Visite aux sources de la transformation digitale

© Serge Russell
Les participantes et participants du EMBA du Collège du management de la technologie ont pu découvrir une sélection des dernières technologies développées au sein des laboratoires de recherche de l’EPFL. De quoi permettre à ces professionnels d’horizons différents de mieux comprendre le long processus entre le développement d’un produit de pointe et sa commercialisation.
Rien n’est plus parlant que d’avoir sous les yeux des exemples concrets accompagnés d’explications de chercheuses et chercheurs passionnés pour comprendre l’importance des technologies de rupture ou deep tech. Celles qui transforment en profondeur de nombreux secteurs de la société avec leur solutions scientifiques et technologiques inédites. C’est pourquoi chaque année, Andrea Dunbar, professeure de pratique au sein du Collège du management de la technologie, propose à sa cohorte en EMBA une journée de visite du campus de l’EPFL, en marge de son cours théorique dédié à la transformation digitale et nouvelles technologies. Une occasion unique de découvrir les longs et sinueux processus menant une technologie issue des deep tech à sa phase de commercialisation.
En ce vendredi 7 mars 2025 règne une ambiance de course d’école parmi la volée des participantes et participants du EMBA, à l’heure de diviser la classe en deux pour les visites de laboratoires. Au programme de cette journée : la découverte d’exosquelettes développés par le groupe de recherche REHAssist (pour Rehabilitation and Assistive Robotics), dirigé par le Dr. Mohamed Bouri, au sein de la Faculté des sciences et techniques de l'ingénieur (STI). Suivie des projets phare du Laboratoire des systèmes embarqués associés à l’Internet des objets (IoT,) dirigé par le Prof. David Atienza, dans l'Institut d'électricité et de microtechnique. Sans oublier les nouveautés de la recherche en fusion du Swiss Plasma Center.
Comprendre le fonctionnement des deep tech
«C’est une journée vraiment importante», se réjouit Andrea Dunbar en conduisant sa petite troupe vers le premier lieu de recherche. «Globalement, on s’intéresse à la manière dont la technologie trouve sa place dans l’industrie mais aussi dans la société au sens large. C’est pourquoi j’aborde aussi les questions éthiques. A travers les visites de laboratoires, ces professionnelles et professionnels se plongent dans la complexité des deep tech, dans cette interface entre les softwares et les hardwares. La transformation digitale ne cesse de s’accélérer et les entreprises peuvent être prises de court ou même perdre de la compétitivité si elles ne suivent pas ces évolutions. Ici, nous formons les dirigeantes et dirigeants de demain, impliqués dans les technologies. Ils doivent comprendre comment ce système fonctionne car il peut perturber le développement de leur entreprise», souligne-t-elle. Les laboratoires sélectionnés montrent ainsi différents niveaux de recherche, du plus fondamental au plus concret.
«L’un de mes objectifs est que les participants et participantes apprennent à poser les bonnes questions sur ces nouvelles technologies afin de pouvoir distinguer le vrai du faux. Avec l’arrivée de l’IA, les lignes sont devenues plus floues.»
Soigner les thromboses ou surveiller l’épilepsie
Pour la présentation des différentes applications associées à l’assistance robotique médicale du groupe de recherche REHAssist, la volée 2025 a découvert trois projets de doctorat. Le premier est un outil robotisé qui permet de faciliter l’extraction, aujourd’hui manuelle, des caillots lors de thromboses. Il suscite rapidement de l’intérêt et des questions aussi bien d’ordre médical, technologique que financier fusent. Le deuxième outil, plus visuel, est directement posé sur le corps de la scientifique en charge, puisqu’il s’agit d’un exosquelette des membres inférieurs capable d’assister différents types de marche sur le même principe qu’un vélo électrique. La troisième et dernière technologie est spécialisée en stratégie de neuromodulation. Elle permet, entre autres, de développer une stimulation électrique des muscles et de la colonne vertébrale de manière non-invasive, pour les patientes et patients en réadaptation, suite à un accident cardiovasculaire cérébral.
Malene Kirstine Holst, active dans le milieu académique et participante du EMBA, trouve ces découvertes très inspirantes car elles apportent énormément à la société. «C’est important de récolter des financements pour les start-ups des deep tech car ce sont des investissements à long terme nécessaires», explique-t-elle.
Dans le Laboratoire des systèmes embarqués, la présentation se concentre ici sur des technologies associées à l’IoT qui ont passé le cap du prototype, voire de la commercialisation. Avec une vraie passion pour ces recherches, Miguel Peon Quiros montre une dizaine d’outils connectés. Comme cette tablette liée à l’électrocardiogramme d’une personne qu’une participante accepte de porter en guise de démonstration. Le prototype a progressivement évolué depuis sa première fonctionnalité pour répondre aux demandes des médecins et être commercialisé.
Mais il y aussi l’exemple de la création d’un système de réseau intelligent de canalisations d’eau doté d’une technologie à base de capteurs, d’intelligence artificielle et d’IoT. Ou encore ces lunettes qui offrent une surveillance non invasive de l'épilepsie grâce à l'informatique de pointe.
«Je trouve très intéressant de voir des cas d’application qui ne sont pas encore des produits finis. Cela devient plus tangible», note Kiflay Mengestabe, participant EMBA et consultant dans le domaine des assurances. Même enthousiasme pour Fiorella Tolentino, active pour les Nations Unies : «C’est passionnant de comprendre comment le milieu académique et l’industrie sont reliés et les différentes étapes qui permettent à un produit d’arriver à un financement et une commercialisation. Ces visites de laboratoires ont rendu le processus plus clair».
Cette riche journée de découvertes du campus s’est terminée sur une note musicale avec la présentation d’Alain Dufaux du projet Montreux Jazz digital. Le responsable opérationnel du Centre d’Innovation dans les Patrimoines Culturels de l’EPFL a expliqué tous les travaux menés pour numériser et mettre en valeur l’incroyable collection des enregistrements du célèbre Montreux Jazz Festival, ainsi que de sa conservation à long terme.