Un prolongement des mains du chirurgien

© Ricardo Beira et le prototype de bras chirurgical développé durant sa thèse 2012 EPFL

© Ricardo Beira et le prototype de bras chirurgical développé durant sa thèse 2012 EPFL

Plus de précision pour les opérations par endoscopie et à moindre coût: l’outil mis au point par DistalMotion, spin-off de l’EPFL, permettra au chirurgien de reproduire ses mouvements à l’identique. Le prototype vient de sortir de l’atelier et la start-up a obtenu le 29 mars les 130'000 frs de la phase finale du prix Venture Kick.

Un prolongement des doigts du chirurgien: c’est ainsi que l’on pourrait résumer l’engin mis au point par Ricardo Beira durant sa thèse au Laboratoire de sysèmes robotiques. Il a créé la start-up DistalMotion pour développer son idée: de petites manettes permettent d’actionner les outils de chirurgie fixés au bout d’un bras de métal articulé. Le but ? Faciliter les opérations minimalement invasives, sans ouvrir la paroi abdominale. Deux à trois orifices permettent de passer une petite caméra et de longs instruments. Cette technique est de plus en plus utilisée en urologie, en gynécologie ou en chirurgie viscérale. Le principal problème est le manque de précision des mouvements du chirurgien, lié à la rigidité des ustensiles. De plus ils imposent de travailler en miroir, puisque un mouvement vers la gauche du chirurgien déplace l’instrument vers la droite par exemple, ce qui nécessite un entraînement particulièrement intensif. Le système de Ricardo Beira résout ces problèmes.


Entièrement mécanique
Les gestes chirurgicaux effectués avec les manettes sont reproduits à l’identique. Grâce à l’appareil, pinces, ciseaux, aiguilles et autres outils bougent comme s’ils étaient tenus directement par les doigts du praticien. Les recherches effectuées au sein du Laboratoire de robotique ont par exemple permis d’éliminer le problème, souvent inhérent à ce genre de mécanisme: l’amplification des mouvements. Un petit geste en dehors du corps du patient se traduit par un grand geste à l’intérieur. L’opération est donc délicate et minutieuse. Grâce à cet appareil, sept degrés de liberté sont permis dans la reproduction du mouvement, dont par exemple la rotation du poignet.


A l’heure de la robotique truffée d’électronique, de capteurs ou de senseurs, l’engin mécanique développé par Ricardo Beira étonne. Il devrait permettre d’étendre largement la palette des opérations de coelioscopie, qui présentent de nombreux avantages par rapport à la chirurgie traditionnelle, notamment en matière de sécurité, d’esthétique et de coûts. Les douleurs post-opératoires et le risque infectieux sont moins importants, les cicatrices sont de très petites taille et le séjour à l’hôpital moins long.


D’une manufacture digne de la haute horlogerie, l’engin est entièrement mécanique. «Son futur coût de production sera sans commune mesure avec les seuls dispositifs capables d’autant de mobilité dans ce genre d’opération, les robots Da Vinci. Ces énormes engins, qui équipent quelques hôpitaux dans le monde, coûtent plusieurs millions et nécessitent de grands espaces», explique Ricardo Beira.


Deuxième prototype et essais pré-cliniques
Des tests précliniques au CHUV et à l’Inselspital de Berne vont avoir lieu cette année pour des simulations d’opération de la prostate. Un redesign du produit a été fait afin de lui conférer une forme plus seyante pour le marché. La start-up vient d’être créée. Il y a quelques jours, ll a remporté la phase finale de Venture Kick, une aide aux jeunes pousses dotée d’un capital pouvant aller jusqu’à 130'000 frs. La procédure de validation du système est en cours.