Lutter contre la contrefaçon grâce à des QR code

© 2015 Alain Herzog

© 2015 Alain Herzog

Des QR codes sécurisés, mis au point par la start-up Scantrust, permettent d’authentifier et localiser les marchandises grâce à une application pour smartphone. Cette entreprise, basée au parc d’innovation de l’EPFL, a mis au point une solution pour lutter contre la contrefaçon basée sur la perte de qualité générée par toute impression. Elle vient de lever 1,2 million de francs.

Quelque 36 millions de contrefaçons de toutes sortes ont été saisies par les autorités douanières européennes en 2013 d’après la commission européenne de la fiscalité et l’union douanière. Le marché des produits contrefaits ou piratés représentait plusieurs centaines de milliards de dollards en 2008 selon la Chambre de Commerce Internationale. Quelques chiffres qui témoignent de l’ampleur du phénomène, facilité par les ventes sur internet et l’accès aisé aux technologies de production. Pour lutter contre les copies illégales, les entreprises mettent en place différentes stratégies dont la possibilité d’authentifier leurs produits. L’idéal étant de pouvoir le faire tout au long de la chaîne, du producteur au consommateur, en passant par les transporteurs et les douanes.

Le système mis au point par Scantrust repose sur un QR code spécial: son centre une composition unique de plusieurs milliers de pixels. A ce niveau de précision, toute tentative de copie provoque une perte conséquente d’information. La dégradation irréversible de l’image originale est causée par l'encre migrant dans le papier de manière aléatoire. «Les contrefaçons peuvent ainsi être différenciées des impressions originales : elles ont perdu une partie de l'information des structures complexes», explique Justin Picard, CEO de cette entreprise qui collabore avec plusieurs laboratoires de l’EPFL.

L’authentification de ces codes, qui peuvent être apposés sur toutes sortes de supports, nécessite une application pour smartphone, également dévelopée par l’entreprise. Elle se fait de manière automatique par un algorithme qui recherche les différences entre originaux et copies. Le résultat apparaît à l’écran en quelques secondes. Ces cryptogrammes ne nécessitent pas de technologie complexe pour être contrôlés. Ils ont donc l’avantage de pouvoir être utilisés aussi bien par le fabricant, les transporteurs, les douanes, les magasins que le client final. Une plateforme permet aux marques de gérer, produire et analyser les codes, et ainsi protéger leurs produits de manière autonome pour un coût minime.

S’inscrivant dans la nouvelle génération des systèmes de sécurité, les codes générés par la start-up, permettent également la traçabilité des produits: ils sont liés avec un numéro et enregistrés sur une plateforme. Lorsqu'un responsable logistique, un douanier ou un consommateur scanne un produit, l’information contenue dans le QR code, incluant la géolocalisation, est directement envoyée au système. Le distributeur ou le producteur peut donc suivre ses produits à travers la chaîne logistique.

«De multiples solutions pour réperer les copies frauduleuses existent, mais aucune n’est encore satisfaisante. Les plus efficaces sont chères et nécessitent des appareils spécifiques pour le contrôle», explique Justin Picard. S’appuyant sur de nombreuses années de travail dans la lutte contre la contrefaçon, reconnu comme expert dans le domaine par l’OCDE et le World Economie Forum, le patron de Scantrust est revenu en 2013, sur le campus où il a fait un post-doctorat, pour y créer son entreprise. Son bras droit, Nathan Anderson développe les relations commerciales depuis la Chine.

L’entreprise a le vent en poupe. Elle vient de lever 1,2 million de francs auprès d’investisseurs emmenés par AngelVest Group et SOS Ventures avec la participation de partenaires stratégiques dans l’industrie du packaging et de business angels. Son système pourrait débarquer d’ici peu dans les magasins puisqu’elle vient également de signer un contrat avec de grandes entreprises d’imprimerie d’étiquettes.