Un drone agricole au regard perçant

© Alain Herzog 2016

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Gamaya, une spin-off de l’EPFL qui commercialise un système de drone pour la surveillance des cultures, vient de lever 3,2 millions de francs. En utilisant une caméra hyperspectrale miniature et l’intelligence artificielle, elle permet aux agriculteurs d’estimer les besoins de leurs plantations de manière extrêmement précise. Engrais, pesticides et autres traitements peuvent ainsi être administrés avec parcimonie.


Type de graine, stade de la croissance, taux d’hydratation, parasites ou maladies sont quelques-unes des informations mises en évidence par le système. Grâce à une caméra hyperspectrale miniature fixée sous un drone, la start-up Gamaya a développé un système capable de surveiller l’état des cultures de manière aérienne et automatisée. Ces prises de vues permettent de limiter l’épandage des herbicides, de pesticides ou d’engrais aux zones qui en ont besoin et ainsi, de faire des économies.

Cette spin-off de l’EPFL vient de lever 3,2 millions de francs qui incluent la Fondation Sandoz, Peter Brabeck-Letmathe, Seed4Equity ainsi que la société de capital risque suisse IV Partners. Elle a par ailleurs reçu le prix W.A. de Vigier doté de 100'000 francs jeudi dernier.

La «signature spectrale» des plantes est enregistrée

Les caméras hyperspectrales permettent d’élargir le spectre des couleurs capturées en enregistrant toutes les longueurs d’onde de la lumière: du visible à l’infrarouge. Or chaque type de plantes possède une «signature spectrale» qui varie selon son stade de développement et les conditions environnementales. Un manque d’eau ou de nutriments altère l’état physiologique des plantes, modifiant également la manière dont elles réfléchissent la lumière. Ainsi, une plante en état de stress aura une signature spectrale différente des plantes en bonne santé. Une large palette de caractéristiques ont été répertoriées dans des bases de données.

Les différentes nuances du spectre détectées lors des prises de vues aériennes sont passées à la moulinette d’un logiciel également développé par l’entreprise pour les associer à des couleurs du spectre humain. A chaque problème sa teinte: l’agriculteur peut ainsi observer ses cultures en détail depuis son ordinateur. Le système donne également des conseils comme la quantité optimale de fertilisant à utiliser ou des prévisions comme le volume des récoltes.

Un système idéal pour les vastes cultures d’Amérique du Sud

Simple d’utilisation puisqu’il suffit de savoir piloter l’engin, le système est désormais accessible pour les plantations de soja, de maïs et de cane à sucre. «Avec un marché potentiel de 5 milliards de dollars, c’est en Amérique latine que nous visons nos premiers clients», explique Yosef Akhtman, CEO de la start-up. Les vastes cultures qui s’y étendent sont le terrain propice aux variations. Le système a d’ailleurs déjà été testé avec succès par des agriculteurs au Brésil.

D’après l’entreprise, sa solution permettrait aux agriculteurs d’augmenter leur récolte et de faire diminuer les coûts ainsi que les risques liés aux maladies. «Elle laisse envisager une augmentation du bénéfice jusqu’à 30% en permettant aux exploitants de réagir vite et avec parcimonie», estime Yosef Akhtman, dont l’entreprise, fondée l’année passée, est reconnue par Forbes et Business Insider comme l’une des douze jeunes entreprises les plus prometteuses dans le domaine des technologies liées à l’agriculture. «Ce système est aussi une manière d’augmenter l’efficience dans le traitement des cultures pour faire face au principal futur défi de l’agriculture: l'humanité devra produire d’ici 2050 autant de denrées alimentaires qu’au cours des 10'000 dernières années», poursuit-il. À cette date, la population mondiale est estimée aux alentours de 10 milliards d’individus.



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© 2016 Alain Herzog
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