«On réfléchit à décliner les escape games sous d'autres formes»

Romane Cornali © 2024 EPFL

Romane Cornali © 2024 EPFL

Passionnée par les jeux d’énigmes, l’étudiante en maths Romane Cornali a fondé l’association EscapEPFL. Elle a choisi le Collège du management de la technologie pour se former à l’entrepreneuriat afin de développer un jeu dérivé qui muscle les neurones de ses proches.

Romane Cornali a hésité entre suivre un apprentissage de libraire ou intégrer une haute école de tourisme. Mais elle a finalement choisi d’étudier les maths à l’EPFL, une autre de ses passions, transmise dès son plus jeune âge par son papa architecte, féru de résolutions de problèmes mathématiques. Pour cette jeune femme de 24 ans qui reconnaît «s’ennuyer rapidement», additionner la somme de ses intérêts variés – imagination, organisation et logique – l’a conduite à cofonder en 2021 l’association EscapEPFL, spécialisée dans la création d’escape games, jeux de pistes et autres formes d’énigmes.

Mais avant d’en faire profiter la communauté estudiantine, Romane Cornali a commencé toute seule dans sa chambre pendant les vacances scolaires. L’étudiante, aujourd’hui en deuxième année de Master en maths, a imaginé le scénario d’un escape game pour fêter ses 20 ans avec ses proches. Le fil rouge ? Partir sur les traces d’un scientifique enlevé depuis qu’il avait trouvé une formule pour résoudre la problématique du réchauffement climatique. Le jeu fait travailler les méninges de ses invitées et invités pendant 45 min et ils et elles en redemandent. Cette première expérience ouvrira la voie à de nouvelles idées.

Elève douée au gymnase, Romane Cornali déchante pendant le premier semestre de son Bachelor en maths. La manière de travailler est différente, exigeante et très rigoureuse. Mais elle s’accroche, car la stimulation intellectuelle que lui procure l’étude des maths abstraites prend progressivement le dessus. «J’aime cette discipline. Cela me permet de me déconnecter de la réalité, car je suis hyper concentrée. Si on persévère jusqu’au bout du processus, on va arriver, quoiqu’il arrive, à une solution. Dans ce domaine, il n’y a pas de place pour l’interprétation, c’est noir ou blanc», explique-t-elle. En parallèle, elle nourrit son imaginaire en dévorant des romans historiques, des polars et autres fictions et fait profiter ses collègues de classe de son talent d’organisatrice en s’investissant dans la préparation du voyage de fin de Bachelor.

Cachettes dans un cube

Pendant le Covid et le semi-confinement, la jeune femme décide de prendre un semestre de pause. Mais il lui faut un nouveau projet. Alors, pourquoi ne pas détourner le concept de l’escape game ? «J’ai créé un cube rempli de petits compartiments et de portes avec des serrures. Le but était de réussir à résoudre des énigmes pour ouvrir toutes ces cachettes afin de trouver un trésor caché à l’intérieur. Je l’ai construit avec les outils de modélisme de mon père et j’ai utilisé des chutes de bois comme matière première.» A nouveau, ses amis et amies testent son jeu qui les occupe pendant plus d’une heure. Ils et elles sont tellement enthousiastes que Romane Cornali se demande si elle ne pourrait pas le commercialiser. Pour cela, elle réalise qu’elle doit en apprendre plus sur l’entrepreneuriat. «J’avais comme objectif d’en faire profiter un maximum de gens, de pouvoir le louer, ou encore d’en créer d’autres. Je n’avais pas de notion de management, ni personne dans ma famille. C’est pourquoi j’ai choisi d’orienter mon Master dans ce sens, en optant pour un mineur en Management, technologie et entrepreneuriat (MTE).»

J’ai rapidement vu comment la théorie pourrait être mise en pratique. J’ai d’autant plus appris que mon jeu est devenu un projet de groupe. Le retour des professeurs était intéressant, en particulier les notions de propriétés intellectuelles afin de protéger mon travail.

Romane Cornali, étudiante en MTE

Cette formation au sein du Collège du management de la technologie (CDM) intègre toute une palette de connaissances utiles pour son nouveau défi: durabilité, gestion de projets, principes d’économie de base ou encore droits des affaires ou création de start-up. «J’ai rapidement vu comment la théorie pourrait être mise en pratique. J’ai d’autant plus appris que mon jeu est devenu un projet de groupe. Le retour des professeurs était intéressant, en particulier les notions de propriétés intellectuelles afin de protéger mon travail.»

Forte de sa première expérience de construction, elle repart avec un deuxième prototype amélioré qu’elle fabrique au sein du Student Kreativity and Innovation Laboratory (SKIL) situé sur le campus. Quant à la création de l’association EscapEPFL, elle l’a finalisée en 2022, mais l’idée était déjà en gestation bien avant le Covid. «C’est parti d’une blague avec un ami. On trouvait dommage qu’il n’existe pas d’associations dédiées aux escape games sur le campus. Alors, pourquoi ne pas créer la nôtre?», dit-elle avec un grand sourire. Leur premier jeu grandeur nature s’est déroulé dans les abris de la protection civile situés sous l’esplanade de l’EPFL. L’équipe l’a préparé pendant six mois et il a été proposé deux fois en avril et en octobre 2023. Un succès de fréquentation, mais beaucoup de travail. Désormais, Romane Cornali a rendu sa casquette de présidente et reste active comme bénévole. «On réfléchit à décliner le concept sous d’autres formes. On a imaginé, par exemple, un calendrier de l’Avent avec chaque jour une énigme à résoudre en ligne sur notre compte Instagram. L’association s’est élargie à tout ce qui est lié aux jeux d’énigmes», précise-t-elle, avec déjà plein de scénarios en tête pour l’avenir.