Un nouveau traitement de la SLA approuvé comme médicament orphelin​

© 2018 EPFL

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L’Agence européenne du médicament a accordé l'appellation de médicament orphelin à une nouvelle thérapie génique pour le traitement d’une forme héréditaire de sclérose latérale amyotrophique. Le traitement se trouve déjà en phase de développement préclinique à l’EPFL.

« Nous nous réjouissons que l’EMA confirme le bien-fondé de notre nouveau traitement pour cette maladie rare et dévastatrice », déclare Bernard Schneider, scientifique à l’EPFL et responsable du développement d’un nouveau médicament pour le traitement de la sclérose latérale amyotrophique (SLA). « Nous sommes très motivés pour que notre approche brevetée entre en phase clinique et puisse répondre à un besoin qui reste insatisfait pour les patients. Nous sommes reconnaissants de l’aide que nous apportent l'Association SLA Suisse et Catalyze4Life dans ce parcours. »

La sclérose latérale amyotrophique (SLA), souvent appelée « maladie de Charcot » ou « maladie de Lou Gehrig », est une maladie neurodégénérative rare qui entraîne une faiblesse et une atrophie progressives des muscles, et qui conduit au décès du patient dans un délai de 3 à 5 ans. Si les causes exactes de la maladie ne sont toujours pas élucidées, nous savons néanmoins qu'elle implique un ensemble complexe de facteurs qui affectent différentes voies moléculaires le long de l’axe neuromoteur (cerveau-moelle épinière-muscles).

L’Agence européenne du médicament (EMA) accorde l'appellation de médicament orphelin aux médicaments qui peuvent être utilisés pour le diagnostic, la prévention ou le traitement d’une maladie rare qui ne touche pas plus de cinq personnes sur 10 000 dans l’Union européenne et qui menace le pronostic vital du patient ou entraîne chez lui une invalidité chronique.

Ce nouveau médicament pour le traitement de la SLA a été développé par des scientifiques du laboratoire de Patrick Aebischer à l’EPFL. Il s'agit d'un vecteur viral, outil de plus en plus souvent utilisé par les biologistes et les cliniciens pour modifier les caractéristiques génétiques des cellules. Les vecteurs viraux sont dérivés de virus dont les gènes qui sont essentiels à la réplication sont prélevés et remplacés par des gènes thérapeutiques. Le virus modifié peut alors transmettre en toute sécurité des informations génétiques aux cellules hôtes, et être ainsi utilisé pour la thérapie génique.

Le vecteur viral développé par Bernard Schneider et son équipe est un virus adéno-associé qui a été modifié pour produire une courte molécule d’ARN (micro-ARN) appartenant à une classe de petites molécules qui bloquent l’expression de gènes.

Dans le vecteur viral développé par les scientifiques de l’EPFL, le micro-ARN perturbe la production de la superoxyde dismutase 1. De nombreuses études ont montré que cette enzyme intervient dans le développement et la progression de la SLA. Elle constitue l’une des cibles principales pour traiter la maladie.

Les mutations du gène de la superoxyde dismutase 1 représentent 20 % des formes de la SLA transmises génétiquement (« familiales »). À ce jour, les scientifiques ont identifié plus de 160 mutations qui transforment cette enzyme en une molécule toxique dont l’activité provoque la dégénérescence des motoneurones, cellules qui transmettent les impulsions de la moelle épinière aux muscles pour induire le mouvement musculaire.

L’idée derrière ce médicament est que le vecteur viral peut être utilisé pour apporter le micro-ARN bloqueur de l’enzyme aux motoneurones et aussi aux astrocytes, une classe de cellules cérébrales qui est connue pour sa fonction de support des neurones mais qui peut aussi contribuer à la mort des motoneurones dans la SLA. S’appuyant sur des études antérieures, les scientifiques pensent qu’en bloquant l’expression de la superoxyde dismutase 1 dans ces deux types de cellules, le médicament peut normalement ralentir, voire supprimer les effets dégénératifs de la SLA.

Le processus d'attribution de l'appellation de médicament orphelin a bénéficié du soutien de l'Association SLA Suisse et de la Fondation Remedys. Son organisation a été assurée par le programme Catalyze4Life, initiative pour l’innovation de la Faculté des Sciences de la Vie de l’EPFL, en association avec l’Office de transfert de technologies (TTO) de l’EPFL.

« Réduire très vite l'écart entre le financement et le développement d'un traitement potentiel, avant même qu'il n’entre en phase clinique, est un réel défi », souligne le Professeur Bart Deplancke, qui dirige le comité scientifique de Catalyze4Life. « Catalyze4Life a été déterminant pour configurer un écosystème de développement solide pour ce projet en réunissant les bons groupes de patients, cliniciens et experts en développement. Il s'agit là d'un exemple des projets que nous soutenons en ce moment pour que la société puisse assumer sa lourde responsabilité de répondre aux besoins des patients. Nous sommes actuellement à la recherche de partenaires souhaitant se joindre à nous dans cet effort. »