Pierre Magistretti remporte le prix IPSEN de la plasticité neuronale
Pierre Magistretti, professeur au Brain Mind Institute de l'EPFL, a été récompensé par le prestigieux «IPSEN Neuronal Plasticity Prize» 2016.
La Fondation IPSEN a été créée en 1983. Sa mission est de valoriser les progrès fondamentaux et d'identifier les nouveaux paradigmes. En particulier, IPSEN se concentre sur des connaissances interdisciplinaires.
Le Prix de la Plasticité Neuronale, décerné chaque année depuis 1990, récompense les contributions exceptionnelles dans le domaine de la plasticité neuronale, y compris le développement, la synaptogenèse, le vieillissement, la régénération ou la cognition. Au fil des années, le prix a été décerné à des scientifiques internationaux de premier plan comme Torsten Wiesel, Jean-Pierre Changeux, Antonio Damasio, Fred Gage ou Alim Benabid.
Le Prix de la Plasticité Neuronale 2016 est décerné conjointement au Professeur Pierre Magistretti, et à deux scientifiques de renommée mondiale, le professeur David Altwell du University College London, et le professeur Marcus Raichle de la Washington University School of Medicine, pour leurs découvertes dans le domaine de la neuroénergétique.
Les recherches du professeur Magistretti se concentrent sur les mécanismes cellulaires et moléculaires du métabolisme énergétique du cerveau. Son laboratoire a identifié comment l'activité neuronale est couplée à la fourniture d'énergie aux neurones actifs. En particulier, il a mis en évidence le rôle des astrocytes (un type de cellules gliales) dans ce couplage. Ces derniers peuvent détecter l'activité synaptique modulée par le glutamate, et fournir des substrats énergétiques pour répondre aux besoins des neurones. Ce travail a notamment un impact significatif sur l'imagerie cérébrale fonctionnelle : il fournit une base cellulaire et moléculaire pour comprendre et interpréter les signaux détectés par cette technologie.
Un autre aspect du travail de Pierre Magistretti concerne les liens entre l'activité neuronale et la plasticité synaptique sur de longues périodes – un phénomène que l'on pense être à l'origine de l’apprentissage et de la mémoire. Son laboratoire est actif dans le domaine de la «plasticité métabolique», où les cellules gliales adaptent leur métabolisme en fonction des changements fonctionnels et structurels de la plasticité synaptique. Pierre Magistretti a caractérisé le phénomène peu connu du métabolisme énergétique régulé par les neurotransmetteurs, par exemple la mobilisation du glycogène dans les astrocytes, déclenchée par l'activité neuronale. Il a décrit le rôle du lactate – lui-même dérivé du glycogène - dans la plasticité neuronale et la mémoire.
Pierre Magistretti dirige aussi un laboratoire à la King Abdullah University of Science and Technology (KAUST). Au début de 2015 le groupe, en collaboration avec son laboratoire de l'EPFL, a publié un article fondamental dans PLoS Computational Biology décrivant le premier modèle informatique de couplage métabolique entre les neurones et les cellules gliales. Un modèle désormais intégré aux travaux de modélisation du cerveau menés par le Blue Brain Project à l'EPFL.
Le Prix de la Plasticité Neuronale est doté de 60.000 €. Il sera décerné à Copenhague le 5 Juillet 2016, pendant le 10ème Forum de la Fédération des sociétés européennes de neurosciences. Les récipiendaires donneront à cette occasion une conférence de 35 minutes sur leur domaine de recherche.