de l'avant afin de s'assurer que la visibilité sur les véritables priorités d'approvisionnement ne sera pas perdue lors du remplissage des pipelines.

Et finalement l'étape d'un retour à un "nouveau normal": les effets de la récession, dont on ne connait pas encore l'ampleur, mettent à jour le fossé entre les supply chain qui ont de la peine à suivre et celles forcées de ralentir. Les experts de supply chain redoutent également la dynamique des rebonds de stocks ("inventory bounce").

Lorsque la demande atteint un nouvel état d'équilibre inférieur à l'état d'équilibre précédent, il doit y avoir une réduction de la production pour permettre au pipeline de stocks de descendre à un nouveau niveau d'équilibre. À ce stade, la production augmente en fait un peu pour répondre à la nouvelle demande.

Cette situation peut être considérée comme une opportunité pour certains qui cherchent à modifier leur facteur coût/résilience et à localiser leur production et approvisionnement. Certaines supply chains montrent une ingéniosité et une adaptabilité singulières (voir l'exemples de LVMH ou L’Oréal modifiant leur chaîne de production pour produire des désinfectants), même si les défis sont loin d'être terminés.

Recherche sur la résilience des chaînes d'approvisionnement

Le professeur Seifert travaille sur la résilience des chaînes d'approvisionnement depuis quelques années, notamment en collaborant avec Roche pour examiner les défis de la chaîne d'approvisionnement pharmaceutique et modéliser les avantages liés à la gestion des risques de la chaîne d'approvisionnement. Il a également reçu une subvention du FNS pour modéliser les perturbations dans les réseaux d'approvisionnement.