Aleksandra Radenovic, des Balkans au Léman

© Alain Herzog/2020 EPFL

© Alain Herzog/2020 EPFL

Série d’été. Vocation chercheuse. Aleksandra Radenovic, à la tête du laboratoire de biologie à l’échelle nanométrique, s’est confiée sur son parcours atypique qui a fait d’elle une scientifique à l’écoute et proche des membres de son équipe.

« Je n’ai jamais su que je voulais devenir professeure. Je ne me suis d’ailleurs jamais considérée comme un génie. Par contre, j’ai toujours voulu tester mes limites et multiplier les expériences nouvelles ». C’est la curiosité d’Aleksandra Radenovic, professeure à la faculté des Sciences et techniques de l’ingénieur, ainsi que sa passion pour les sciences, qui l’ont menée vers une carrière de chercheuse. Un parcours qu’elle ne changerait pour rien au monde.

Originaire de Croatie, elle développe le goût des sciences grâce à une de ses enseignantes du lycée. « Je voulais devenir archéologue et avais donc choisi d’étudier le latin et le grec. Mais ma prof de physique m’a transmis son engouement. A l’université de Zagreb, je me suis inscrite en physique. Puis, j’ai orienté mes études vers la biophysique, car je désirais combiner les deux matières. »

Les leçons du conflit

Cependant, elle voit sa vie et ses études chamboulées par la guerre qui déchira l’ex-Yougoslavie de 1991 à 1995. Par chance, dans la capitale croate où elle habite, Aleksandra Radenovic reste loin des horreurs des combats. « Je ne me considère pas comme une victime. Je n’ai pas perdu ma maison ni été déplacée. Avec ma famille nous avons eu beaucoup de chance », raconte-t-elle. Durant cette période qu’elle qualifie de difficile, son ancien gymnase est bombardé. Elle est alors en première année à l’université. De cette période, dont elle témoigne tout en retenue, elle tire une leçon de vie. « Les expériences dures nous forment. J’ai appris que rien n’est permanent et que tout peut changer du jour au lendemain. Aujourd’hui, j’essaie de profiter du moment présent et contribue du mieux que je peux pour un avenir meilleur. »

Ses études terminées, Aleksandra Radenovic réalise son doctorat en biophysique à l’Université de Lausanne. Elle fait partie des derniers diplômés avant que cette faculté ne rejoigne les sciences de base de l’EPFL. Bénéficiaire du programme « postdoc mobility » du Fonds national suisse de la recherche scientifique, la chercheuse poursuit son postdoctorat à l’Université de Berkeley, aux États-Unis, dont elle garde de très bons souvenirs. « A Berkeley, j’ai aimé l’ouverture d’esprit, la liberté, le fait d’être étrangère et le côté international», confie-t-elle.

Conscience citoyenne

En 2008, Aleksandra Radenovic postule pour la fonction de professeure assistante dans le département de bio-ingénierie à l’EPFL. « J’étais contente de retourner à Lausanne, car j’ai toujours aimé cette ville. En tant que biophysicienne, je me sens chez moi à l’EPFL, car l’école est interdisciplinaire. J’aime cet endroit pour les collaborations, les discussions et les intérêts communs qu’il offre. De plus, l’institut est jeune et dynamique. » Elle choisit également la Suisse pour y fonder sa famille. « Ce pays n’a pas de passé violent contrairement aux Balkans. Je désirais éduquer mes enfants dans la paix et le respect afin qu’ils deviennent des citoyens du monde et qu’ils protègent à leur tour notre planète. »

Dans son laboratoire, elle met un point d’honneur à ce que chaque membre de l’équipe puisse donner son opinion, exprimer sa propre idée. « C’est aussi important pour moi d’offrir une chance aux étudiants. Je soutiens et encourage mes étudiants. On ne peut pas travailler avec des gens que l’on n’apprécie pas.»

Bio

1975 : naissance à Zagreb, Croatie

1994-1999 : études de physique, département de physique, faculté des sciences de l’Université de Zagreb, Croatie.

2003 : doctorat à l’université de Lausanne, directeur de thèse : Prof. Giovanni Dietler

2004-2007 : postdoctorat, département de physique à l’université de Berkeley Californie, États-Unis

2007 : scientifique invitée du NIDCR aux National Institutes of Health (NIH)

2008-2015 : Professeure assistante tenure track, département de bio-ingénierie de la faculté des Sciences et techniques de l'ingénieur de l'EPFL

2015 : professeure associée, département de bio-ingénierie de la faculté des Sciences et techniques de l'ingénieur de l'EPFL