Paléo: le Plan Pluie n'a pas douché le bonheur des festivaliers
En 2014, la météo a contraint les organisateurs à fermer les parkings trop boueux. Les amateurs de concerts se sont rabattus sur les transports publics et le covoiturage entre amis, sans bouder leur plaisir.
Ceux qui sont allés au Paléo Festival l’an dernier s’en souviennent: la gadoue, la gadoue partout. Le ciel a déversé des trombes d’eau avant et pendant le Festival, rendant impraticables les parkings sous peine de rester embourbé. Les organisateurs ont dû déclencher le «Plan Pluie», fermant les parkings et invitant les festivaliers à trouver d’autres moyens de locomotion que la voiture. La pluie a-t-elle gâché la fête? Pas du tout, montre l’enquête des sociologues de l’EPFL. A l’aller comme au retour, respectivement 89% et 85% des festivaliers se déclarent satisfaits ou très satisfaits de l’accès au site de concerts. C’est très légèrement moins que 2 ans plus tôt (90% et 87%). Mais la cause pourrait se trouver du côté de Stromae plutôt que de la météo! Embouteillage quand tu nous coinces!
La boue a poussé le sens de l’organisation des festivaliers. Et fait chuter le nombre de conducteurs. Alors qu’un gros tiers des fans étaient venus au volant de leur voiture en 2012, ils étaient un peu plus d’un sur cinq en 2014. Les deux années, environ 20% sont venus en voiture en tant que passager.
Il y a eu un report sur les transports collectifs: 36% les ont empruntés exclusivement en 2014, contre 29% en 2012. «L’abandon de la voiture ne se fait pas uniquement au profit des transports publics, souligne Emmanuel Ravalet, un des auteurs de l’étude, chercheur au Laboratoire de sociologie urbaine (LaSUR). Les festivaliers ont aussi davantage combiné les modes voiture-transports collectifs». Dans l’ensemble, une personne sur 10 a changé de mode de transport à cause du Plan Pluie.
Mandaté par le Paléo Festival Nyon, le LaSUR a réalisé en 2012 une première enquête, coordonnée par le Centre de Transport de l’EPFL, sur les conditions d’accès au site. Ces chiffres ont permis de mesurer les effets du Plan Pluie, toujours à la demande de l’organisateur nyonnais, et compter sur un panel représentatif de 500 personnes, interrogées en 2012 et en 2014.
Un public fidèle qui vient entre amis
Contraints par la météo, les festivaliers ont révélé des capacités d’organisation insoupçonnées et, de surcroit, en dernière minute. La fermeture des parkings étant annoncée la veille, parmi ceux qui ont décidé de changer leur mode de transport, 7 sur 10 l’ont fait le jour même. Cette flexibilité peut s’expliquer par deux facteurs, relève le chercheur: l’essentiel des festivaliers vient des cantons de Vaud et Genève; le Paléo Festival Nyon attire un public très fidèle - seul 13% des festivaliers y venaient pour la première fois. En d’autres termes, les amateurs de Paléo se connaissent et s’arrangent entre eux quand il le faut.
«Il existe donc une marge de manœuvre pour un certain report modal, résume Emmanuel Ravalet. Toutefois, elle se trouve davantage dans le co-voiturage, formel, et surtout informel, que dans les transports collectifs». Parmi les points qui ont déplu, près de 30% des insatisfaits mentionnent des transports publics trop pleins alors qu’un peu moins de 10% relèvent les problèmes de stationnement. «On pourrait imaginer des mesures incitatives pour favoriser le co-voiturage, telles que des parkings à proximité de l’entrée réservés aux véhicules présentant un taux d’occupation élevé», propose le chercheur.
Effet Stromae
Si le Plan Pluie n’a pas affecté le bonheur des festivaliers, le point noir de l’édition 2014 est à chercher ce mercredi 23 juillet. Ou plutôt, le 24 aux premières heures, lorsque s’est terminé le show de l’artiste belge Stromae. Les 40 000 personnes, restées jusqu’aux dernières notes, n’ont pas toutes regagné leurs pénates sans encombres. 20% ont mis entre une et plus de deux heures à sortir du parking alors que les autres jours ce temps dépasse très rarement 30 minutes. Les embouteillages ont gâché la fin de nuit de 26% des conducteurs. Beaucoup plus que les transports publics bondés qui n’ont rendu insatisfaits que 6% des usagers.