Alexandre Bugnard, jamais à court de défis sportifs hors normes

Alexandre Bugnard pendant la course du Grand Raid entre Verbier et Grimentz.© Sportograph

Alexandre Bugnard pendant la course du Grand Raid entre Verbier et Grimentz.© Sportograph

L’étudiant en sciences et ingénierie de l’environnement à l’EPFL multiplie les activités d’endurance en parfait équilibre avec son travail de fin de Master.

Travailler derrière un ordinateur est reposant physiquement pour Alexandre Bugnard. Alors quand il n’est pas en stage ou en train de réaliser son travail de Master, l’étudiant en sciences et ingénierie de l’environnement à l’EPFL se consacre à des défis sportifs un peu fous aux yeux de Monsieur et Madame Tout-le-monde. Selon les saisons, le jeune homme de 25 ans alterne entre la course à pied, le trail, le vélo et le ski de randonnée. Jusqu’à atteindre 900 heures d’activité physique, soit trois heures par jour. Mais dans des conditions bien particulières.


L’année dernière, il a choisi d’enchaîner quatre courses alpines mythiques pendant l’été avec seulement quelques jours de repos entre chacune d’entre elles. Dans la première, Le Tour des Stations, il a avalé en vélo de route l’équivalent du dénivelé de l’Everest, soit 8848 mètres, sur 240 km. Une semaine plus tard, c’était en course à pied qu’il a rejoint Sierre à Zinal en 2h52, soit juste 20 minutes de moins que l’un des champions de la discipline, Kilian Jornet. Puis il a pédalé en VTT de Verbier à Grimentz dans le cadre du Grand Raid sur 5000 mètres de dénivelé positif. Et pour clore cette aventure en beauté, le trail du Besso, dans le Val d’Annivers, l’a fait courir sur 55 km et 6000 mètres de dénivelé positif. «Tout s’est très bien passé, notamment la récupération, qui était un élément central dans la réussite de ce projet. Je me sens toujours plus à l’aise en endurance», observe Alexandre Bugnard en toute modestie.

Au somment du Combin de Corbassière en Valais.© DR


Bulle au Mont-Blanc à la force des mollets
L’étudiant de la Faculté de l’environnement naturel, architectural et construit (ENAC) n’a pas atteint ce niveau sportif en quelques mois. «Mes performances ont augmenté très progressivement. Cela m’a pris plusieurs années pour y arriver. Si on se lance dans ce genre de défi trop rapidement, on risque vraiment de se blesser», avertit-il. Alexandre Bugnard trouve son équilibre en faisant travailler en alternance son cerveau et son corps. «En général, je m’entraîne beaucoup pendant les vacances, mais l’été dernier, j’étais en stage dans une entreprise d’informatique au Mont-sur-Lausanne. Alors j’y allais le plus souvent possible en courant depuis chez moi à Remaufens (50 km aller-retour)».


Judoka entre 3 et 12 ans, également très doué en ski, il a hésité à choisir la voie de la compétition à un niveau professionnel, mais y a finalement renoncé, préférant suivre des études académiques. Se dépenser pour le plaisir reste son moteur, avec souvent une touche d’originalité. Dernier exemple en date: relier Bulle au sommet du Mont-Blanc en vélo et à pied avec un copain. Le trajet a été bouclé en 13 heures et sans cloques.


Formation interdisciplinaire
Si Alexandre Bugnard s’est brièvement imaginé devenir géologue, sa consommation de vidéos YouTube de vulgarisation scientifique l’a poussé à se rendre aux portes ouvertes de l’EPFL afin de finaliser son orientation. L’ENAC l’a séduit pour son interdisciplinarité. «Je m’intéresse à tout ce qui touche à la météo, à l’atmosphère et à l’hydrologie. Partager des cours avec d’autres sections permet de voir les différents aspects du monde de l’ingénierie. On comprend mieux les enjeux de chaque discipline et cela permet de rester humble face aux contraintes de chacun.»

L’étudiant a «adoré» ses études sur le campus, mais apprécie aujourd’hui de se frotter à la pratique. Son stage de cinq mois chez INSER, une entreprise spécialisée en conseil informatique, mais aussi en traitement de géodonnées, lui a permis de se concentrer sur un projet concret de système d’information géographique (SIG). Soit référencer des données cruciales sur une carte en ligne à l’aide d’un logiciel dédié pour qu’elles puissent être utilisées en situation d’urgence humanitaire. «C’est super valorisant quand on voit que le produit fini fonctionne».


Aujourd’hui, dans le cadre de son projet de Master chez MeteoSuisse, il travaille sur les données issues d’une campagne de mesures dans les Alpes bernoises. Il étudie la qualité du modèle de prévision ainsi que l’algorithme d’un nouveau lidar (télédétection par laser) utilisé pour mesurer les vents ainsi que la stratification de l’atmosphère. «Je dois faire un état des lieux sur les performances des instruments et du modèle en région montagneuse. C’est génial, car je découvre un nouveau métier». Le jeune homme laisse encore la voie libre aux prochaines expériences professionnelles à venir. «Je ne veux pas m’enfermer dans un domaine sans aller voir ailleurs avant».


Auteur: Rebecca Mosimann

Source: People