Les robots domestiques font leur entrée dans les ménages
Les robots sont-ils les bienvenus dans les foyers ? Une étude ethnographique menée à l’EPFL trace des pistes intéressantes. Dans les cas des aspirateurs automatiques, seul un ménage sur trois semble convaincu. Les raisons des autres serviront au développement des appareils de demain.
Verra-t-on beaucoup de ces gadgets, cette année, sous les sapins des familles ? Par la petite porte, les robots-aspirateurs sont en train de faire pénétrer la cybernétique dans le quotidien de Monsieur et Madame tout-le-monde. Les aspirateurs automatiques sont en effet parmi les tout premiers dispositifs autonomes facilement accessibles au grand public.
Il n’en fallait pas plus pour que des scientifiques sautent sur l’occasion. Savoir dans quelle mesure les robots influenceront la vie quotidienne demain est en effet l’une des questions centrales du Centre national de compétences en recherche (NCCR) «Robotics», basé à l’EPFL.
Dans le courant de cette année, une équipe du CRAFT (Centre de recherche et d’appui pour la formation et ses technologies) a mis en place une étude qualitative portant sur ces robots ménagers. Neuf familles aux compositions diverses (jeunes, moins jeunes, avec ou sans enfants) se sont vu remettre au début du printemps un appareil de l’une des marques les plus présentes sur le marché. Nous avons rencontré ces familles avant qu’elles ne reçoivent le robot, et ensuite nous les avons suivies pendant six mois, dès leur premier contact avec l’appareil», explique Valérie Bauwens, ethnographe et coauteure de l’étude.
Des décisions rapides et irrévocables
Sept critères, d’importance variable, ont été élaborés pour pouvoir juger du degré d’adoption du robot par les familles. Des critères d’ordre pratique, mais aussi émotionnel. Eprouvées par cette première enquête de terrain qui a permis de mieux cerner leurs contours, ces conditions seront utiles aux ingénieurs qui sont en train de réfléchir aux robots domestiques de demain, à l’EPFL comme ailleurs.
Au final, seules 3 familles sur les 9 auront été séduites par l’aspirateur automatique. « Il était intéressant de constater que la décision d’abandonner ou non intervient très vite, soit au bout de deux semaines seulement, précise Valérie Bauwens. Nos robots avaient peu de temps pour convaincre!»
Parmi les éléments qui ont tendance à déplaire aux utilisateurs, les chercheurs relèvent entre autre le besoin d’apporter des modifications à la disposition d’un appartement pour que le robot puisse faire correctement son travail. Ou de changer certains comportements – notamment dans le fait de laisser des objets à terre, qui compromettent l’efficacité de l’engin. «Nous avons même observé un usager qui prenait soin de renverser sa table de salon sur son canapé pour laisser le passage au robot», relève Julia Fink, deuxième auteure.
Des enfants vite lassés
Les scientifiques se sont penchés aussi sur l’influence que pouvait avoir l’irruption de ces nouveaux «compagnons» dans l’écosystème familial. «Globalement, nous avons observé peu d’évolutions, reprend Valérie Bauwens. La mère de famille reste généralement en charge de l’organisation du ménage, même avec cet outil.» A noter toutefois que deux des sujets d’étude se sont un peu plus approprié l’outil, l’affublant d’un prénom ou lui parlant. Quant aux enfants, heureux et très excités au début par l’arrivée de ce nouveau jouet, les plus âgés n’ont pas tardé à montrer leur lassitude face à un appareil aux fonctions somme toute très limitées. «C’est un aspirateur, quoi!» finit par trancher l’un d’eux.
Le premier robot à franchir la porte des appartements essuie donc les plâtres. Ses successeurs pourront en profiter – à l’instar du «Ranger» en développement à l’EPFL: une boîte robotisée qui doit inciter les enfants à ranger leurs jouets en offrant une plus grande palette d’interactions, notamment par parole ou le mouvement de ses yeux. Quant aux aspirateurs, les revendeurs sauront certainement au milieu du mois de janvier, à la saison des retours, si les statistiques confirment ou non le résultat de l’étude qualitative…
La Télévision suisse romande consacrera son émission A Bon Entendeur du 10 janvier aux robots-aspirateurs. Elle évoquera la recherche menée à l'EPFL.