Alain Azzi entre transports, puzzles et gratitude

"En Europe, on peut aller presque partout en train électrique", rappelle Alain Azzi. © DR

"En Europe, on peut aller presque partout en train électrique", rappelle Alain Azzi. © DR

Le diplômé en génie mécanique a remporté le prix LITRA 2020 pour sa thèse de Master sur l’électrification du réseau de bus tl à l’horizon 2030. Il quitte l’EPFL reconnaissant.

Peu de diplômés de l’EPFL ont fait les coudes (serré la main, en langage pré-COVID-19) avec le conseiller fédéral Guy Parmelin. Alain Azzi est l’un de ces rares élus. C’était le 16 septembre dernier, à l’hôtel Bellevue Palace à Berne, lors de la remise du prix LITRA 2020. Décerné par la Ligue suisse pour l’organisation rationnelle du trafic (LITRA), le prix récompense de jeunes talents dans le secteur du transport public. Alain Azzi en est un : sa brillante thèse de Master, sur l’électrification du réseau de bus des transports publics lausannois (tl) à l’horizon 2030, a séduit le jury.

Encadré par le Laboratoire Transport et Mobilité de l’EPFL, l’étudiant a réalisé son mémoire de diplôme en génie mécanique, spécialisation énergie, au sein des tl. Enfin, seulement durant un mois, puisque le COVID-19 l’a contraint à poursuivre son stage dit en entreprise… par Zoom. « Evidemment, ça limite, le côté social », regrette-t-il. Pour autant, ni les excellentes relations avec les tl ni la qualité de son travail (noté 6) n’en ont pâti.

Calcul de la solution la plus adaptée

Le modèle mis au point par Alain Azzi permet de calculer le besoin en énergie pour toutes les lignes du réseau de bus de l’agglomération lausannoise. Quand on sait que les tl ont l’ambition de se débarrasser des 25 lignes circulant au diesel à l’horizon 2030, on mesure la pertinence du projet. Il détermine en fonction des horaires, de la topographie, de l’infrastructure existante et des conditions météorologiques, quelles options technologiques sont réalisables pour une électrification de chaque ligne de bus. Trois options sont envisagées: Overnight Charging (ONC, recharge de nuit au dépôt), Opportunity Charging (recharge aux terminus) et In Motion Charging (recharge lors de la circulation sous la caténaire). La seconde se révèle la plus adaptée sur la plupart des lignes.

Pourquoi cet intérêt pour les transports publics et l’énergie ? « Nous avons la responsabilité de prendre soin de notre planète et de réduire notre impact sur l’environnement, pour nous et pour notre prochain. Cela passe par des transports publics plus attractifs et moins gourmands en énergie », justifie Alain Azzi qui a arrêté de prendre l’avion. « En Europe, on peut aller presque partout en train électrique et prendre le temps d’admirer la beauté de notre monde. Et puis, le train c’est ma passion », avoue-t-il. « C’est un endroit où l’on peut travailler, se détendre, admirer le paysage et bouger. J’aime son léger mouvement, il est tranquillisant. »

Si Alain Azzi s’évade en randonnée, son esprit peut aussi voyager depuis sa chambre d’étudiant de Renens. Comme d’autres s’adonnent aux jeux vidéo, il fait des puzzles. Son dernier en date : un train sur le viaduc de Landwasser dans les Grisons, de 1500 pièces. « C’est d’abord le plaisir de mettre de l’ordre, la satisfaction de ranger. Mais c’est aussi une manière de faire travailler le cerveau, de s’accorder un moment pour réfléchir autrement. »

Réflexions théologiques

A l’heure de quitter l’EPFL, ce sont 5 ans d’amitié, de vie sociale, d’engagement et d’études qui défilent. Beaucoup de gratitude pour cette école « affreusement bien organisée » et qui « permet à chacun de devenir un bon étudiant et de progresser ». Pas uniquement pour son CV mais aussi pour sa condition d’humain la plus fondamentale. A travers les Groupes bibliques des écoles et universités, soutenus par l’Aumônerie, Alain Azzi a donné un réel sens à ses études. « J’ai pu discuter théologie, poser beaucoup de questions qui m’habitaient depuis longtemps, discuter de l’éthique de notre travail, du sens du travail et du sens de ma vie. C’est une des choses que je garderai de ces années », conclut-il. Et de citer la célèbre phrase de Rabelais « Science sans conscience n’est que ruine de l’âme. »