Marilyne Andersen sera la nouvelle doyenne de l'ENAC

© 2013 Alain Herzog

© 2013 Alain Herzog

Marilyne Andersen incarne, à sa façon, l’esprit pluridisciplinaire de la Faculté puisque son travail s’est développé en reliant des compétences telles que la physique, l’ingénierie, l’architecture, l’informatique et plusieurs domaines de la santé. En tant que doyenne, la chercheuse espère renforcer les synergies dans la faculté tout en soutenant la recherche de pointe.

Marilyne Andersen est professeure associée en technologies durables de la construction à la Faculté ENAC. Elle dirige le Laboratoire interdisciplinaire de performance intégrée au projet (LIPID) qu'elle a lancé en automne 2010. Ses recherches portent sur la performance des bâtiments dans le contexte architectural en général et plus particulièrement sur l'utilisation et l'optimisation de la lumière naturelle dans les bâtiments. Nous l’avons interviewée à quelques mois de sa prise de fonction, en septembre prochain.

Qu’est-ce qui vous a décidé à prendre la tête de la Faculté ?

Pour moi, l’ENAC présente déjà aujourd’hui une configuration unique. Très peu d’universités dans le monde offrent cette opportunité, comme le fait l’EPFL, de créer des liens forts entre l’architecture, l’ingénierie civile et environnementale et l’aménagement du territoire. Les idées sont à explorer sur plusieurs niveaux que cela soit dans la recherche, l’éducation, l’innovation et la valorisation, même au niveau de la reconnaissance académique. Je crois qu’il faut jouer cette carte et la renforcer.

Quelles sont les interactions que vous entrevoyez entre architecture, ingénierie civile, environnement ou aménagement du territoire ?
Il y a des laboratoires qui travaillent déjà à l’interface entre plusieurs domaines de compétences, je pense notamment à l’Ibois - Laboratoire de construction en bois -, le LMS – Laboratoire de mécanique des sols – ou aux laboratoires de l’INTER - l'Institut de l'urbain et des territoires – qui, avec d’autres, marient plusieurs disciplines. Pour compléter cette approche, il faudrait aussi encourager des matières très disciplinaires à collaborer sur des questions nouvelles, qui seraient pertinentes pour chacune, mais en partant d’une perspective très différente, de manière à l’enrichir par de nouveaux horizons d’investigation.

Prenez l’architecture et l’ingénierie environnementale, ce sont deux domaines qui semblent très éloignés et pourtant il y a beaucoup de connexions possibles. On le sait, le bâtiment réagit avec son climat. Comment appréhender les effets sur le bâtiment des différents scénarios de changements climatiques? L’impact de l’environnement construit sur son environnement naturel et vice-versa – des grandes infrastructures de génie civil aux implantations localisées dans les régions extrêmes – soulève des questions pointues qui nécessitent de pousser les limites de chaque domaine plus loin. Le potentiel de synergies est énorme.

Que peut-on mettre en place afin d’optimiser les connexions entre les différentes compétences ?
Mes prédécesseurs, Laurent Vulliet et Marc Parlange, ont réussi à créer un « esprit ENAC ». Je veux renforcer cet esprit de curiosité scientifique dans des projets concrets qui permettront aux différents laboratoires de pousser leurs recherches encore plus loin.
J’ai envie de développer un socle commun, sans diluer les compétences, afin de garder l’identité de chaque domaine. J’aimerais qu’à terme on puisse faire de la recherche de pointe tout en tirant le meilleur parti possible du potentiel qu’offrent les collaborations interdisciplinaires. Du point de vue de l’enseignement, on peut aussi imaginer un projet pédagogique qui célébrerait le processus de co-création, dont la force serait précisément dans la capacité à reconnaître la valeur de mettre les savoirs en commun. J’aime cette idée de regarder ce que l’autre fait pour avancer dans ce que l’on fait soi-même, qui est en l’occurrence la base même du processus de recherche scientifique.

Est-ce facile de créer des ponts, de travailler ensemble ?

C’est pour moi un élément d’enrichissement essentiel. Je vis quotidiennement, dans ma recherche, le potentiel de lier des domaines qui ne sont pas les plus proches, et cela depuis toujours. Je travaillais déjà à cheval entre la physique du bâtiment et l’optique pour mon diplôme et ensuite pour mon PHD. Plus tard au MIT, je me suis rapprochée de l’architecture. Aujourd’hui, dans mon laboratoire, j’ai intégré ces matières et j’en ai ajouté d’autres comme l’informatique pour l’aide à la décision basée sur la simulation. Mon domaine de prédilection étant la lumière, j’ai aussi créé des liens avec la photobiologie et des spécialistes de la vision. Créer des ponts sans forcément partager le même langage au départ n’est pas facile, mais c’est passionnant.

Quelles sont vos priorités en tant que nouvelle doyenne ?
Ma priorité sera de développer rapidement une carte des compétences existantes et désirées de l’ENAC, de manière à renforcer son identité en la voyant comme un ensemble. Pour cela je vais m’appuyer sur l’expérience et l’analyse de mes collègues en ENAC ainsi que sur la recherche d’indicateurs objectifs – liés notamment aux publications et aux financements par exemple – qui nous permettraient de comprendre comment se font les connexions au sein de l’ENAC et avec les différents laboratoires de l’EPFL, mais aussi quels sont les liens de recherche qui nous unissent au reste du monde. Ce mapping de la faculté nous permettra de cibler les projets prioritaires et proposer de nouvelles synergies inédites.