Valais-Vaud: nos ruisseaux émettent plus de gaz que prévu

Les émanations gazeuses des ruisseaux alpins sont 100 fois plus importantes que ce que l'on croyait jusqu'ici. © 2019 EPFL

Les émanations gazeuses des ruisseaux alpins sont 100 fois plus importantes que ce que l'on croyait jusqu'ici. © 2019 EPFL

Une étude menée par l’EPFL Valais Wallis dans les cantons de Vaud et du Valais démontre que nos ruisseaux de montagne produisent beaucoup plus de gaz que ce que les scientifiques estimaient jusqu’ici. C’est même 100 fois plus.

Les quantités de gaz provenant des ruisseaux de montagne sont 100 fois plus importantes que ce que l’on pensait jusqu’ici. C’est l’EPFL Valais Wallis qui révèle cette découverte majeure, réalisée grâce à une recherche menée dans les ruisseaux alpins valaisans et vaudois. Pour obtenir ce résultat, l’école polytechnique a placé 130 capteurs dans des torrents coulant dans les cantons de Vaud et du Valais.

Plus intense à cause des bulles d’air

«Dans les écosystèmes aquatiques, de nombreux organismes (allant des bactéries aux poissons) respirent de l’oxygène et expirent du CO2», explique l’EPFL dans un communiqué. Comme l’eau qui s’écoule dans les ruisseaux de montagne subit de nombreuses turbulences en raison de la déclivité, des bulles d’air sont emprisonnées dans l’eau. «La présence de bulles accélère les échanges gazeux.»

Jusqu’ici cet élément n’avait pas été pris en compte dans les évaluations scientifiques qui se basaient uniquement sur le comportement des calmes cours d’eau de plaine.

Pour connaître le rôle des ruisseaux sur le CO2

Contacté, le directeur du laboratoire de l’EPFL Valais Wallis qui a mené l’étude, Tom Battin, explique que la découverte de son équipe apporte «un outil qui permettra de mesurer l’échange de CO2, de méthane et d’autres gaz qui se produit entre les ruisseaux et l’atmosphère».

Et en matière de CO2, dont on parle beaucoup dans le cadre du changement climatique, est-ce que les émissions des ruisseaux alpins dépassent les valeurs connues jusqu’à présent? «Une doctorante est en train d’étudier cette question. Nous le saurons dans quelques mois.» Si toutes les réponses ne sont pas encore connues, Tom Battin peut déjà dire que certaines évaluations devront être revues. «Depuis quelques années, on estime que les eaux douces émettent 2 milliards de tonnes de CO2 par an (soit quasiment autant que ce que les océans absorbent). On va revisiter ce chiffre.»