ZEB1, Oscar du premier rôle dans le stockage des graisses

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Une équipe de l’EPFL, en collaboration avec l’ETH Zurich, a su décoder le processus de l’adipogenèse en identifiant précisément quelles protéines y jouaient les premiers rôles. Leurs résultats sont publiés dans le magazine open-source eLife.

And the winner is… ZEB1! De nombreux acteurs sont impliqués dans le processus, nommé adipogenèse, par lequel l’organisme stocke la graisse qu’il absorbe par l’alimentation. Jusqu’ici, toutefois, il régnait un certain flou quant à la façon dont celui-ci était régulé. Or comprendre ce mécanisme est d’une importance cruciale si l’on veut pouvoir prévenir les maladies liées à l’accumulation des graisses dans les tissus adipeux.

Une équipe de recherche emmenée par Carine Gubelmann et Petra Schwalie sous la direction de Bart Deplancke, du Laboratoire de biologie systémique et de génétique de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne (EPFL), en collaboration avec les chercheurs de Christian Wolfrum à l’ETH Zurich, s’est attelée au décodage du mécanisme de l’adipogenèse. La méthode choisie consistait à étudier à large échelle l’action de pas moins de 734 « facteurs de transcription », des protéines dont le rôle est précisément de réguler l’expression des gènes.

Pour ce faire, les chercheurs ont « sur-exprimé » chacun de ces facteurs afin de voir lesquels résultaient dans des modifications de l’adipogenèse. Pratiquées in vitro, ces observations ont permis de mettre en lumière 26 facteurs de transcription actifs dans la différentiation de cellules graisseuses, et d’établir un « classement » de leur importance dans le processus. Grand vainqueur de ce concours, le facteur ZEB1 s’est révélé être le champion toutes catégories. « Nous avons pu constater qu’il dominait largement l’action d’autres protéines réputées importantes dans l’adipogenèse », explique Petra Schwalie.

Forts de cette information, les chercheurs se sont penchés sur les effets in vivo d’une intervention touchant au facteur ZEB1 – pour constater que, là encore, son rôle était crucial. Son degré d’expression correspond même fidèlement au potentiel de stockage de graisses par l’organisme humain, de même qu’à la tendance à l’obésité, mesurée par le rapport taille/hanches.

De là à le cibler pour développer un médicament miracle contre la prise de poids ? « Le problème, c’est que cette protéine joue un rôle important dans au moins 9 processus physiologiques vitaux, poursuit la chercheuse. Si on l’éteint complètement, l’organisme ne survit pas. Une molécule thérapeutique intervenant sur l’expression de ZEB1 devrait donc être spécifiquement ciblée sur un type de tissu, ce qui est un gros défi. »

Ces découvertes, publiées dans la nouvelle revue open-source eLife, n’en apportent pas moins leur lot d’informations essentielles pour la compréhension d’un processus physiologique clé.