Une meilleure gouvernance des technologies d'ingénierie du climat
Dans une étude menée pour l’Office fédéral suisse de l’environnement, l’IRGC, le Centre international de gouvernance des risques de l’EPFL, a réuni un groupe d’experts internationaux pour formuler des options de gouvernance internationale de gestion des risques et avantages posés par les technologies Carbon Dioxide Removal et Solar Radiation Modification.
Le changement climatique anthropique entraîne des risques sévères pour les populations comme pour les écosystèmes, et tout particulièrement pour les plus vulnérables d’entre eux. Le GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) indiquait dans ses derniers rapports que, pour respecter les objectifs de l’Accord de Paris concernant le réchauffement planétaire (contenir l’augmentation de la température moyenne mondiale bien en dessous de 2°C de plus qu’à l’époque préindustrielle), il est nécessaire d’une part de progressivement réduire à zéro les émissions mondiales de CO2 au cours de la deuxième moitié de ce siècle, et d’autre part de réduire encore la concentration de CO2 dans l'atmosphère.
Diverses technologies d'ingénierie climatique regroupées sous l’acronyme CDR (de l’anglais Carbon Dioxide Removal) sont actuellement envisagées dans le but de capter le CO2 présent dans l’atmosphère, avec pour objectif de contribuer à réduire le changement climatique. Un certain nombre d’autres technologies de gestion du rayonnement solaire (le SRM, de l’anglais Solar Radiation Modification) visent à refroidir artificiellement la planète et pourraient, ce faisant, réduire une partie des symptômes et autres conséquences du changement climatique. Des mesures devraient être prises pour démarrer un processus de décision en matière de recherche, de stratégie, de régulation et d’usage possible.
Le 18 juin, le Centre international de gouvernance des risques (IRGC) de l’EPFL a publié sous le titre « Enjeux internationaux de gouvernance de l'ingénierie du climat » une étude menée pour l’Office fédéral suisse de l’environnement (OFEV). Les quatre chapitres de ce rapport, rédigés par des experts de ces sujets, constituent une somme d’informations et de recommandations en lien avec la définition, au plan international, de politiques regardant ce domaine. « Toute décision stratégique doit, autant que possible, être fondée sur des évidences scientifiques ainsi que sur une évaluation rigoureuse des bénéfices attendus comme des risques potentiels, à travers diverses approches interdisciplinaires et appliquées » souligne Marie-Valentine Florin, directrice exécutive de l’IRGC.
Le rapport offre d'abord une revue des deux classes de technologies émergentes dans le domaine de l'ingénierie du climat — les technologies CDR et SRM —, axée sur leurs capacités potentielles à contribuer à la réduction du changement climatique, ainsi que sur leur niveau de maturité, leur coût et leurs risques. D’autre part, il recense les dispositions générales et les accords internationaux en vigueur régissant l’usage de ces technologies. Par ailleurs, il analyse les compromis à faire entre les risques (comme le risque d'intervenir dans le système climatique par rapport au risque de ne pas intervenir), et évalue de possibles options et approches stratégiques en vue d’une gouvernance internationale de l'ingénierie du climat. Le rapport constate la grande incertitude scientifique qui caractérise le CDR comme le SRM, et suggère la nécessité d’adopter une approche flexible et adaptative tant dans la recherche que pour le déploiement éventuel des techniques et les décisions de gouvernance ou réglementation.
Le rapport souligne notamment la nécessité d’accélérer la réalisation d’études scientifiques internationales fiables et exhaustives, de reconsidérer la place des techniques CDR et SRM dans les politiques climatiques internationales, et d’encourager les pratiques responsables. Il recommande par ailleurs d'aider à renforcer les capacités d’évaluation du CDR et du SRM dans les pays manquants des ressources nécessaires pour ce faire, de faciliter l’élaboration et la mise en œuvre de mécanismes de gouvernance non étatiques, et d'explorer la gouvernance du SRM sans prendre parti concernant son usage final.