Nouveau modèle pour l'étude de la maladie de Parkinson

Des chercheurs suisses ont mis au point un nouveau modèle destiné à lutter contre les causes génétiques de la maladie de Parkinson.

De plus en plus d’indices tendent à montrer que les facteurs génétiques jouent un rôle important dans de nombreux cas de maladie de Parkinson (MP). Dans une étude en ligne publiée le 2 février 2011 par le Journal of Neuroscience, des chercheurs de l’Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) présentent un nouveau modèle animal pour l’étude d’une mutation génétique spécifique que l’on rencontre fréquemment chez les personnes souffrant de MP. Cette avancée ouvre la voie à la mise au point de médicaments innovants qui faciliteront la lutte contre cette maladie.

«Notre travail permettra de faire un grand pas en avant pour mieux comprendre comment fonctionne cette maladie, ainsi que la manière dont elle peut être diagnostiquée et traitée», explique l’auteur principal de l’étude, Patrick Aebischer, neuroscientifique et président de l’EPFL.

La MP est une maladie neurodégénérative courante qui porte sensiblement atteinte à la qualité de la vie de l’être humain et coûte quelque 23 milliards de dollars par an au système de santé américain. Jusqu’ici, les chercheurs avaient du mal à reproduire la pathologie parkinsonienne chez les animaux en raison d’une compréhension incomplète de la maladie.

Récemment, il est apparu qu’une mutation du gène codant pour la LRRK2, une enzyme cérébrale de grande taille, était la cause génétique prévalente de la MP (les facteurs génétiques sont impliqués dans environ 10 pour cent des cas de la maladie). En cas de mutation, cette enzyme devient hyperactive et entraîne la mort de neurones vulnérables, ce qui diminue le niveau de dopamine, un neurotransmetteur du cerveau. Cette baisse de la dopamine finit par déclencher les symptômes caractéristiques de la MP, tels que les tremblements, l’instabilité, les troubles de mouvement et, à terme, la démence.

Grâce à un financement de la Fondation Michael J. Fox pour la recherche sur la maladie de Parkinson, Patrick Aebischer et son équipe du Laboratoire d’études sur la neurodégénérescence de l’EPFL ont réussi à introduire l’enzyme LRRK2 mutée dans l’hémisphère cérébral d’un rat et à provoquer, d’un côté de son corps, les mêmes manifestations parkinsoniennes que celles survenant chez l’être humain. Pour obtenir ce résultat, les chercheurs ont passé deux années à produire, puis à optimiser un vecteur viral permettant de transporter, vers le cerveau du rongeur, l’ADN codant de l’enzyme mutée. Etant donné la complexité et la taille de la LRRK2, la conception d’un vecteur capable de transporter son code génétique extrêmement long n’a pas été une mince affaire.

Le nouveau modèle mammalien élaboré par l’EPFL ne manquera pas de profiter à la recherche future sur la MP. Le fait que la LRRK2 soit une enzyme – une protéine catalytique impliquée dans des réactions chimiques – la rend accessible aux médicaments et donc particulièrement intéressante pour les chercheurs qui tentent d’identifier des stratégies neuroprotectrices ou des traitements pharmaceutiques capables de ralentir, voire d’interrompre la progression de la maladie en protégeant les neurones vulnérables. Armés du modèle LRRK2, de nouveaux produits pharmaceutiques inhibant l’hyperactivité de l’enzyme pourraient un jour prévenir la chaîne d’événements destructrice qui aboutit à la neurodégénérescence et aux ravages que subissent de nombreux patients atteints de MP.

Crédit Image: Georges Abou-Jaoude / EPFL


Auteur: Michael David Mitchell

Source: EPFL