Récupérer d'un AVC grâce à la réalité virtuelle

© 2013 Alain Herzog

© 2013 Alain Herzog

Un appareil utilisant la neuroplasticité pour la rééducation des personnes victimes d’un accident vasculaire cérébral est en train de conquérir les hôpitaux. Il est notamment testé par le CHUV et bientôt au Stanford Stroke Center aux Etats-Unis. La start-up qui le développe, MindMaze, vient d’obtenir 500’000 francs et va boucler un important tour de financement au premier trimestre 2014.


Le dispositif développé par Mindmaze, spin-off du Laboratoire de neurosciences cognitives, est le premier appareil à permettre une rééducation et un suivi personnalisés des personnes touchées par un accident vasculaire cérébral grâce à des exercices ludiques et stimulants. Le patient peut s’exercer seul, marquer des pauses de récupération et reprendre, autant de fois que nécessaire. Il est aujourd’hui communément admis que deux à trois heures d’entraînement par jour assurent une meilleure récupération. Ce coach appelé MindplayPRO permet au personnel soignant de s’occuper efficacement de plusieurs malades en même temps. La start-up vient d’obtenir un second investissement de Business Angels d’un demi-million, après les 2,7 millions récoltés en 2012. Il est également en passe de boucler un important tour de financement.

Placé au chevet du patient, le système est doté d’une petite caméra qui filme le patient et de deux écrans sur bras articulés. L’un comprend une unité de traitement qui permet de programmer la machine et d’obtenir des données sur l’évolution du patient. Sur l’autre apparaissent l’avatar en 3D du patient, de dos, et l’exercice à effectuer - par exemple, toucher une cible au moyen d’un rayon de couleur. La précision requise peut être adaptée selon les difficultés que rencontre le patient. Comme pour les jeux vidéo, si la tâche est accomplie avec succès, des points sont engrangés. Pour pousser plus loin l’aspect ludique et l’assiduité à l’entraînement, de nouveaux exercices sont en phase de développement. Les résultats enregistrés permettent au corps médical et au patient de suivre les progrès et d’adapter les tâches.

La répétition est importante car il s'agit d'un véritable réapprentissage, la diversité l’est également. Car la maîtrise d'un geste n'assure pas que tous les gestes en seront facilités. L’appareil, testé au CHUV durant deux ans, est maintenant commercialisé. Fin octobre, Tej Tadi, fondateur et patron de MindMaze, s’est rendu au Stanford stroke center, l’un des deux grands centres de recherche en la matière au monde, où un premier appareil entrera en fonction dès 2014. La collaboration entre l’institution et la start-up suisse devrait se renforcer dès le début de l’année prochaine.

Pour les patients les plus touchés, une fonction de l’appareil permet de faire croire au cerveau que le membre immobile travaille. Cela permet de réactiver les premières connections neuronales. Observer la scène censée nous représenter suffit à réactiver peu à peu certaines zones du cerveau proches de celles atteintes. Lorsque le patient bouge son bras droit valide, l’ordinateur lui montre par exemple le gauche, qui est en réalité immobile, en train d’effectuer le même mouvement. Cela active une région du cortex, connexe à celle qui a été endommagée, qui prend peu à peu le relais. Les exercices peuvent être ensuite effectués plus facilement avec le membre invalide.

Chaque année 16’000 personnes en Suisse et 15 millions dans le monde sont touchées par un accident vasculaire cérébral. «Nous avons commencé par proposer un appareil ciblant la réhabilitation des bras car c’est le principal handicap pour 75 % des patients ayant fait face à un AVC», souligne Tej Tadi qui a mis au point cette technologie durant son doctorat.