« À 12 ans, j'ai su que j'allais étudier la cosmologie »

© 2021 EPFL Alain Herzog / Jamani Caillet

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Au collège, il a suffi d’un cours d’introduction à l’astronomie pour fasciner Emilie Hertig et lui montrer la voie. Elle étudierait la naissance de l’univers. Aujourd’hui étudiante à l’EPFL, en dernière année de master en physique, elle se prépare à faire un doctorat à Cambridge, soutenue par la bourse Bill et Melinda Gates.

Adolescente passionnée de mathématiques et de physique, Emilie Hertig se trouve emportée dans une autre dimension lors d’un cours d’une introduction à l’astronomie. « Ce qui m’a vraiment fascinée c’est l’échelle de l’univers. Me rendre compte à quel point on est petit par rapport au système solaire, et comment le système solaire est lui-même petit par rapport à la galaxie et au reste de l’univers ». À la suite de ce cours révélateur, la jeune Vaudoise, découvre quelques livres d’astronomie dans la bibliothèque familiale. Elle les dévore jour et nuit.

Cet intérêt naissant pour l’astronomie se trouvera conforté par une rencontre avec Didier Queloz à l’Observatoire de Genève. Emilie n’a que 12 ans. L’astronome genevois a découvert en 1995 avec son collègue Michel Mayor, la première exoplanète appelée 51 de Pégase. Une rencontre dont elle se souvient encore aujourd’hui. « Mes parents avaient réussi à organiser ce rendez-vous. Je me disais c’est fou, lui, les exoplanètes… » Dix ans après cette rencontre mémorable à Genève, Didier Queloz devient professeur à l’Université de Cambridge, université que l’étudiante de Master à l’EPFL rejoindra en octobre pour y poursuivre un doctorat. « Je lui ai écrit et il m’a félicitée d’avoir poursuivi mon rêve. » L’astrophysicien a également obtenu le Prix Nobel en 2019…

Emilie Hertig rencontre Didier Queloz en avril 2011, elle a12 ans

Tournois de physique et médailles d’or

Sa passion pour l’Univers, Emilie Hertig l’a forgée durant les années gymnasiales en participant à plusieurs éditions de l’International Young Physicists’ Tournament. Ce tournoi des jeunes physiciens est une compétition scientifique et internationale qui voit s’affronter des équipes de lycéens. La gymnasienne fait partie de l’équipe suisse, qui remporte la médaille d’or en Russie en 2016. « Après le gymnase j’ai continué en tant que bénévole et coach pour préparer les jeunes au concours. J’ai dirigé l’équipe suisse trois années de suite et nous avons rapporté une médaille d’or en 2019 de Pologne. »

2016 l'équipe suisse remporte la médaille d'or IYPT (Ekaterinburg, Russie)

Poursuivre sa carrière académique

En dernière année de master en physique à l’EPFL, avec spécialisation en cosmologie, au Laboratoire de physique des particules et cosmologie du professeur Mikhail Shapochnikov, Emilie Hertig ne cesse de s’interroger sur l’univers. « On arrive à remonter le temps jusqu’à une fraction de seconde après le début de l’univers, on arrive à faire des prédictions sur son avenir, c’est impressionnant. Mais ce qui l’est encore plus, ce sont les 95% de ce que l’on ne comprend pas. »

Elle compte poursuivre ses recherches à Cambridge dans cette direction pour son doctorat. « C’est très enrichissant dans la carrière d’une jeune chercheuse de travailler dans différents groupes, de rencontrer différents mentors et d’avoir plusieurs influences. J’ai postulé à Cambridge, parce que c’est une des meilleures universités au monde, elle a très bonne réputation dans les sciences dures et la physique en particulier. Et en regardant les domaines de recherche des équipes, j’en ai trouvé qui avaient des intérêts communs avec moi. »

La bourse Bill et Melinda Gates

Une année à Cambridge coûte quelque 30'000 livres sterling (environ 38'000 frs), sans compter la nourriture et le logement. Emilie Hertig considère les différentes possibilités de financer ses études. « La postulation pour une bourse est simultanée à la postulation pour une place à l’université. Lorsque vous remplissez les formulaires d’inscription, vous découvrez un formulaire supplémentaire qui vous propose de tenter votre chance pour une bourse. » Outre les informations classiques, le test de langue, deux lettres de références de professeurs, la jeune chercheuse, qui choisit de postuler pour la bourse Bill et Melinda Gates, doit fournir une référence additionnelle qui montre qu’elle a la capacité d’être leader, la volonté de faire du bien à la société et d’aider les autres.

« Je me suis donnée à fond pour la postulation, cela m’a pris un semestre, tous les week-ends, pour rédiger mes lettres de motivation, mes research proposal. Dans ma lettre de motivation pour la bourse, j’ai parlé de mes expériences de coaching dans l’équipe suisse. Et cela a marché! En parrallèle, j’ai soumis une proposition de recherche à mon futur professeur. J’avais très peur de la lui envoyer, pensant qu’il serait trop occupé. Absolument pas ! Il m’a répondu en prenant le temps nécessaire, il fallait juste oser. »