"Avec un iPhD, on s'amuse deux fois plus"

Jeremy Wong working at an anaerobic gas tight chamber, where he gros bacterial biofilms © J. Wong 2021 EPFL

Jeremy Wong working at an anaerobic gas tight chamber, where he gros bacterial biofilms © J. Wong 2021 EPFL

Jeremy Wong est étudiant iPhD de troisième année. Il travaille dans les laboratoires des professeurs Alexandre Persat et Tom Ian Battin, respectivement à la Faculté des sciences de la vie (SV) et à la Faculté de l’Environnement Naturel, Architectural et Construit (ENAC) de l’EPFL. Originaire du Canada et ayant ses racines à Hong Kong, Jeremy Wong s’est orienté vers la biologie après une licence de chimie. Lorsqu’il n’est pas au laboratoire, il admire les couchers de soleil au sommet des montagnes valaisannes, joue du violon et de l’harmonica, fabrique des pièces miniatures en pâte polymère et confectionne des gâteaux et des biscuits pour ses collègues de laboratoire, qu’il considère comme les cobayes les plus amicaux pour ses nouvelles expériences culinaires.

Si vous passez devant le troisième étage du bâtiment AI à 7 heures du matin et que vous entendez du violon, il y a de fortes chances que Jeremy soit au travail. Jeremy Wong est étudiant iPhD de troisième année. Il travaille dans les laboratoires des professeurs Tom Ian Battin et Alexandre Persat. En tant qu’étudiant interdisciplinaire des facultés SV-ENAC, Jeremy porte chaque jour de multiples casquettes de créativité, ce qui, selon lui, relie tout ce qu’il fait.

Les débuts de la chimie et le lien avec la couleur

Enfant, Jeremy aimait peindre et s’est toujours demandé d’où venaient les couleurs. «J’ai toujours demandé à mes grands-parents pourquoi le ciel était bleu. Pourquoi change-t-il de couleur la nuit?», confie-t-il. «J’ai toujours été intéressé par ce dont les choses sont faites. C’est là que mon intérêt pour la chimie a commencé.» Cet intérêt a conduit Jeremy à poursuivre une licence de chimie en quatre ans à l’Université de Toronto, où il a réalisé plusieurs projets d’été, dont un projet de deux mois à l’EPFL (Summer Research Program). Dans ses différents travaux de recherche, le lien était la couleur – de l’étude des métalloenzymes et de la spectroscopie à l’utilisation de protéines fluorescentes dans son doctorat pour évaluer la croissance des biofilms bactériens.

Rencontre avec la biologie

Après sa licence, Jeremy s’est lancé dans un doctorat pour approfondir toutes les connaissances en chimie qu’il avait acquises en travaillant au Canada et en Europe. À ce stade, il voulait comprendre le fonctionnement des organismes vivants tels que les bactéries. Toutefois, la transition de la chimie à la biologie n’a pas été aussi facile qu’il l’avait espéré. «J’avais été accepté dans plusieurs universités pour des doctorats en chimie, mais aucun des départements de biologie n’a voulu me prendre, car je n’avais pas d’expérience en biologie. Ils m’ont tous répondu: “Vous n’êtes qu’un chimiste”», se souvient-il. «

Mais l’EPFL était différente. Elle m’a accepté malgré mon absence d’expérience en biologie, et c’est ce qui m’a amené là où je suis aujourd’hui

Jeremy Wong, etudiant en thèse SV

C’est ainsi que Jeremy a commencé son doctorat à l’EPFL.

Il est venu pour les montagnes et il est resté pour la science et pour les gens.

«En 2018, lorsque je suis venu en Suisse pour mon doctorat, j’ai vraiment tout aimé à l’EPFL – le campus, la vue sur le lac, les montagnes. Mais c’est pour le projet et les gens que je suis resté. Le moment était idéal, car Alex [Persat] et Tom [Battin] venaient de recevoir une subvention pour ce projet iPhD unique visant à comprendre comment les bactéries communiquent et comment elles s’assemblent grâce à la communication chimique. Je me suis dit “Ouah, je peux appliquer tout ce que j’ai appris en chimie pour étudier un système biologique.” Le projet prévoyait de travailler avec des bactéries, et Alex et Tom ont été d’excellents superviseurs. Le projet répondait donc à tous mes critères.»

En bref, comprendre la communication chimique dans les colonies bactériennes

Couvrant la microbiologie, la chimie et l’écologie, le projet de Jeremy est véritablement interdisciplinaire. «Dans la société, on trouve différentes personnes, certaines sont altruistes et d’autres égoïstes. Les personnes altruistes sont plus appréciées des autres et forment de plus grandes communautés. De même, dans le monde bactérien, il existe des bactéries qui partagent les métabolites qu’elles prennent et d’autres qui gardent les métabolites pour elles. En tant que bactérie, si vous partagez des métabolites, vous survivez mieux. Le partage chimique et la communication sociale sont à l’origine des communautés et des colonies. Ce sont ces communautés, leur composition et leur dynamique que j’étudie.» La façon dont les bactéries se développent en présence ou en l’absence de communication a non seulement des implications en microbiologie pour le microbiote intestinal (Laboratoire de Persat). Elle permet aussi des applications à long terme pour l’écologie (Laboratoire de Battin), par exemple la façon dont les biofilms des cours d’eau, des montagnes et des rochers s’auto-organisent. Le projet de Jeremy associe plusieurs techniques allant de la microfluidique et de la spectrométrie de masse à la microscopie et à l’analyse d’images. Grâce à ses diverses installations et à son écosystème interdisciplinaire, l’EPFL est un endroit parfait pour ce travail. «Il y a toujours quelqu’un ici qui sait comment réaliser ce que vous voulez faire», dit Jeremy. «Et s’il manque quelque chose, il est très facile de collaborer avec les autres universités. Par exemple, je fais régulièrement des analyses de glycanes et des CLHP à l’ETH Zurich.»

Deux fois plus d’apprentissage, deux fois plus de plaisir

Le programme iPhD est unique en son genre. «Les projets sont difficiles au début, car il faut connaître les bases de différents domaines, mais une fois les premiers obstacles franchis, on apprend beaucoup plus que dans un doctorat traditionnel. Au final, les connaissances issues de ces différents domaines vous appartiennent. Chaque jour, vous rencontrez deux fois plus de personnes, vous présentez vos travaux à un public deux fois plus nombreux, vous assistez à deux fois plus de conférences, vous vous amusez deux fois plus», déclare Jeremy avec le sourire. «Si vous êtes créatif et aimez penser à de nouvelles choses, ce programme est totalement fait pour vous.»

La musique du doctorat

La musique a profondément influencé la science de Jeremy – de la gestion du stress à l’organisation de son temps. «Le doctorat est comme un morceau de concerto», dit-il. «Il y a un mouvement rapide lorsqu’une idée brillante surgit, puis un mouvement lent pour surmonter les divers obstacles expérimentaux, et enfin un mouvement rapide à nouveau une fois que vous avez franchi les obstacles. Mais la musique continue.»